Législatives : soutien de Poutine, éditorialiste CNews, policier passé par la case prison... Ces candidats RN qui vont faire parler

Alors que les partis politiques dévoilent leurs candidats pour les élections législatives à venir, certains noms présentés par l'extrême droite posent question.

L'éditorialiste de CNews Guillaume Bigot sera candidat pour le RN lors des prochaines élections législatives. (Photo : Eric Fougere/Corbis via Getty Images)

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Rassemblement National (RN) ne mise pas sur des profils consensuels. Ces derniers jours, le parti arrivé en tête lors des dernières élections européennes s'affaire en vue des élections législatives anticipées, qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains.

Les candidats du RN sont ainsi dévoilés au compte-goutte par l'état-major du parti d'extrême droite. Parmi les noms qui ont d'ores et déjà annoncés, mais aussi ceux qui sont très fortement pressentis, figurent quelques personnalités aux accointances sulfureuses.

  • Guillaume Bigot, du petit écran à l'Assemblée nationale ?

L'un des noms les plus emblématiques lancés dans la campagne par le RN est celui du chroniqueur de CNews Guillaume Bigot, qui sera le candidat du RN dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort. Depuis quelques années déjà, ce journaliste et essayiste est un intervenant régulier sur la chaîne d'info de Vincent Bolloré, avec quelques polémiques à son actif. Guillaume Bigot avait notamment indigné la classe politique suite à une sortie sexiste, en qualifiant Sandrine Rousseau de “Greta Thunberg ménopausée”.

Formé à Sciences Po Paris, Guillaume Bigot a entretenu des liens étroits avec le monde politique tout au long de sa carrière professionnelle, à gauche comme à droite. Soutien de Jean-Pierre Chevènement en 2002, il est ensuite nommé par Charles Pasqua à la tête du Pôle universitaire De Vinci (établissement surnommé "Fac Pasqua").

Ces dernières années, il s'est cependant positionné de plus en plus à l'extrême droite, comme en témoignent ses éditoriaux et ses prises de paroles sur Sud Radio et CNews, ou dans la revue Front Populaire. Se réclamant du souverainisme, Bigot a même co-fondé en 2021 le parti politique France Souveraine, qu'il a dirigé jusqu'en novembre dernier.

  • Pierre Gentillet, "poutinophile" convaincu

Lui aussi habitué des plateaux de CNews ou de C8, où il est invité à s'exprimer sur des sujets géopolitiques, Pierre Gentillet sera le candidat du RN dans la 3e circonscription du Cher. Passé par l'UMP et le mouvement de la Droite Populaire, cet avocat est surtout depuis longtemps un fervent partisan de Vladimir Poutine, comme le prouve ce tweet publié en 2013.

Il s'était fait connaître médiatiquement en 2015, avec un texte censé défaire les idées reçues autour de "la Russie de Poutine". Il a ensuite travaillé pour la chaîne Russia Today, est devenu membre du bureau de l'association Dialogue franco-russe et a même fondé le Cercle Pouchkine dans le but de "fédérer les jeunes pousses des milieux économiques, politiques, culturels et associatifs pour un rapprochement France-Russie".

Ce groupe de réflexion a cessé ses activités en 2021 en raison de la guerre en Ukraine, mais cette dernière n'a en revanche pas vraiment empêché Pierre Gentillet de continuer de porter la parole poutinienne, notamment sur les antennes du groupe Bolloré, comme en témoigne la séquence ci-dessous, datant de 2022.

  • Sébastien Soulé, policier emprisonné, puis relaxé

D'après une information de Var Matin, le RN a décidé d'investir Sébastien Soulé dans la 1ère circonscription du Var. Peu connu du grand public, ce dernier est l’un des policiers ayant inspiré le film à succès Bac Nord, réalisé par Cédric Jimenez. Un long métrage qui avait d'ailleurs été acclamé, à l'époque de sa sortie en 2021, par les pontes du RN, à commencer par Marine Le Pen.

Soupçonné avec plusieurs collègues de corruption, racket, trafic de drogue et enrichissement personnel après que des sachets de cannabis furent retrouvés dans les faux plafonds et placards du commissariat où il exerçait, Sébastien Soulé a passé 4 jours en garde à vue et 69 jours en détention avant d'être finalement totalement relaxé par la justice.

  • Agnès Marion et les transfuges de Reconquête

Marqué par la grande coalition à gauche, ce début de campagne électorale donne également lieu à d'intenses guerres de pouvoir et de territoire à droite, mais aussi à l'extrême droite. Ainsi, après la défection de sa candidate aux européennes Marion Maréchal, qui a publiquement appelé à voter RN, le parti Reconquête d'Eric Zemmour semble au bord de l'implosion.

D'après le JDD, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen va en effet emmener avec elle quelques uns de ses proches, figurant parmi les forces vives de l'autre principal parti d'extrême droite. L'hebdomadaire annonce ainsi que les ex-Reconquête Agnès Marion (7e sur la liste européenne du parti), Thibaut Monnier (directeur général de l’Issep, l'école de science politique fondée par Marion Maréchal), Anne Sicard et Eddy Casterman se présenteront aux élections législatives sous la bannière RN.

  • Frédéric Boccaletti et Laure Lavalette, sortants à scandale

Parmi les 90 députés que comptait le groupe Rassemblement National à l'Assemblée nationale avant la dissolution, une grande majorité devrait être amenée à se présenter de nouveau pour les élections à venir. Parmi ces élus figurent toutefois certaines personnalités controversées, de par leur passé judiciaire ou leur positionnement idéologique.

Élu en 2022 dans la 7e circonscription du Var, Frédéric Boccaletti a d'ores et déjà annoncé qu'il serait de nouveau le candidat du RN cette année. Adhérent historique du FN (ancêtre du RN, qu'il a rejoint dans les années 1990), également passé par le MNR de Bruno Mégret, Boccaletti a notamment été condamné en 2000 à un an de prison dont six mois ferme pour "violence en réunion avec arme". Il a également tenu pendant quelques années une librairie d'extrême droite à Toulon. L'établissement a toutefois mis la clé sous la porte après des accusations de négationnisme.

Très présente sur les plateaux de télévision ces dernières années, et encore plus depuis dimanche dernier, la porte-parole du RN Laure Lavalette exerçait pour sa part la fonction de députée dans la 2e circonscription du Var et devrait en toute logique être candidate à sa propre succession. Elle aussi adhérente de longue date du Front National (depuis 1995), elle est notamment connue pour avoir milité contre le droit à l'avortement. En 2014, alors candidate aux municipales à Toulon, Laure Lavalette avait ainsi soutenu la démarche de l'association "Choisir la vie", qui appelait les élus municipaux à signer "des engagements fondamentaux" pour "le respect de la vie".