L’avenir d’Elisabeth Borne entre les mains des électeurs de gauche

« Alors ? Vous pensez que ça va le faire ? C’est ric rac non ? », un petit groupe de retraités entoure l’ex-Première ministre sur le marché de Villers-Bocage où le candidat du RN est arrivé largement en tête. Elisabeth Borne fait bonne figure : « On ne lâche rien, il faut y aller ! » Mais elle sait que sa situation est compliquée. Dimanche dernier, elle est arrivée près de 8 points derrière Nicolas Calbrix du Rassemblement national (28,93% contre 36,26%) et elle a reculé de 5 points par rapport à son score de 2022.

Désormais, elle doit aller chercher des voix au centre-droit, Lynda Lahalle a fait un peu plus de 7% et à gauche Noé Gauchard est troisième avec 23,16% des suffrages. « On va rassembler tous ceux qui veulent défendre les valeurs républicaines et qui veulent des solutions crédibles. Je pense que les électeurs sont conscients des enjeux. Cette semaine, on va rappeler ce que ça veut dire une majorité absolue pour le Rassemblement national », lance l’ex-Première ministre

Tous les yeux sont tournés à gauche

Un élément joue en faveur d’Elisabeth Borne, le soir du premier tour, Noé Gauchard, du Nouveau front populaire, a décidé de se désister pour faire barrage à l’extrême-droite. Un désistement, que le candidat issu de La France insoumise juge difficile mais nécessaire.

« Quand je retire ma candidature, je ne pense pas à moi qui suis candidat face à Elisabeth Borne, je pense aux personnes pauvres, aux personnes racisées aux personnes LGBT+ qui seront en danger si le RN arrive au pouvoir, explique-t-il. Mais il y a quelque chose qui me froisse, c’est que ce matin encore elle nous dit que LFI n’est pas dans l’arc Républicain, alors même que LFI se désiste dans la circonscription dans laquelle elle est candidate. Je trouve très grave la manière dont elle fait campagne pour le second tour et ce sera son unique responsabilité si elle n’arrive pas à battre l’extrême droite dimanche prochain. »

Du côté des électeurs de gauche, le choix sera difficile. Elisabeth Borne est identifiée, elle incarne la politique d’Emmanuel Macron et la réforme des retraites. « Je pense que je me boucherai le nez, mais j’irai quand même voter pour Mme Borne, je ne veux pas de l’extrême-droite », sourit un vendeur sur le marché. Plus loin, une femme s’inquiète : « J’ai peur que les gens n’aillent pas voter, ou qu’ils votent blanc. »

Le RN fait aussi les yeux doux à la gauche

Nicolas Calbrix le candidat du Rassemblement national, compte justement sur ces électeurs hésitants pour faire tomber Elisabeth Borne. « On va l’envoyer à la retraite ! » lance-t-il en distribuant ses tracts. « Ah si elle pouvait faire 49.3 dimanche ça serait un bon score ! Aux électeurs de gauche je leur dis « Est-ce que vraiment, vous allez voter pour madame casse sociale, madame 49.3 qui a gouverné pendant tant de mois contre le parlement ? Qui a été si brutale avec les travailleurs, qui a pris deux ans de vie aux gens avec l’allongement de l’âge de départ en retraite ? » Non. Je ne pense donc pas que les électeurs de gauche se mobiliseront massivement pour sauver Mme Borne. Au contraire ils peuvent se retrouver dans notre projet et puis avec nous ils pourront tourner la page de la Macronie. »

Dimanche, les électeurs de gauche auront donc l’avenir d’Elisabeth Borne entre leurs mains.