Législatives : l’accord du Front populaire ne donne pas 300 circonscriptions à LFI, comme dit Emmanuel Macron

La députée insoumise Mathilde Panot, ici à Paris, le 10 juin 2024.
DIMITAR DILKOFF / AFP La députée insoumise Mathilde Panot, ici à Paris, le 10 juin 2024.

POLITIQUE - La construction du nouveau Front populaire prend forme. Les partis de gauche ont trouvé un accord très tard dans la nuit de mardi à mercredi pour se départager la quasi-totalité des 577 circonscriptions en vue des législatives anticipées.

À la mi-journée ce mercredi 12 juin, le Parti socialiste a ensuite confirmé dans un courrier envoyé à ses adhérents qu’un « accord de principe » avait été trouvé en vue des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.

La France insoumise aura 229 candidatures, le Parti socialiste 175, les Écologistes 92 et le Parti communiste français 50, ont indiqué les responsables socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini dans ce courrier.

Un peu plus tôt dans la journée, le député LFI Paul Vannier, chargé de cette branche des négociations pour la formation insoumise, avait indiqué à l’AFP qu’un accord avait été trouvé en donnant des chiffres similaires : 230 circonscriptions pour LFI, 170 pour le PS, environ 90 pour les Écologistes et 50 pour le PCF.

L’accord ne comprend pas les Outre-mer et la Corse, comme en 2022 au moment de la Nupes.

Comme en 2022

Ce ne sont donc pas les chiffres qu’a annoncés Emmanuel Macron. Lors de sa conférence de presse ce mercredi, le président de la République a assuré à trois reprises que l’accord qui a été négocié à gauche était de « 300 circonscriptions » pour La France insoumise, comme le note Libération. « Comment les électeurs qui ont par exemple suivi monsieur Glucksmann aux élections européennes peuvent-ils soutenir une alliance qui donne 300 circonscriptions à La France insoumise ? », s’est ainsi interrogé à un moment le chef de l’État devant les journalistes.

Dans un message enflammé posté sur X, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure n’a pas tardé à pointer « les fake news » mises en avant par le président.

Comme en 2022, ce sont les Insoumis qui présenteront le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement par rapport à ce que l’accord électoral de la Nupes avait prévu pour eux lors des dernières élections législatives.

Restera au PS et à Place publique, le petit parti de Raphaël Glucksmann, qui avaient fait alliance pour les européennes, à se répartir entre eux les circonscriptions. Dans la précédente législature, Place publique ne comptait pas de député.

Un vrai débat sur le mode de calcul a opposé les socialistes, qui ont fini premiers aux européennes dimanche dernier, et les Insoumis, qui voulaient toujours surfer sur les 22 % de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022.

« Cet accord acte la progression des socialistes mais n’oublie pas la présidentielle », a expliqué Paul Vannier alors que Raphaël Glucksmann a obtenu aux européennes 13,8 % des voix, quatre points devant Manon Aubry et les Insoumis.

D’âpres négociations à venir

« Nous voulions nous baser sur une moyenne des législatives, des présidentielles et des européennes alors que les socialistes voulaient seulement prendre en compte le résultat des européennes », a précisé le député du Val-d’Oise, qui assure que le mouvement de gauche radicale a « fait des efforts ».

Au moment de la Nupes, les Insoumis avaient présenté 328 candidats, contre 100 pour EELV, 70 pour le PS et 50 pour le PCF.

« Le principe retenu a été le suivant : principe de préservation des sortants des quatre partis (même si certains cas particuliers continuent de nous poser problème). Pour parvenir à cette répartition, nous avons appliqué la proportionnelle du score de chacun des partis dans le total gauche aux européennes sur le reste des circos non sortantes », écrivent les socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini, qui notent par ailleurs que « le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions ».

« Toutes les circonscriptions des députés sortants sont sanctuarisées », a confirmé Paul Vannier, alors que le cas du LFI Adrien Quatennens par exemple, condamné en décembre 2022 pour violences conjugales, fait débat chez les socialistes et les Écologistes.

Les négociateurs vont essayer maintenant de déterminer précisément quelle circonscription revient à quelle formation. Ce qui devrait générer quelques tensions supplémentaires.

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