Législatives 2024 : la classe politique s’inquiète d’un climat de tensions et de violences

Après l’agression de la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, des militants racontent être pris à partie partout en France et dénoncent une montée des tensions.

Elus, cadres et militants s’inquiètent de la violence qui s’exprime dans le débat public.
PHILIPPE LOPEZ / AFP Elus, cadres et militants s’inquiètent de la violence qui s’exprime dans le débat public.

POLITIQUE - La violence monte-t-elle d’un cran dans cette campagne des élections législatives ? Ce jeudi 4 juillet, Gérald Darmanin s’est montré inquiet sur le plateau de France 2. Pour le ministre de l’Intérieur, « il se passe quelque chose qui confine à la libération de la violence ». La veille, sa collègue porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, a été agressée par une vingtaine de personnes alors qu’elle participait à des collages d’affiches, avec deux militants et sa suppléante.

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Des coups de poing et de trotinettes auraient fusé, selon le récit qu’en fait la ministre. Elle n’a pas été blessée, contrairement à sa suppléante et un des militants, aussitôt transférés à l’hôpital. Les drames de ce genre se multiplient ces derniers jours. En début de semaine, la députée LFI sortante Danielle Simonnet rapportait l’agression subie par quatre de ses militants dans le XXe arrondissement de Paris.

« Un individu les a agressés avec un pistolet à poivre et des gaz lacrymogènes. Ils ont été frappés et insultés de salopards d’antisémites. Ils ont craint pour leur vie, au vu de la violence des agresseurs, qui semblaient vouloir en découdre », a-t-elle écrit dans un communiqué.

Ce jeudi, dans les Yvelines, un candidat du Nouveau Front populaire, Sébastien Ramage, raconte l’agression de sa directrice de campagne « par un sympathisant RN ». « Il a crié “Vive Bardella” et lui a asséné un coup au visage ».

« Un climat de violence et de haine qui s’installe »

À Nanterre, l’écologiste Sabrina Sebaihi a dénoncé les coups portés « contre une militante âgée » ; à Maisons-Alfort, le socialiste Joao Martins Pereira a fait état d’une « violente agression » de militants sur le marché, par « des hommes d’extrême droite, tout de noir vêtus ».

Face à ce climat de violences exacerbées, chaque personnalité politique y va de ses appels au calme et à la discussion apaisée. « Rejetons le climat de violence et de haine qui s’installe. J’appelle au sursaut, maintenant », a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal mercredi soir. « Rien ne justifie la violence, jamais. Souhaitons que tous les coupables soient retrouvés et jugés », a renchéri sur X Marine Tondelier après l’attaque contre Prisca Thévenot.

« La France est devenue une cocotte-minute »

Faut-il voir dans ces incidents à répétition les conséquences d’un débat public polarisé et d’un champ politique en ruines ? « Malheureusement, la violence est omniprésente dans cette campagne, a pointé le maire LR de Meaux Jean-François Copé sur TF1. La dissolution a été une décision complètement folle qui a désorienté les Français et ouvert les passions les plus viles. » Un avis largement partagé à gauche, par Raphaël Glucksmann notamment.

« La France est devenue une cocotte-minute et on sent partout cette tension. La politique, c’est le débat d’idées, la confrontation même très radicale des idées. Mais jamais la violence physique », a exprimé le député européen PS-PP sur France Inter. Au sommet de l’Etat, on craint qu’une victoire du RN dimanche soir provoque des affrontements et des tensions. Le ministère de l’Intérieur rappelle que 30 000 policiers et gendarmes, dont 5 000 à Paris, sont mobilisés pour le second tour.

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