Israël bombarde la bande de Gaza, les efforts internationaux s'intensifient en vue d'une trêve

Un nuage de fumée s'élève dans le ciel après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas (Eyad BABA)
Un nuage de fumée s'élève dans le ciel après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas (Eyad BABA)

L'armée israélienne a mené dimanche de nouveaux bombardements dans la bande de Gaza, au moment où s'intensifient les efforts diplomatiques en vue d'une reprise des négociations pour parvenir à une trêve dans le territoire palestinien, associée à la libération d'otages.

Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé de nouveau le nord et le centre du territoire, ainsi que Rafah dans la pointe sud de la bande de Gaza d'où ont fui des centaines de milliers de personnes.

En 24 heures, au moins 81 morts supplémentaires ont été recensés, portant le bilan à près de 36.000 personnes tuées, essentiellement des civils, depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le mouvement islamiste palestinien.

La Défense civile locale a indiqué avoir récupéré six corps après une une frappe aérienne sur une maison, dans l'est de Rafah, où l'armée israélienne poursuit ses opérations malgré une décision de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de les suspendre dans ce secteur.

En Israël, des sirènes d'alerte ont retenti dimanche à Tel-Aviv et dans le centre d'Israël pour que les habitants se mettent à l'abri, après plusieurs mois de calme relatif dans cette région du pays, l'armée israélienne faisant état de huit roquettes tirées depuis Rafah, dont "certaines ont été interceptées".

De son côté, la branche armée du Hamas a indiqué sur Telegram avoir visé Tel-Aviv avec un "important barrage de roquettes".

Après bientôt huit mois de guerre dévastatrice, la pression s'accroît chaque jour un peu plus sur Israël, en faveur d'une trêve associée à une libération d'otages.

Un haut responsable israélien a annoncé à l'AFP sous couvert de l'anonymat qu'une réunion du cabinet de guerre est prévue dimanche soir, afin d'évoquer les efforts destinés à obtenir une libération d'otages. Samedi, une autre source a fait état de l'intention d'Israël de relancer "cette semaine" les négociations.

La CIJ plus haute juridiction de l'ONU, a aussi ordonné vendredi à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire, mais fermé après le lancement de son opération terrestre début mai.

- "Diplomatie de l'urgence"-

L'Egypte qui refusait de rouvrir le poste frontière de Rafah tant que les troupes israéliennes contrôlent le côté palestinien, a annoncé dimanche avoir laissé passer finalement des camions d'aide par le point de passage israélien de Kerem Shalom, selon Al-Qahera News, un média proche des services de renseignement égyptiens.

Un total de "200 camions" ont quitté le côté égyptien du poste frontière de Rafah, pour se diriger vers Kerem Shalomn a indiqué Al-Qahera News sans préciser combien de camions avaient passé les contrôles.

Les efforts internationaux ont été relancés pour arracher une trêve dans la guerre.

Des médias israéliens rapportent que le chef du Mossad --les services de renseignement israéliens-- David Barnea avait trouvé un accord avec le directeur de la CIA, Bill Burns, et le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors d'une réunion à Paris sur un nouveau cadre pour les négociations.

De son côté, le président américain Joe Biden a affirmé être "engagé dans une diplomatie de l'urgence" pour tenter de sécuriser un cessez-le-feu et la libération des otages.

L'Egypte dit aussi poursuivre "ses efforts pour réactiver les négociations", selon Al-Qahera News, tandis que des responsables qataris devraient rencontrer  une délégation du Hamas dans les prochains jours, d'après le site américain Axios.

Début mai, des discussions indirectes entre Israël et le Hamas, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, avaient échoué à aboutir à un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

La pression s'accentue également à l'intérieur d'Israël où des milliers d'Israéliens se sont rassemblés samedi soir pour réclamer une action urgente du gouvernement en vue d'obtenir la libération des otages.

- Bombardement "intensif" -

La guerre dans la bande de Gaza a débuté le 7 octobre après l'attaque sur le sol israélien de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, entraînant la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Ce jour-là, 252 personnes ont également été emmenées comme otages dans le territoire palestinien. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d'une centaine d'entre eux, 121 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 37 sont morts, selon l'armée.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien.

Puis, elle a commencé le 7 mai des opérations au sol dans le secteur de Rafah, où elle dit vouloir sauver des otages et détruire les derniers bataillons du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qui est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Ces opérations ont poussé environ 800.000 personnes à fuir la ville, selon l'ONU qui met en garde contre une situation humanitaire catastrophique dans l'ensemble du territoire, avec un risque de famine et de nombreux hôpitaux hors service.

L'armée israélienne a poursuivi également ses opérations dans le nord et le centre du territoire où des témoins ayant fait état d'un bombardement "intensif".

Dans un communiqué, l'armée a indiqué avoir détruit au cours des dernières 24 heures "plus de 50 cibles terroristes à travers la bande de Gaza", et mené des "opérations ciblées" dans la région de Rafah, où elle a  "éliminé" des combattants ayant tenté d'attaquer des soldats israéliens.

De son côté, la branche armée du Hamas a affirmé samedi soir avoir "tué, blessé ou fait prisonniers" des soldats israéliens lors d'une embuscade, dans le camp de Jabalia, au sein de l'armée israélienne, qui a elle démenti qu'un soldat eût été pris en otage.

burx-ila/cn