Guerre en Ukraine : ce que contient la déclaration finale du sommet suisse pour la paix

INTERNATIONAL - Une première pierre pour aboutir à une paix durable. C’est l’espoir de la vaste majorité des pays qui étaient réunis en Suisse pour le sommet sur la paix en Ukraine ces deux derniers jours. Adoptée ce dimanche 16 juin à l’issue du sommet, leur déclaration finale doit permettre de dessiner les pistes pour mettre fin au plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale.

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Sur la petite centaine d’État et de représentants diplomatiques réunis en Suisse, près de 80 pays ont décidé de soutenir cette déclaration finale. Malgré l’absence plus que remarquée de la Russie à cet événement international inédit depuis le début de la guerre en Ukraine, le pays de Volodymyr Zelensky peut désormais compter sur ce texte pour bâtir la « paix durable et juste » qu’il appelle de ses vœux.

Le HuffPost fait le point sur ce que contient cette déclaration finale, dévoilée avant une nouvelle prise de parole forte du chef d’État ukrainien, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Pierre fondatrice pour Kiev

Avant toute chose, le texte final s’appuie sur les points du plan de paix de Volodymyr Zelensky présenté fin 2022, qui font consensus, et sur les résolutions de l’ONU. Il réaffirme donc « les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États, y compris l’Ukraine ».

Le communiqué exige aussi la libération « par échange complet » des prisonniers de guerre mais aussi « de tous les enfants ukrainiens déportés et illégalement déplacés » en Russie. Le texte réclame également que tous les civils ukrainiens illégalement détenus soient « rendus à l’Ukraine ».

Ce dimanche, les délégations ont travaillé au sein de trois groupes de travail sur les sujets les plus pressants. Les discussions sur la sécurité alimentaire ont porté sur la crise de la production et des exportations agricoles et sur les destructions de terres fertiles, sans oublier les risques posés par les mines et les munitions non explosées sur le sol ukrainien. Le communiqué final souligne ainsi que « la sécurité alimentaire ne doit en aucune manière être militarisée » et qu’il faut garantir la liberté de navigation sur la mer Noire et la mer d’Azov.

Autre thème crucial posé par écrit dans ce document pour la paix : la sécurité nucléaire. Le communiqué final prône un « contrôle souverain total » de l’Ukraine sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe.

Dernier point, et non des moindres : l’importance d’« impliquer toutes les parties » au conflit pour faire cesser les hostilités. L’absence de la Russie et de la Chine à ce sommet ont d’ailleurs conduit à un consensus : la Russie se doit d’être partie prenante des discussions pour arriver « à une paix durable et juste ». La question de « comment et quand impliquer la Russie » reste à ce stade ouverte, a d’ailleurs reconnu la présidente de la Confédération helvétique et hôte du sommet, Viola Amherd.

La Russie peut négocier « demain, si elle se retire »

Ce sommet, organisé au moment où l’Ukraine est en difficulté sur le plan militaire place Kiev dans une position délicate. D’autant plus après l’appel à la reddition lancé par Vladimir Poutine, qui s’est montré − à sa manière − ouvert à des pourparlers. Le président russe a toutefois posé des conditions inacceptables pour Kiev, qui reviennent à capituler et abandonner des territoires reconnus comme ukrainiens par la communauté internationale.

Sèchement rejetée par les participants, cette posture russe a inspiré des déclarations fortes à Volodymyr Zelensky.

La Russie et ses dirigeants « ne sont pas prêts à une paix juste », a ainsi accusé le président ukrainien, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. « Nous devons faire notre travail, ne pensons pas à la Russie, faisons ce que nous devons faire. Pour l’instant, la Russie et ses dirigeants ne sont pas prêts à une paix juste. C’est un fait », a-t-il estimé.

Ce dimanche, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pourtant invité l’Ukraine à « réfléchir » à la proposition de reddition du président russe, assurant qu’il ne s’agissait pas d’un « ultimatum » mais « d’une initiative de paix qui tient compte des réalités du terrain ». Pour Zelensky, la Russie pourra négocier la paix dès « demain, si elle se retire de notre territoire ».

Autre grande absente du sommet, la Chine a reçu un nouvel appel du pied de Volodymyr Zelensky. Ce dernier a estimé que Pékin n’était « pas l’ennemi » de Kiev et que la Chine « pourrait aider » l’Ukraine. Pour conclure ce sommet diplomatique d’où l’Ukraine sort renforcé, Volodymyr Zelensky a toutefois adressé un tacle discret à ses alliés, notamment européen : « Il y a de l’aide. Il y a des paquets importants. Est-ce suffisant pour gagner ? Non. Est-ce que ça arrive tard ? Oui. »

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