Guerre Israël-Hamas: les pourparlers de trêve s'intensifient, les craintes de famine persistent

Une situation humanitaire qui empire de manière quotidienne malgré quelques avancées diplomatiques. Les pourparlers en vue d'une trêve entre Israël et le Hamas assortie de la libération d'otages israéliens et des prisonniers palestiniens donnent des signes de progrès mardi sur fond de crainte d'une famine dans la bande de Gaza et d'une opération armée dans le secteur de Rafah, où s'entassent 1,5 million de personnes.

Timides avancées

Le chef des services de renseignement israéliens, le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens devaient se rencontrer lundi à Doha pour parler d'un éventuel accord de trêve à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.

Selon le site américain Axios, des discussions "positives" ont bien eu lieu et les négociateurs israéliens vont rester à Doha pour continuer les pourparlers "détaillés" avec les médiateurs qataris et égyptiens.

Le département d'Etat a de son côté annoncé mardi que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, se rendrait en Arabie saoudite mercredi et en Egypte jeudi dans l'espoir de débloquer la situation.

Israël avait annoncé vendredi l'envoi d'une délégation à Doha, sans préciser la date, après ce qui apparaît comme un infléchissement de la position du Hamas se disant prêt à une trêve de six semaines après avoir longtemps demandé un cessez-le-feu définitif.

"Nous avons accepté qu'il y ait un retrait partiel de la bande de Gaza avant tout échange, et après la première étape, un retrait total", a affirmé lundi l'un des responsables du Hamas, Oussama Hamdan.

"Durant la première étape, il y aura un arrêt total des opérations militaires", a-t-il ajouté en évoquant des discussions qui pourraient se poursuivre sur "quelques jours".

La famine guette

En parallèle, la catastrophe humanitaire majeure provoquée par la guerre et la famine qui se précise dans le nord du territoire assiégé suscite des inquiétudes grandissantes.

Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire. Cette aide arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population. Elle parvient très difficilement dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes selon l'ONU.

Un habitant sur deux à Gaza, soit plus d'1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord, ont prévenu lundi des agences de l'ONU, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant une "famine imminente".

Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert", a soutenu le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que "la famine (était) utilisée comme arme de guerre".

Le nord de Gaza a aussi été témoin lundi de violents combats accompagnés de bombardements, autour et dans l'enceinte de l'hôpital al-Chifa, le plus important du territoire situé au coeur de Gaza-Ville que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de se retirer.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et d'en avoir arrêté "plus de 200" dans cette opération, en affirmant disposer "d'informations" selon lesquelles des "hauts gradés" du Hamas utilisaient de nouveau les lieux à des fins militaires.

Liste d'otages

Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza lors de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

L'opération militaire israélienne lancée en représailles à cette attaque a fait jusqu'ici plus de 31.700 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

L'un des points d'achoppements des pourparlers est le statut des otages et l'identité des prisonniers palestiniens à libérer. Quelque 130 otages du 7 octobre sont encore détenus à Gaza, dont 32 seraient morts, selon Israël qui exige du Hamas une liste précise des otages encore vivants.

Or le mouvement islamiste palestinien dit ignorer qui est "vivant ou mort" parmi les otages et demande de son côté de pouvoir décider de l'identité des principaux prisonniers palestiniens à être libérés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est sous pression d'une part des familles d'otages, qui l'exhortent à accepter un accord, et d'autre part de membres d'extrême droite de son gouvernement, hostiles à la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.

Article original publié sur BFMTV.com