Guerre à Gaza: Netanyahu confronté à une forte mobilisation contre son gouvernement

Benjamin Netanyahu plus contesté que jamais. Le gouvernement du Premier ministre israélien fait face depuis dimanche 31 mars à la plus grande mobilisation contre lui depuis le 7 octobre et le déclenchement de la guerre à Gaza.

Au troisième soir d'une manifestation prévue pour durer quatre jours, des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées, ce mardi à Jérusalem, pour crier leur colère contre la coalition de partis de droite, d'extrême droite et d'ultra-religieux au pouvoir.

Les manifestants ont établi un campement devant la Knesset, le parlement israélien, pour mettre le gouvernement sous pression.

Familles d'otages en colère

Aux opposants à Benjamin Netanyahu, déjà mobilisés avant la guerre contre le projet de réforme de la justice, se sont joints de nombreux proches d'otages retenus ou disparus dans la bande de Gaza depuis l'assaut du Hamas le 7 octobre.

Ces derniers estiment que le Premier ministre n'a pas fourni les efforts nécessaires pour ramener les quelque 134 Israéliens qui manquent encore à l'appel et réclament un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne pour obtenir leur libération.

"Vous êtes le traître, un traître à votre peuple, à vos électeurs, à l'État d'Israël", a crié au micro Einav Zangauker, dont le fils est retenu en otage à Gaza, rapporte l'AFP.

"Vous avez la responsabilité du 7 octobre de toutes les manières possibles, vous êtes un obstacle à un accord sur les otages, vous ne nous laissez pas le choix, il faut que vous cédiez la place. Et nous continuerons à vous poursuivre et vous n'aurez ni jour ni nuit, tant que mon fils Matan n'aura ni jour ni nuit", a poursuivi cette mère devant le Parlement.

Les manifestants ont pu compter sur la présence de l'ancien Premier ministre travailliste Ehud Barak. Appelant à de nouvelles élections, il a dénoncé la stratégie militaire du gouvernement dans la bande de Gaza.

"L'entrée à Rafah (de l'armée, promise par le gouvernement, NDLR) se produira dans quelques semaines mais l'élimination du Hamas dans quelques mois, et d'ici là tous les otages reviendront dans des cercueils", a-t-il prévenu, jugeant que "même si la libération des otages implique un cessez-le-feu, le Hamas peut être écrasé".

Tensions autour des ultra-orthodoxes

Des heurts entre manifestants et policiers se sont produits mardi soir alors que la foule se dirigeait vers le domicile de Benjamin Netanyahu dans le quartier aisé de Réhavia, rapporte The Times of Israel. Une vidéo publiée sur X par un journaliste du quotidien Haaretz montre Ayala Metzger, belle-fille d'une otage du Hamas, être traînée et évacuée par les forces de l'ordre.

"J'exige que le Shin Bet (service de renseignement intérieur israélien, NDLR) se réveille immédiatement et prenne au sérieux la sécurité du Premier ministre", a réagi sur X le ministre de la Sécurité intérieur d'extrême droite Itamar Ben-Gvir, estimant avoir déjà mis en garde le service contre ces risques sans avoir été écouté.

De nombreuses personnes présentes devant le Parlement étaient par ailleurs furieuses que les ultra-orthodoxes israéliens, représentant 16% de la population juive, soient pour la plupart exemptés de service militaire.

En Israël, le service militaire est obligatoire, mais les ultra-orthodoxes peuvent échapper à la conscription s'ils consacrent leur temps à étudier les textes sacrés du judaïsme. Cette exemption de longue date a pris fin lundi après une décision de la Cour suprême mais son application est encore suspendue à des procédures en cours.

Les manifestants dénoncent la complaisance de Benjamin Netanyahu, qui a bénéficié du soutien de partis ultra-orthodoxes pour se maintenir au pouvoir lors des élections de 2022.

Article original publié sur BFMTV.com