Espagne/Argentine : ce commentaire sur Javier Milei et la drogue a provoqué une brouille diplomatique

Pedro Sánchez, le Premier ministre espagnol / Javier Milei, le président argentin.
Pedro Sánchez, le Premier ministre espagnol / Javier Milei, le président argentin.

INTERNATIONAL - Que se passe-t-il actuellement entre l’Espagne et l’Argentine, deux pays connus jusque-là pour leurs relations diplomatiques apaisées ? Une brouille grandit ces dernières heures entre Buenos Aires et Madrid, après un commentaire du ministre des Transports espagnol, Oscar Puente, qui affirmait que le président argentin Javier Milei se droguait.

« J’ai vu Milei à la télévision » à l’époque de la campagne présidentielle, a-t-il dit lors d’une conférence organisée par le parti socialiste espagnol (PSOE). « J’ignore si c’était avant ou après l’ingestion (...) de substances (...) J’ai dit : “Il est impossible qu’il gagne les élections” ».

« Il y a de très mauvaises personnes qui, en étant elles-mêmes, ont atteint le sommet », a-t-il ajouté, citant à titre d’exemple le président ultralibéral argentin, élu en novembre, ou encore l’ex-président américain Donald Trump. Connu pour être très actif sur les réseaux sociaux, Oscar Puente a été nommé ministre en décembre.

Ses propos n’ont pas échappé à la présidence argentine qui s’est empressée de réagir en publiant sur X un communiqué virulent dans lequel Buenos Aires accuse le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez d’apporter « pauvreté et mort » à son peuple.

« Sánchez a mis la classe moyenne en danger avec sa politique socialiste qui n’apporte que la pauvreté et la mort », écrit-elle, accusant l’exécutif également d’avoir « mis en péril l’unité du royaume en scellant un accord avec les séparatistes et en conduisant l’Espagne à sa perte ».

Pedro Sánchez, Premier ministre en souffrance

La présidence argentine a également accusé Sánchez « d’avoir des problèmes plus importants à régler, comme les accusations de corruption visant son épouse », qui fait l’objet d’une enquête pour trafic d’influence et corruption.

Cette enquête, placée sous le sceau du secret de l’instruction, a été ouverte à la suite d’une plainte de l’association « Manos limpias » (Mains propres), un collectif proche de l’extrême droite. Le parquet a demandé le classement de cette enquête mais le juge chargé du dossier n’a pas encore dévoilé ses intentions.

Si le Premier ministre espagnol a un temps envisagé de démissionner pour protéger sa famille après l’annonce de l’ouverture de cette enquête préliminaire, il a finalement décidé de se maintenir, affirmant que les attaques à l’encontre de sa femme étaient le produit d’une « campagne de diffamation ».

Ce samedi, Madrid a riposté par un communiqué de son ministère des Affaires étrangères dans lequel elle « rejette catégoriquement » les « termes infondés de la déclaration publiée par la présidence de la République argentine, qui ne correspondent pas aux relations des deux pays et des peuples frères ».

« Le gouvernement et le peuple espagnol continueront à maintenir et à renforcer leurs liens fraternels et leurs relations d’amitié et de collaboration avec le peuple argentin, une volonté partagée par toute la société espagnole », ajoute le texte.

Javier Milei se rendra dans deux semaines en Espagne où il participera à un événement organisé par le parti d’opposition d’extrême droite Vox, qui aura lieu les 18 et 19 mai, mais il ne rencontrera ni le Premier ministre, ni le roi d’Espagne.

Lors de la présidentielle en Argentine qui a vu l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, Pedro Sánchez avait ouvertement soutenu le candidat adverse, Sergio Massa, et s’était gardé d’appeler le nouveau chef d’État élu pour le féliciter après sa victoire. Le ministère espagnol des Affaires étrangères s’était contenté de souhaiter de la « réussite à l’Argentine dans cette nouvelle étape », sans mentionner le nom de Javier Milei.

Le leader du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, s’était lui rendu à Buenos Aires pour assister à l’investiture de l’ultralibéral Javier Milei.

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