Des européennes aux législatives : les images qui ont marqué cette folle semaine politique

Un président qui dissout malgré l'opposition d'une partie de son camp, un parti qui s'entredéchire, une alliance inédite face à la possible arrivée de l'extrême droite au pouvoir. Retour en images sur ces derniers jours très politiques.

Les cartes sont rebattues. Voilà cinq jours que les élections européennes ont pris fin, dans le bruit de la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron, qui entraîne de facto de nouvelles élections législatives. Et la campagne pour Bruxelles est devenue celle pour Matignon.

Déchirement des Républicains, majorité présidentielle en sursis, divorce chez Reconquête et nouvelle union de la gauche, retour en images sur cette semaine politique riche en rebondissements.

Le scrutin lui était défavorable. Comme le prédisaient les sondages, la liste Renaissance portée par Valérie Hayer et représentant la majorité présidentielle est arrivée derrière celle de Jordan Bardella et du Rassemblement national. Et la campagne menée par Emmanuel Macron lui-même n'y a rien changé.

Parti voter au Touquet le dimanche 9 juin, le président de la République est revenu dans l'après-midi à Paris, où il a assisté à la défaite annoncée de son camp. Sur des clichés pris par la photographe officielle du chef de l'État Soazig de la Moissonière et partagés sur les réseaux sociaux, le ton grave s'illustre.

Parmi l'ensemble des photos publiées, une retient particulièrement l'attention: celle où Emmanuel Macron, photographié de dos aux côtés d'Alexis Kohler, s'entretient avec les figures de sa majorité. Stéphane Séjourné le regard fixé sur le président, Yaël-Braun Pivet la mine déconfite, Gabriel Attal les bras croisés ou encore Gérald Darmanin à l'écoute.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Peu après 21 heures et l'annonce officielle des résultats des européennes, Emmanuel Macron prend de court la classe politique - dont sa majorité - et annonce la dissolution de l'Assemblée nationale.

"J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote, je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale et signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second", déclare-t-il dimanche soir devant les Français.

Dans cette même soirée du dimanche 9 juin, les prises de parole s'enchaînent, notamment celles des candidats des élections européennes. La tête de liste Reconquête Marion Maréchal, qui recueille plus de 5% des suffrages nécessaires pour obtenir des députés européens, réagit alors à ce score, mais aussi à la tenue prochaine des élections législatives.

"Pour réussir les élections législatives dans quelques semaines, je suis prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen, Jordan Bardella, Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble à l'alternative que notre pays exige", lance-t-elle.

Elle recueille aussitôt les applaudissements de plusieurs militants mais aussi ceux des autres vice-présidents exécutifs de Reconquête Nicolas Bay et Guillaume Peltier ainsi que l'eurodéputée élue Laurence Trochu.

Mais une réaction fera le tour des réseaux sociaux, et pas des moindres. Celle du président du parti Éric Zemmour qui semble apprendre en direct l'initiative de sa tête de liste, favorable à une union des droites. Son air surpris sonne le début de la fin de son union politique avec la nièce de Marine Le Pen. Mercredi 12 juin, Marion Maréchal - qui a rencontré entretemps Jordan Bardella et sa tante - réitère son appel à l'union des partis de droite et d'extrême droite et rejette la faute sur son président.

Quelques heures plus tard, Éric Zemmour, s'estimant "trahi" par Marion Maréchal, annonce sur BFMTV qu'elle est exclue de Reconquête ainsi que ses "compères en traîtrise".

Tandis qu'on se déchire chez Reconquête - et chez Les Républicains - on appelle au rassemblement à gauche. Arrivée troisième des européennes, pas loin derrière celle de la majorité, la liste PS-Place publique menée par Raphaël Glucksmann se traduit comme une espérance pour l'électorat de gauche. Un score qui - cumulé avec ceux des autres listes du même bord politique - motive les chefs de parti à se réunir au plus vite.

Dès lundi 10 juin, Marine Tondelier (Écologistes-EELV), Olivier Faure (PS), Manuel Bompard (LFI) et Fabien Roussel (PCF) se retrouvent au siège des écologistes et annoncent - après plusieurs heures de discussions autour de pizzas - un accord de principe sous la bannière "Nouveau Front populaire" pour les législatives.

Au fil de la semaine, plusieurs autres figures de gauche mais aussi d'autres partis rejoignent le mouvement. Et le soir du jeudi 13 juin, après une dernière longue journée d négociations, les partis de gauche concluent définitivement un accord pour le "Nouveau Front populaire", seule véritable alternative - selon eux - à l'extrême droite.

"Emmanuel Macron n'aura pas de majorité: alors c'est soit eux soit nous, et ça doit être nous et ça va l'être", lance Marine Tondelier ce vendredi 14 juin à la Maison de la Chimie à Paris, entourée des autres chefs de parti de gauche.

Selon le dernier sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche réalisé entre le 11 et le 12 juin dernier, l'alliance des partis de gauche et écologiste obtient 28% des intentions de vote au premier tour, derrière le Rassemblement national (31%) mais devant la majorité présidentielle (18%).

En 2019 et en 2024, les Républicains ont perdu les élections européennes, et leur président. Mardi 13 heures, alors que la question de la survie du parti se pose à trois semaines d'un nouveau scrutin, Éric Ciotti provoque un séisme au sein de sa famille politique.

Le président des LR annonce sur le plateau de TF1 une alliance à venir avec le Rassemblement national. Une décision prise sans concertation avec les tenors du parti de droite, tout sauf d'accord pour franchir le Rubicon avec leur président. Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand... Dans les minutes et les heures qui suivent, tous se désolidarisent du plan d'Éric Ciotti, et annoncent sa prochaine exclusion du parti.

Le 12 juin, un bureau politique décide de l'exclusion d'Éric Ciotti, qui au même moment exige la fermeture du siège des Républicains place du Palais-Bourbon. Scène ubuesque où un président qui vit ses derniers instants à la tête de son parti verrouille l'accès à celui-ci.

C'était sans compter sur l'arrivée dans l'après-midi des cadres LR et d'Annie Genevard, secrétaire générale du parti, qui ouvre finalement la porte d'entrée du siège grâce à son double des clés: "c'est notre maison". Éric Ciotti, lui, est alors introuvable.

Isolé mais pas défait, Éric Ciotti a condamné son exclusion, considérant qu'elle n'a aucune "conséquence légale". Dans une guerre d'images l'opposant à ses anciens collègues, il a décidé de retourner dans les locaux, non sans une armée de journalistes.

Le président exclu est filmé au balcon et de retour à son bureau au siège des Républicains, seul, sans un mot et seulement accompagné de la musique Destiny d'Amir Marcus et Stephan Fischer.

Ce vendredi matin, un nouveau bureau politique de LR a validé l'exclusion de son président. Cette décision a cependant été suspendue par le tribunal judiciaire de Paris plus tard dans la journée. En attendant, il continue d'échanger avec Jordan Bardella "dans l'intérêt du pays" et en vue de concrétiser une alliance historique entre le parti gaulliste et celui héritier de Jean-Marie Le Pen.

Mais pour combien de sièges? Le nombre exact de circonscriptions où se présentera un candidat unique LR/RN n'est pas encore connu ce vendredi. Verdict dimanche, journée limite de dépôt des candidatures pour ces législatives.

Article original publié sur BFMTV.com