Européennes: dernières heures de campagne, Macron dans la mêlée

Dernières heures de campagne: Emmanuel Macron s'est offert vendredi un ultime bain de foule avant le scrutin, ciblé par les oppositions qui l'accusent d'avoir instrumentalisé les commémorations du Débarquement avec son interview télévisée jeudi soir.

Avant de recevoir son homologue américain Joe Biden en visite d'Etat samedi, le président français est allé à la rencontre du public à Bayeux.

Entre selfies et photographes, une dame a plaidé pour une "Europe forte". "Il faut la défendre aussi", lui a répondu le chef de l'Etat après avoir prononcé un dernier discours dans le cadre des célébrations du 80e anniversaire du Débarquement.

"Si j’avais cédé aux sirènes de la facilité", a-t-il lancé à une autre qui l'interpellait sur une réforme contestée lorsqu'il était ministre de l'Economie.

La campagne officielle s'arrêtera à 23h59 avant le vote qui débutera samedi midi en outre-mer, puis dimanche dans le reste de la France.

Les ultimes enquêtes confirment les tendances, avec 33% pour le Rassemblement national selon un sondage OpinonWay vendredi pour CNews, Europe 1 et le JDD, loin devant la majorité (15%) et la liste PS-Place publique (13%).

Jeudi soir, l'interview d'Emmanuel Macron sur TF1 et France 2 a rassemblé 7,6 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie. Le chef de l'Etat a estimé être "dans son rôle" en s'exprimant à trois jours du scrutin, en premier lieu pour appeler à voter en raison du fort niveau d'abstention attendu, autour de 50%.

Il a aussi justifié son intervention par la montée de l'extrême droite. "Si demain la France envoie une très grande délégation d'extrême droite, si d'autres grands pays le font, l'Europe peut se retrouver bloquée", a averti le président, appelant à "un sursaut" par "patriotisme" et mettant en garde contre "un vote défouloir".

- "Des limites" -

"A chaque fois qu'Emmanuel Macron parle, il crée des électeurs pour le Rassemblement national", a taclé Marine Le Pen sur RTL. "Je viens dire aux électeurs, mettez-lui des limites".

La présidente du RN, "opposée à l'envoi d'instructeurs sur le sol ukrainien", a accusé le chef de l'Etat "d'instrumentaliser le conflit ukrainien". Le même argument a été repris vendredi par les Insoumis après la prise de parole de Volodymyr Zelensky à l'Assemblée nationale.

Ce duel entre Emmanuel Macron et le RN exaspère les autres candidats, "comme si c'était le débat auquel on était condamné pour toujours", a critiqué François-Xavier Bellamy sur Sud Radio.

"Le 9 juin au soir, il ne se passera rien. Jordan Bardella ment en disant +Votez pour moi et Macron va partir+", a commenté Eric Zemmour (Reconquête) sur Europe1/Cnews.

Interrogé sur les conséquences de l'élection, Emmanuel Macron a renvoyé aux résultats de dimanche soir : "J'aime bien faire les choses dans le bon ordre".

Pour conclure une campagne difficile, la tête de liste de la majorité Valérie Hayer participera à un banquet républicain dans la Mayenne, d'où elle est originaire, en compagnie du Premier ministre Gabriel Attal. "Le vote des pro-européens, le vote utile, le vote du bilan, le vote du projet, c'est nous", a lancé la tête de liste macroniste lors de son dernier meeting jeudi soir à Nice.

Son concurrent, Raphaël Glucksmann, tient lui son dernier meeting vendredi soir à Lille, avec le soutien de Martine Aubry, figure de la gauche et maire de la ville.

- Espoir néerlandais -

Avec l'espoir d'inverser les courbes ? "C'est le moment de concrétiser cette dynamique et de la rendre inarrêtable", a-t-il lancé en conférence de presse dans la matinée.

Autre heureux présage selon le candidat: un sondage sorti des urnes aux Pays-Bas où le centre-gauche bascule légèrement en tête devant le Parti de la liberté du populiste Geert Wilders, néanmoins en forte hausse par rapport à 2019.

De son côté, La France insoumise, donnée autour de 8%, est persuadée que ses efforts dans les quartiers populaires, où elle s'est présentée comme "la liste pour la paix à Gaza", vont payer.

"Vous pouvez être fiers aussi d'avoir mené la campagne là où personne ne va, dans ces quartiers oubliés de la République", a déclaré Manon Aubry jeudi soir à Lyon en meeting avec Jean-Luc Mélenchon.

Quant à l'écologiste Marie Toussaint, qui pourrait ne pas atteindre les 5% nécessaires pour envoyer des députés au Parlement européen, elle finira par un tractage à Bordeaux après avoir obtenu le vote d'une autre tête de liste, Pierre Larrouturou, inquiet qu'il n'y ait plus d'écologistes à Strasbourg.

Le parti animaliste a lui reçu le soutien de Brigitte Bardot qui les a jugés "formidables" sur RTL. Reste à avoir si cela sera suffisant pour aller au-delà des 2,2% obtenus en 2019.

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