Européennes 2024 : la réponse du RN à la stratégie de la Macronie impliquant Marion Maréchal

Jordan Bardella et le RN répondent au coup de billard à trois bandes de la Macronie qui veut faire monter celle de Valérie Hayer grâce à Marion Maréchal.
AFP - montage Le HuffPost Jordan Bardella et le RN répondent au coup de billard à trois bandes de la Macronie qui veut faire monter celle de Valérie Hayer grâce à Marion Maréchal.

POLITIQUE - En période électorale, il y a des signes qui ne trompent pas. Alors que le Rassemblement national retenait jusqu’ici ses coups contre Marion Maréchal, préférant reléguer le parti zemmouriste à une offre marginale, le parti lepéniste a déterré la hache de guerre. Dans un visuel publié ce lundi 8 avril sur le réseau social X, le RN sort les griffes.

« Voter pour Marion Maréchal, c’est voter pour le Pacte Asile et Migration imposé par l’UE d’Ursula von der Leyen et soutenu par Giorgia Meloni ! », tacle la formation de Jordan Bardella, oubliant un peu vite que son allié italien au Parlement européen, la Ligue du Nord de Matteo Salvini, fait partie de la coalition gouvernementale de la première ministre italienne vilipendée dans ce tweet.

En prime, un photomontage montrant Marion Maréchal comme une affidée de la présidente de la Commission européenne et un slogan appelant au « vote utile » le 9 juin prochain.

Comment expliquer cette attaque frontale, alors que la tête de liste Reconquête fait partie de ceux qui, en zemmourie, plaident pour ménager le RN, préférant consacrer ses attaques contre LR avec l’objectif de supplanter le parti d’Éric Ciotti ? « J’avoue ne pas comprendre. Ça peut provoquer un gros retour de flamme pour eux. Le ministre italien de l’intérieur du gouvernement Giorgia Meloni est membre de la Lega », observe auprès du HuffPost un stratège du parti d’Éric Zemmour.

Le débat Hayer/Maréchal

La réponse est peut-être à aller chercher du côté du canal 16 de la TNT, ce lundi soir à 21 heures. Marion Maréchal débattra avec la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer, sur CNews. Un duel cathodique sur la chaîne préférée de l’extrême droite qui, selon Politico, a été pensé en Macronie comme un outil pouvant nuire au parti lepéniste. L’idée : offrir de la visibilité à Marion Maréchal (qui stagne entre 5 et 6 % d’intentions de vote), ce qui lui permettrait de grappiller quelques points à la tête de liste RN, et ainsi réduire l’écart entre Valérie Hayer et Jordan Bardella.

« Ça nous va mieux si c’est plus réparti entre ces deux listes », admet à Politico un membre de l’équipe de campagne de Valérie Hayer. Conscient de cette manœuvre, le RN pend donc soin de miner le terrain, en dépeignant (même grossièrement) Marion Maréchal en alliée d’Ursula von der Leyen. Et ce, même si ce coup de billard à trois bandes imaginé en Macronie semble pour le moins hasardeux. Puisque les précédents en la matière ont plutôt tendance à démontrer qu’il n’y a pas de neutralisation automatique entre le vote RN et celui Reconquête.

À titre d’exemple, Marine Le Pen a récolté 23,15 % des voix en 2022, soit une progression de deux points par rapport à 2017. Et pourtant, lors de la dernière présidentielle, la candidate RN avait face à elle la concurrence d’Éric Zemmour, qui a obtenu 7 % des voix. Preuve s’il en est que les extrêmes droites peuvent aussi s’additionner dans les urnes, sans pour autant affaiblir le RN. Sans surprise, cette stratégie bancale fait déjà bondir la gauche. « Leur grand plan pour contrer l’extrême droite : faire monter l’autre extrême droite ! Leur irresponsabilité et leur cynisme sont sans limites », a pesté dans un tweet le secrétaire général du Parti socialiste (et candidat aux élections européennes) Pierre Jouvet.

À voir également sur Le HuffPost :

Européennes 2024 : Jordan Bardella absent des premiers débats, comment le RN le justifie

Déficit public : geler les retraites et prestations sociales ? La « piste » risquée de Sylvain Maillard