Européennes : Mélenchon alerte sur « des électeurs radiés », Faure dénonce une « dérive dangereuse »

Les propos du fondateur de LFI, qui a semblé remettre en cause la sincérité de la présidentielle et des européennes, ont fait bondir le Premier secrétaire du Parti socialiste.

Attention aux « dérives ». Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure s’est indigné ce mardi 4 juin d’un « dérapage incompréhensible » du leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon qui a semblé remettre en cause la sincérité des élections européennes qui auront lieu dimanche 9 juin.

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« On a le droit de s’interroger sur l’organisation des scrutins. Ce qui est dramatique, c’est de laisser penser effectivement que ce serait une manipulation et que ce serait une manipulation dirigée contre le seul parti de La France insoumise, ce qui n’a aucun sens. C’est à nouveau un dérapage qui est incompréhensible car nous devons toutes et tous, ensemble, défendre la démocratie », a déclaré le patron du PS sur Sud radio.

Jean-Luc Mélenchon avait affirmé dimanche sur la plateforme X que le groupe LFI à l’Assemblée allait « déclencher une commission d’enquête sur le déroulement des élections en France ». « Marre des électeurs radiés dans les quartiers populaires ! Marre des professions de foi non distribuées ! Marre des bulletins de vote non livrés ! Il va leur en cuire ! », avait-il écrit.

« Les élections de 2017 et 2022 n’ont pas été volées. Elles ont été réalisées dans des conditions que personne ne peut contester », a répliqué mardi Olivier Faure, déplorant une stratégie qui risque d’augmenter le taux d’abstention.

Cette sortie de Jean-Luc Mélenchon lui a valu d’être comparée par certains, dont le député Renaissance du Maine-et-Loire Denis Masséglia, à Donald Trump. L’ex-président américain n’a jamais reconnu l’élection de son successeur à la Maison Blanche et est accusé d’avoir incité ses partisans à prendre d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021.

Olivier Faure a cependant refusé d’établir un parallèle direct entre les deux hommes. Toutefois, « laissez penser qu’il y a une dérive démocratique en France, c’est évidemment une dérive dangereuse, a-t-il jugé, parce que ça laisse penser aux Français que nous ne serions plus en démocratie et que les jeux seraient truqués ». « Les jeux ne sont pas truqués » même si « on peut regretter les résultats », a-t-il poursuivi, évoquant par exemple le second tour de la présidentielle 2022.

Au cours de cet entretien sur Sud Radio, Olivier Faure s’est dit « heurté » par d’autres déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui a écrit dans une note de blog que « l’antisémitisme reste résiduel en France ». « Tout montre qu’il y a au contraire une explosion de l’antisémitisme dans notre pays », a-t-il dit. « Pourquoi ? Pourquoi à chaque fois jouer avec la ligne jaune ? », s’est-il interrogé à propos du leader de LFI.

« Moi je suis à la fois profondément heurté par tout acte antisémite et j’ai manifesté contre l’antisémitisme. Et en même temps, depuis le premier jour, je me bats contre la punition collective qui est infligée aux Palestiniens et je souhaite la reconnaissance d’un État palestinien à côté d’un État israélien qui vivrait en sécurité », a-t-il ajouté. Il a estimé que les paroles de Jean-Luc Mélenchon donnaient « le sentiment là aussi d’une forme de dérive incompréhensible ». « Je ne sais pas quelle cause on défend quand on minimise un phénomène aussi grave que l’antisémitisme », a renchéri le président du groupe PS à l’Assemblée Boris Vallaud sur TF1 ce mardi.

L’alliance de gauche Nupes entre LFI, les socialistes, les communistes et les écologistes avait explosé à l’automne en raison de leurs désaccords sur le Proche-Orient après les attaques du Hamas le 7 octobre. Depuis, les coups pleuvent entre les différentes directions, au point d’interroger sur une véritable union d’ici 2027 que certains continuent d’appeler de leurs vœux.

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