Européennes: le RN recrute l'ex-commissaire Matthieu Valet et dénonce "l'ensauvagement" de la société

Le président du RN et tête de liste aux européennes, Jordan Bardella, lors d'un meeting de campagne à Montbéliard, le 22 mars 2024 dans le Doubs (PATRICK HERTZOG)
Le président du RN et tête de liste aux européennes, Jordan Bardella, lors d'un meeting de campagne à Montbéliard, le 22 mars 2024 dans le Doubs (PATRICK HERTZOG)

Avec l'arrivée de l'ex-porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police Matthieu Valet sur sa liste aux élections européennes, le Rassemblement national entend préempter la question sécuritaire alors que Marine Le Pen a encore dénoncé mardi "l'ensauvagement" de la société.

"J'ai la fierté de rejoindre ce grand mouvement populaire": en annonçant mardi matin son ralliement à la liste Bardella pour le scrutin du 9 juin, Matthieu Valet a assuré vouloir "redresser notre pays et remettre la France en ordre".

Âgé de 38 ans, l'ancien chef adjoint de la brigade anti-criminalité (BAC) du Val-de-Marne devenu responsable syndical, a assuré sur CNews et Europe 1 qu'il figurerait parmi "les dix premières places" de la liste RN.

"Marine Le Pen et Jordan Bardella me donnent la formidable occasion de porter les couleurs de mon institution au Parlement européen", a-t-il ajouté, rappelant qu'il était devenu "gardien de la paix par les concours, le travail, l'effort et le mérite".

L'arrivée de l'ex-commissaire de police dans l'orbite lepéniste bruissait depuis plusieurs semaines, valant d'ailleurs à l'intéressé le retrait mi-décembre de son mandat de porte-parole d'un syndicat qui se voulait "apolitique" - M. Valet contestant à l'époque ces "rumeurs".

"Quand on m'a prêté ces ambitions, je n'y pensais absolument pas, on ne m'avait rien proposé", a-t-il encore assuré mardi, datant la proposition de Jordan Bardella à "quelques semaines".

- "Pas de surenchère" -

La concrétisation de cet engagement suscite au RN un satisfecit, tant l'arrimage à la liste d'une personnalité présentée comme spécialiste de la sécurité, l'un des thèmes fondamentaux du parti, arrive à point nommé.

Samedi, lors d'un déplacement dans le Nord, Jordan Bardella avait déjà dénoncé "une barbarie nouvelle", après une succession de faits divers qui ont ému l'opinion publique - passage à tabac d'une collégienne à Montpellier, agression mortelle d'un adolescent de 15 ans en Essonne ou viol mortel d'une jeune fille de 13 ans dans l'Oise.

"Ce droit au tabassage, ce droit de vie ou de mort, ces agressions impulsives, gratuites, interviennent sur fond de sexisme, d'intégrisme religieux, de racisme, de partage mafieux de territoires, de volonté de semer la terreur", a enfoncé mardi Marine Le Pen lors d'une adresse au Premier ministre à l'Assemblée nationale.

"Certains parlent de +décivilisation+, laissant entendre que toute la société perdrait ses repères moraux", a ajouté la patronne des députés RN, en référence à un terme déjà employé par Emmanuel Macron.

"Je préfère qualifier cet effondrement moral et social du terme d'ensauvagement", a-t-elle pointé, en réclamant de l'"autorité".

Au RN, on assume "d'aller sur un créneau aussi retentissant", décrypte un député lepéniste, "même si notre position de favori dans les sondages nous oblige à ne pas faire de surenchère: on ne va pas aller fleurir les tombes des morts, comme le fait Marion Maréchal".

- Figure médiatique -

La prise de guerre Valet entend ainsi donner du crédit aux solutions prônées par le parti à la flamme, autant qu'elle illustre sa capacité à attirer des personnalités extérieures après avoir déjà engrangé les ralliements de l'ancien patron de l'agence européenne des garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, et de l'essayiste Malika Sorel.

A l'instar de ces derniers - et de Jordan Bardella -, Matthieu Valet fait valoir ses origines étrangères, en l'espèce espagnoles, soulignant par ailleurs son extraction modeste pour avoir grandi "dans une tour de 15 étages d'une cité à Lille".

Avantage supplémentaire, Matthieu Valet peut également s'enorgueillir d'une notoriété auprès du grand public, habitué des plateaux de radio et télévision, notamment dans l'émission "Les grandes gueules" sur RMC ou "L'heure des Pros" sur CNews.

Une nouvelle incarnation de la "dédiabolisation" du Rassemblement national, dont la liste est créditée d'environ 30% d'intentions de vote par les sondages, loin devant les macronistes menés par l'eurodéputée Valérie Hayer.

"Je vais dans un parti qui est un grand parti républicain et qui aujourd'hui, pour moi, incarne le seul espoir et la seule espérance pour les Français", a considéré l'ancien commissaire de police, estimant que la droite LR est une formation qui "parle comme nous" et "pense comme nous", mais qui n'a "pas encore le courage de venir intégrer les rangs du Rassemblement national".

Quant à Reconquête!, le mouvement d'Eric Zemmour dont la liste pour les Européennes est dirigée par Marion Maréchal, il a déploré qu'il n'ait pas "l'ambition d'être un parti de gouvernement".

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