Espoirs et préoccupations de jeunes électeurs en Corée du Sud

Cho Na-young, une étudiante sud-coréenne de 22 ans, près d'un bureau de vote à Séoul, le 10 avril 2024 (Anthony WALLACE)
Cho Na-young, une étudiante sud-coréenne de 22 ans, près d'un bureau de vote à Séoul, le 10 avril 2024 (Anthony WALLACE)

Chômage élevé chez les jeunes, polarisation politique et hausse du coût de la vie : de jeunes électeurs sud-coréens ont confié à l'AFP ce qui les préoccupait alors qu'ils votaient - certains pour la première fois - aux législatives de mercredi.

Au cours de ce scrutin, les électeurs de plus de 60 ans ont été plus nombreux que ceux dans la vingtaine ou la trentaine, selon des chiffres officiels, dans un pays au taux de natalité en berne.

Une journaliste de l'AFP a interrogé plusieurs jeunes électeurs à Séoul afin de connaître leurs préoccupations et leurs attentes pour ces élections, qui se sont soldées par une large victoire de l'opposition de gauche et une déroute des conservateurs du président Yoon Suk Yeol.

- Difficile de trouver du travail -

Devant un bureau de vote installé chez un concessionnaire de voitures KIA, Ahn Hyun-sup, un étudiant de 21 ans, raconte à l'AFP que c'est la première fois qu'il vote à des législatives.

"De nos jours, beaucoup de jeunes ne s'intéressent pas aux élections. Mais si les jeunes ne vont pas voter, les hommes politiques ne tiendront plus compte de leurs opinions", dit-il.

"C'est pourquoi je suis venu voter aujourd'hui. Il est difficile pour les jeunes de trouver du travail. J'espère que les députés nouvellement élus résoudront certains des problèmes liés à l'emploi", poursuit cet étudiant.

Evoquant la vie politique sud-coréenne polarisée et marquée par la confrontation, M. Ahn ajoute : "j'espère qu'ils arrêteront de se battre et qu'ils prépareront des politiques pour le peuple".

Kim Yong-ho, 24 ans, propriétaire d'une entreprise de restauration, se rend lui aussi aux urnes pour la première fois. Pour lui, il est important de voter et il juge que ceux qui ne le font pas n'ont pas le droit de critiquer le système.

"Il y a certainement moins d'intérêt pour ces élections que pour la présidentielle de 2022", dit-il.

"Je pense que c'est parce que (les gens) se sentent plutôt déçus. La situation réelle après les élections ne s'est pas améliorée comme ils l'espéraient", avance-t-il. "Peut-être que la politique transformera l'avenir. Mais pour l'instant je n'ai pas vraiment l'impression qu'elle transforme grand-chose".

- Loyers exorbitants -

Son Su-yeon, 27 ans, travaille dans le secteur des services. C'est la deuxième fois qu'elle vote au cours d'un scrutin national et elle pense qu'il est important que les jeunes participent aux élections.

"Le droit de vote est si précieux, je ne veux pas le gâcher", explque-t-elle, déplorant que les gens semblent plus enclins à voter lorsqu'ils sont mécontents que lorsqu'ils sont satisfaits.

Pour elle, "la plupart des politiques ne semblent pas réalistes" pour affronter le problème du taux de natalité, le plus faible du monde, qui menace de transformer la Corée du Sud en nation de vieillards.

Mais pour elle, les logements inabordables pour les jeunes qui vivent dans la capitale sont "l'un des plus gros problèmes en ce moment".

"J'ai l'intention de me marier dans quelques années, alors c'est quelque chose que je dois prendre en compte", dit-elle.

Choi Ji-sun, 25 ans, a voté à chaque scrutin depuis qu'elle est en âge de le faire. Mercredi, c'était la troisième fois qu'elle se rendait aux urnes. "Je pense que le droit le plus puissant dont disposent les citoyens est le droit de vote", dit-elle.

"Il y a trop de politiques, tous les engagements ne sont pas tenus. Cela a entraîné un désengagement progressif et une baisse de mes attentes", ajoute-t-elle. "Si l'on regarde la situation actuelle, le coût de la vie est trop élevé et il n'y a pas beaucoup de politiques pour les jeunes".

- Corée du Nord -

Tous les hommes sud-coréens doivent effectuer un service militaire obligatoire d'au moins 18 mois. Kim Yeong-kwang, 21 ans, vient de terminer le sien.

"Parce que j'ai été récemment démobilisé, je suis très préoccupé par les relations avec la Corée du Nord et les questions de sécurité nationale", déclare cet étudiant.

"Les jeunes doivent montrer plus d'intérêt pour que les responsables politiques se soucient davantage de nous et proposent des mesures pour nous", poursuit-il. "Mais il semble que nous ne soyons pas très intéressés. Peut-être parce que nous sommes trop occupés à gagner notre vie".

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