Elections au Mexique: des répétitions dans les communautés les plus reculées

Une femme de la communauté autochtone Wixarika participe à un simulacre de vote lors d'une répétition des élections du 2 2024 organisée par l'Institut national électoral (INE) à Tuxpan de Bolaños, Jalisco, dans l'ouest du Mexique, le 18 mai 2024 (ULISES RUIZ)
Une femme de la communauté autochtone Wixarika participe à un simulacre de vote lors d'une répétition des élections du 2 2024 organisée par l'Institut national électoral (INE) à Tuxpan de Bolaños, Jalisco, dans l'ouest du Mexique, le 18 mai 2024 (ULISES RUIZ)

A moins de deux semaines des plus grandes élections jamais organisées au Mexique, des répétitions ont lieu, avec des urnes factices, dans les communautés les plus éloignées, parfois des zones peu sûres.

Un correspondant de l'AFP a suivi des fonctionnaires de l'Institut national électoral (INE) à Tuxpan de Bolaños, dans une zone reculée du nord de l'Etat du Jalisco, pour une séance de sensibilisation électorale auprès de la communauté autochtone wixarika.

"Nous allons tous tenter d'apprendre comment va se dérouler le jour de l'élection", lance un représentant de l'INE à des responsables locaux en tenue traditionnelle.

"C'est un peu difficile étant donné la région", explique à l'AFP Catrina Avila, qui reçoit une formation pour tenir un bureau de vote le 2 juin. "Parfois le matériel électoral n'arrive pas".

"Lors des élections antérieures, il y a eu des difficultés pour organiser les élections", confirme le représentant de l'INE, Roselvet Toledo, venu de Tequila, le berceau du célèbre alcool, à quatre ou cinq heures de route.

- "Beaucoup d'enthousiasme" -

"Maintenant, il y a beaucoup d'enthousiasme parce qu'ils vont voter, parce qu'ils vont être délégués dans les bureaux de vote. Cela profite à l'INE et à la démocratie", ajoute-t-il.

Aux élections législatives de 2021, des électeurs wixárikas ont parfois dû marcher jusqu'à quatre heures pour arriver au bureau de vote installé dans la localité de Mezquitic (Jalisco), avait alors constaté l'AFP.

Ils ont marché sous la menace des narcotrafiquants qui harcèlent ces communautés, et se disputent le contrôle des voies d'échappatoire face à d'éventuelles opérations des autorités.

"L'INE a pour objectif principal de rapprocher chaque bureau de vote des localités les plus éloignées", ajoute le fonctionnaire.

Pour des raisons de sécurité, l'équipe de l'Institut électoral et le journaliste de l'AFP sont rentrés avant la tombée de la nuit à Guadalajara via Tequila.

Le Mexique s'apprête à tenir le 2 juin les plus grandes élections de son histoire: les Mexicains voteront non seulement pour la présidentielle, mais aussi pour leurs représentants au Congrès et aux Sénat, ainsi que dans neuf gouvernorats sur 32 Etats, et une myriade d'élections locales. Un peu plus de 20.000 mandats sont à pourvoir au total.

Une trentaine de candidats à des mandats locaux ont déjà été assassinés dans des zones victimes de la délinquance organisée.

Claudia Sheinbaum est la favorite pour devenir la première présidente dans l'histoire du Mexique, avec 49% des intentions de vote contre 32% pour sa rivale Xochitl Galvez et 8% pour Jorge Maynez, d'après le dernier sondage du Financiero en date du 26 avril.

- Autogestion à Cheran -

Une autre communauté autochtone, les Purepecha du Michoacan dans l'ouest, ont désigné dimanche leurs leaders traditionnels lors d'un scrutin à Cheran.

La localité indigène de Cheran est devenue en 2011 la première du Mexique à s'autogérer d'après ses lois et coutumes, en rejetant les partis traditionnels incapables de faire face au crime organisé.

"Cela n'a pas été facile. Cela a coûté des vies, des extorsions, des menaces", résume un responsable de la communauté purepecha, Marco Hugo Guardian.

str-st/chv