Deux ans après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, l’IVG toujours plus menacée

Le couperet est tombé il y a deux ans. Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis annulait l’arrêt fédéral Roe vs Wade qui garantissait le droit d’avorter sur tout le territoire depuis 1973.

Depuis, chaque État est libre de déterminer sa propre politique sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

À l’aube de l’élection présidentielle, le site d’information américain Vox dresse un bilan des conséquences de cette annulation.

“À la suite de la décision de la Cour suprême, treize États ont immédiatement mis en œuvre l’interdiction de l’IVG votée en amont, en prévision d’un tel coup de théâtre”, retrace Vox.

Aujourd’hui, quatorze États ont supprimé ce droit et six le restreignent drastiquement, principalement dans le sud et le centre du pays.

La législation concernant le droit à l’avortement dans les États américains.. COURRIER INTERNATIONAL
La législation concernant le droit à l’avortement dans les États américains.. COURRIER INTERNATIONAL

“Bien que le nombre d’IVG ait légèrement augmenté à l’échelle nationale, certains États n’en pratiquent quasiment plus du tout”, du moins pas dans un cadre officiel, déplore encore auprès de Vox Usha Ranji, directrice adjointe chez KFF, un organisme spécialisé dans la recherche et l’information sur les politiques de santé.

“Certaines femmes qui souhaiteraient avorter ne peuvent pas le faire, car elles n’ont pas la possibilité de se rendre dans un État plus permissif.”

Usha Ranji, directrice adjointe pour les politiques de santé à destination des femmes chez KFF, à “Vox”

Manifestation à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, le 24 juin 2022.
Faute de pouvoir exercer dans de bonnes conditions, de plus en plus de médecins quittent les États où l’avortement est interdit ou limité.. Photo Kathleen Flynn/The New York Times
Manifestation à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, le 24 juin 2022. Faute de pouvoir exercer dans de bonnes conditions, de plus en plus de médecins quittent les États où l’avortement est interdit ou limité.. Photo Kathleen Flynn/The New York Times

De vastes déserts médicaux ont ainsi émergé, laissant certaines zones du pays dépourvues de solutions pour avorter sur plusieurs centaines de kilomètres.

En outre, “les femmes enceintes se retrouvent alors privées de certains actes médicaux indispensables au suivi de la grossesse, car leurs médecins redoutent d’éventuelles répercussions judiciaires, relève le média américain. Tout cela ne fait qu’aggraver des inégalités déjà bien ancrées.”

Une ancienne clinique pratiquant l’avortement à Knoxville (Tennessee). Dans cet État, l’avortement est presque totalement interdit depuis 2022.
Selon une étude de chercheurs de l’université du Colorado, fondée sur des données de 2020, si aucun avortement n’était pratiqué à l’échelle nationale, il y aurait une augmentation globale de 24 % de la mortalité maternelle au bout d’un an. . PHOTO JESSICA TEZAK/THE NEW YORK TIMES

“Les femmes [noires], qui ont toujours souffert, sont aujourd’hui les premières victimes de cette crise de l’avortement.”

Candace Gibson, de l’Institut Guttmacher, spécialisé dans la recherche sur l’IVG, à “Vox”

Dans une clinique texane qui pratiquait l’avortement, en avril 2022. 
Depuis l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, avorter est illégal au Texas dans l’immense majorité des cas.. Photo Callaghan O'Hare/The New York Times
Dans une clinique texane qui pratiquait l’avortement, en avril 2022. Depuis l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, avorter est illégal au Texas dans l’immense majorité des cas.. Photo Callaghan O'Hare/The New York Times

Faute de pouvoir exercer dans de bonnes conditions, ou par peur de représailles judiciaires en cas de soins jugés illégaux, de plus en plus de médecins quittent les États où l’avortement est interdit ou limité.

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