Covid-19 : à Hong Kong, une nouvelle stratégie de dépistage très controversée

Dans certains quartiers de Hong Kong, les autorités mettent en place un confinement surprise afin de tester tous les habitants.
Dans certains quartiers de Hong Kong, les autorités mettent en place un confinement surprise afin de tester tous les habitants.

Les autorités de Hong Kong ont mis en place une stratégie de dépistage du coronavirus aussi surprenante que controversée : ils confinent sans préavis des quartiers entiers afin de tester les habitants.

Les autorités hongkongaises veulent éviter une nouvelle vague de coronavirus. À tout prix. Quitte, pour cela, à utiliser des méthodes très controversées.

Selon des informations publiées dans The Guardian ce 3 février, depuis une dizaine de jours, des quartiers résidentiels complets sont confinés sans que les habitants ne soient prévenus à l’avance. Des escadrons de policiers surgissent dans différents endroits de cette région administrative, pour faire passer un test de dépistage du coronavirus à tous les habitants. En cas de refus, ils reçoivent une amende d’un peu plus de 500 euros.

Une vidéo de ce genre d’intervention a été dévoilée sur les réseaux sociaux. On y voit des policiers courir pour barricader le quartier et ses occupants.

VIDÉO - Hong-Kong : fin du premier confinement d’un quartier

Sortis de force par les policiers

Mardi 2 février, les autorités ont même averti que les forces de l’ordre pouvaient faire irruption chez les habitants qui refuseraient d’ouvrir - quitte à fracturer la porte au besoin - et les faire sortir de force s’ils refusaient de se soumettre à un test.

Une fois sortis de leur appartement, les habitants de l’immeuble ou du quartier se retrouvent dans des centres de dépistages temporaires installés sur place. En général, ce confinement surprise ne dure qu’un ou deux jours. Comme le précise The Guardian, ces interventions peuvent parfois avoir lieu dans des bâtiments qui incluent des magasins. Dans ces cas, les gérants ainsi que les clients sont également concernés par le confinement.

Une méthode critiquée pour son coût...

Cette méthode a évidemment été vivement critiquée. Pas seulement pour sa ressemblance avec un guet-apens tendu par les forces de l’ordre, mais aussi pour son coût et son efficacité. La plus récente opération du genre, qui a conduit au dépistage de 2 000 personnes, n’aurait permis de détecter aucun cas positif. Le week-end dernier, seuls 13 cas ont été trouvés sur quelque 7 000 tests. Or, ces opérations nécessitent beaucoup de personnel.

Malgré les critiques, le gouvernement n’a pas l’intention de changer de stratégie. Il prévoit de réaliser au moins une intervention de ce genre par jour, jusqu'au début des festivités du nouvel an lunaire, le 12 février prochain.

...et son efficacité

Matthew Cheung Kin-chung, Premier secrétaire de Hong Kong, s’est félicité des résultats obtenus, expliquant que c’était “une bonne nouvelle” de voir que les quartiers soumis à ces tests forcés présentaient si peu de cas. Sophia Chan, la Secrétaire à l’Alimentation et à la Santé, a elle aussi loué l’efficacité de ces confinements instantanés, estimant qu’ils permettaient d’identifier et d’isoler rapidement les cas et leurs contacts.

Pour le professeur James Trauer, chef de l’unité de modélisation épidémiologique de l’université de Monash (Australie), interrogé par The Guardian, cette méthode est loin d’être miraculeuse. Une tactique similaire avait d'ailleurs été tentée à Melbourne - tester et confiner par quartier - “mais en réalité, la zone où le virus se transmettait était bien plus large que celle qu’on avait quadrillée. Les réseaux et les contacts des gens ne se limitent pas à ces frontières rigides”, a-t-il précisé au quotidien. Sans oublier que, puisque la période d’incubation peut parfois durer jusqu’à 14 jours, les habitants testés lors de ces opérations peuvent être négatifs au moment du test, puis transmettre le virus une fois ce confinement express levé.

Hong Kong est plongée dans une nouvelle vague de contaminations depuis le mois de décembre. Malgré de nouvelles restrictions et un ralentissement fin décembre, les cas sont repartis à la hausse mi-janvier. De quoi inquiéter à quelques jours du nouvel an chinois.

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