Covid-19 : comment s'explique la mutation d'un virus ?

Les mutations du nouveau coronavirus sont nombreuses, mais certaines sont plus marquées que d'autres.
Les mutations du nouveau coronavirus sont nombreuses, mais certaines sont plus marquées que d'autres.

Depuis qu’il a été découvert il y a un an, le nouveau coronavirus a déjà connu plusieurs mutations. Si certaines passent inaperçues, d’autres peuvent modifier ses caractéristiques.

L’information inquiète aux quatre coins de l’Europe. Une nouvelle souche du coronavirus a été identifiée en Angleterre, et au vu de sa progression, elle pourrait même être beaucoup plus contagieuse. Alors, à quelques jours des fêtes de fin d’année, plusieurs pays ont même fait le choix de suspendre les déplacements avec la Grande-Bretagne ou d’imposer une quarantaine aux voyageurs qui en reviendraient.

Si cette mutation du virus fait particulièrement parler d’elle, c’est pourtant loin d’être la première depuis que le Covid-19 a fait son entrée dans nos vies, il y a un an de cela.

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Des erreurs lors de la reproduction

Mais comment expliquer de telles transformations ? Un virus “est composé d’acides aminés qui forment un code génétique”, comme l’ADN dans nos propres cellules, nous explique Marc Gastellu-Etchegorry, médecin épidémiologiste et directeur adjoint d’Epicentre.

Ce virus, une fois qu’il a intégré un hôte - qu’il soit humain ou animal - va se multiplier très vite. Pour cela, il va “se répliquer, c’est-à-dire qu’il va reproduire son matériel génétique. Une opération qu’il va faire des millions de fois”, décrit le spécialiste. Or il arrive que, de temps en temps, au cours de cette reproduction, il y ait une erreur. Le virus crée donc un virus très similaire, mais avec un matériel génétique quelque peu différent.

Si tous les virus sont susceptibles de muter, ils ne sont pas égaux sur le sujet et certains sont plus stables que d’autres. C’est par exemple le cas de la poliomyélite ou de la rougeole, dont “les vaccins sont les mêmes depuis très longtemps”. À l’inverse, le nouveau coronavirus, tout comme la grippe, semble faire partie des virus dont les mutations sont nombreuses.

Des mutations plus ou moins légères

Après une erreur au cours de la reproduction, la nouvelle version du virus peut être “impropre à la survie, parce que l’erreur est trop importante”, détaille Marc Gastellu-Etchegorry. Dans ce cas, la réplique du virus meurt. Mais parfois, cette mutation est propre à la survie, “et elle va alors se multiplier dans l’hôte”, poursuit-il.

Parmi les mutations qui parviennent à survivre, certaines sont très légères, et dans ce cas “on ne s’en aperçoit que lorsqu’on étudie le matériel génétique du virus”, précise le médecin épidémiologiste. Sans que les conséquences ne soient suffisamment importantes pour être vraiment remarquées, donc. Mais il arrive que l’erreur commise au moment de la réplique soit plus grande. La mutation est alors plus importante et elle peut changer les caractéristiques du virus, par exemple sur sa virulence ou sur sa transmissibilité.

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que la mutation actuellement présente en Angleterre pourrait avoir agi. Le virus serait devenu “hors de contrôle”, selon les mots du ministre de la Santé, Matt Hanckok. Sur cette question, le médecin épidémiologiste Marc Gastellu-Etchegorry se veut prudent : “quelle est la part de la mutation dans cet échappement au contrôle ? Je n’en ai aucune idée, c’est encore très tôt pour le dire”.

D’ailleurs, comme le précise le Huffington Post, si les scientifiques britanniques ont bien démontré le fait que la mutation du virus occupait une part de plus en plus importante des contaminations, aucun lien direct n’a pour l’heure été démontré entre la mutation et la transmission.

Des conséquences possibles

Lorsque les caractéristiques génétiques d’un virus sont modifiées, il peut y avoir d’autres conséquences, directement liées à l’ADN. D’abord sur les résultats des tests PCR. Cet outil de diagnostic s’appuie sur “l’analyse du matériel génétique. En clair, on regarde si le codage est identique”, décrit Marc Gastellu-Etchegorry. S’il y a une correspondance, le test est positif. Sinon, il est négatif. Donc en cas de modification génétique trop marquée du virus, ce type de test pourrait ne pas réagir.

Par ailleurs, les mutations peuvent aussi avoir un impact sur l’action des vaccins. “Ils sont fabriqués pour répondre à un certain type de virus et il faut que la séquence soit à peu près respectée pour qu’ils soient efficaces”, avance le médecin épidémiologiste. C’est ce qui explique que le vaccin contre la grippe change régulièrement. Parce que le virus de la grippe “est en constante mutation”. “Durant l’hiver de l’hémisphère sud, qui correspond à notre été, on regarde quelles souches de la grippe circulent, on regarde quelle est la probabilité que ces souches arrivent dans l’hémisphère nord et on fabrique un vaccin à partir de ces souches-là”, nous décrit-il.

Trop tôt pour se prononcer

Concernant la mutation du coronavirus repérée en Angleterre, l’efficacité du vaccin ne semble pour l’heure, pas remise en question. “À ce stade nous n'avons pas identifié de variant du virus dans le monde sur lequel les vaccins ne sont pas efficaces”, a notamment rassuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, interrogé sur le sujet sur Europe 1, ce lundi 21 décembre.

“J’attends d’avoir plus d’informations pour me prononcer”, tempère de son côté Marc Gastellu-Etchegorry, qui rappelle qu’on “est face à une épidémie qui évolue sans cesse” et que ce n’est pas la première mutation du nouveau coronavirus. Les prochaines semaines devraient permettre d’y voir plus clair.

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