Coronavirus : Donald Trump n'est pas le seul à avoir minimisé l'épidémie

Donald Trump a expliqué à un journaliste avoir sciemment minimisé la gravité du Covid-19. Mais il n'est pas le seul à avoir pris le virus à la légère dans un premier temps.
Donald Trump a expliqué à un journaliste avoir sciemment minimisé la gravité du Covid-19. Mais il n'est pas le seul à avoir pris le virus à la légère dans un premier temps.

Donald Trump aurait volontairement minimisé la gravité du coronavirus, selon des révélations du journaliste Bob Woodward. Mais il est loin d’être le seul à avoir, sciemment ou non, dédramatisé la situation.

C’est l’une des révélations du livre Rage, qui sortira le 15 septembre prochain : Donald Trump a volontairement minimisé les risques liés au Covid-19. Dans des entretiens téléphoniques qu’il a eu avec le journaliste Bob Woodward, le président américain expliquait dès la fin du mois de février savoir que le coronavirus était beaucoup plus mortel que la grippe. À cette même période, pourtant, il affirmait publiquement que les deux maladies étaient semblables.

Cette stratégie, le chef de l’État l’a d’ailleurs parfaitement assumée auprès du journaliste, qui affirme dans son ouvrage que Donald Trump lui a expliqué, le 19 mars, avoir “toujours voulu minimiser la menace” du virus afin de “ne pas créer la panique”, comme le rapporte CNN.

Cette révélation fracassante a déjà valu à Donald Trump les critiques de son rival à la présidentielle Joe Biden, estimant qu’il s’agissait d’une trahison du peuple américain.

Mais il est loin d’être le seul à avoir minimisé les effets du Covid-19 sur la santé humaine. Qu’il s’agisse d’un manque de connaissance ou d’un acte volontaire, nombre de gouvernements et même de médecins de par le monde ont d’abord voulu rassurer les populations. Pourtant, dès le 30 janvier, l’OMS décrétait l’urgence sanitaire mondiale sur le sujet.

La France très rassurante

En France, si Édouard Philippe, alors Premier ministre, avait organisé des réunions sur le sujet dès le mois de janvier et pris un certain nombre de décisions - comme le rapatriement des Français de Wuhan et l’isolement des malades - le gouvernement avait tout de même choisi de maintenir les élections municipales. Seul le premier tour avait finalement pu avoir lieu.

Le corps médical a, pour partie, d’abord sous-estimé l’effet du Covid-19. Le professeur Gilles Pialoux, chef de service de l’unité des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, reconnaissait d’ailleurs auprès de Libération, le 10 mars, que “le coronavirus semble plus grave que ce que l’on pensait au départ”.

Le 17 mars, c’est Michel Cymes qui faisait son mea culpa dans l’émission “C à vous”, comme le rappelle Le Parisien. “J’ai probablement trop rassuré les Français”, reconnaissait-il, à propos de son passage dans l’émission Quotidien, lors de laquelle il avait expliqué que le nouveau coronavirus était “une maladie virale comme on en a tous les ans”. “

Début février, le très médiatique Didier Raoult était aussi de ceux qui ne s’inquiétaient pas, affirmant notamment sur RMC qu’il n’y avait “pas de raison d’avoir peur”. “Ce virus n'est pas si méchant, ce n'est pas un meurtrier aveugle”, expliquait-il, à cette même période, au JDD. En avril, il assurait que l’épidémie était “en train de disparaître progressivement”. Une affirmation “prématurée” pour l’ARS.

L’avant/après de Boris Johnson

Comme de nombreux britanniques, Boris Johnson a été atteint par le coronavirus en mars dernier. Et, comme une partie d’entre eux, il a développé une forme plutôt sérieuse de la maladie nécessitant son placement en réanimation, le 6 avril.

Pourtant, avant sa propre expérience, il était plutôt sceptique face au virus et très peu soucieux des gestes barrières, se vantant notamment, le 3 mars dernier, d’avoir serré les mains de tout le monde lors d’une visite à l’hôpital et exhortant les Britanniques à “vivre normalement”.

Face aux chiffres des contaminations en constante augmentation, il avait adopté un tout autre discours, dès le 12 mars, expliquant que de “nombreuses familles allaient perdre des proches prématurément” dans ce qu’il qualifiait de “pire crise sanitaire de la génération”, sans pour autant annoncer de mesures strictes pour tenter d’endiguer l’épidémie.

Finalement, au vu de la gravité de l’épidémie, le Premier ministre britannique a ordonné la fermeture des bars et restaurants le 20 mars, avant d’instaurer un confinement national le 23.

Jair Bolsonaro, du scepticisme au fatalisme

Le président brésilien fait partie de ceux qui ont largement sous-estimé les effets du Covid-19, qu’il a longtemps qualifié de “petite grippe”. “On est en train d’exagérer le pouvoir destructeur de ce virus”, estimait-il, par exemple, le 11 mars. Une dizaine de jours plus tard, il fustigeait “l’hystérie” liée à la pandémie dans les médias et assurait que le Brésil échapperait au pire grâce à son climat.

Face à des chiffres de plus en plus alarmants, Jair Bolsonaro a adapté son discours, assumant de ne pas prendre de mesures drastiques pour maintenir l’économie à flot. Les États et les villes se sont donc organisés eux-mêmes, devant composer avec l’opposition du président à certaines de leurs décisions. Lorsque le nombre de morts du Covid-19 a atteint les 100 000 dans son pays, au début du mois d’août, Jair Bolsonaro a fait preuve d’un certain fatalisme. Il a persisté et signé dans sa gestion de la crise : “nous regrettons tous les morts, on va atteindre les 100.000, mais la vie continue et il faut trouver une façon de s’en sortir”, a-t-il résumé lors d’une cérémonie le 7 août.

Tout au long de l’épidémie, le chef de l’État brésilien a rejeté en masse les gestes barrières et la distanciation sociale. Et ce, même lorsqu’il était lui-même atteint du Covid-19. Son attitude a été tellement en décalage face à la gravité de l’épidémie qu’un syndicat de soignants a déposé plainte pour “crime contre l’humanité” auprès de la Cour pénale internationale, fin juillet.

Pris à la légère par certaines personnalités

Outre les dirigeants, certaines personnalités se sont également fait remarquer en prenant un peu trop à la légère le Covid-19. Ça a notamment été le cas de Carla Bruni Sarkozy, lors du défilé Céline le 28 février dernier. Quinze jours avant le début du confinement, l’ancienne Première dame se félicitait de pouvoir encore faire la bise à Sidney Toledano, PDG de LVMH Fashion, comme l’ont rapporté des images diffusées sur TMC début mars. Geste qu’elle ponctuait d’un “on n'a peur de rien, on n'est pas féministes, on ne craint pas le coronavirus”. Les faits ne s’arrêtaient pas là puisque la chanteuse s’amusait ensuite à faire semblant de tousser sur d’autres personnes. Un comportement pour lequel elle s’est par la suite excusée.

L’Américaine Madonna a, elle aussi, fait preuve d’une certaine légèreté sur le sujet en mai dernier, notamment lorsqu’elle a affirmé “être immunisée” contre le virus, de quoi lui permettre de braver le confinement pour “respirer l’air du Covid”, comme le rapporte Le Point.

Andrea Bocelli a lui aussi tenu des propos polémiques sur le Covid-19. L’Italien, dont le pays a pourtant été très durement touché par la pandémie, a estimé que les mesures prises par son gouvernement étaient “trop alarmistes”, comme le rapporte Le Parisien. Il a même remis en question la gravité de la maladie, expliquant que, malgré le fait qu’il connaisse “beaucoup de gens”, personne dans son entourage n’a “fini en soins intensifs”.

Certaines des déclarations sont à remettre en perspective, compte tenu de l’avancée quotidienne des découvertes sur le sujet. Mais d’autres ont été faites en toute connaissance de cause.

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