Covid-19 : comment la Nouvelle-Zélande a-t-elle réussi à se débarrasser deux fois de l'épidémie ?

La stratégie de la Nouvelle-Zélande face au coronavirus s'est avérée payante.
La stratégie de la Nouvelle-Zélande face au coronavirus s'est avérée payante.

Une fois de plus, la Nouvelle-Zélande a réussi à se débarrasser du Covid-19 sur son territoire. Un succès qui s’explique par le choix, précoce, d’une stratégie d’éradication, en dépit des risques.

C’est un nouvel exploit que signe, ce 5 octobre, la Nouvelle-Zélande. Pour la deuxième fois, le pays a réussi à se débarrasser de l’épidémie de Covid-19. Comme l’a annoncé la Première ministre, Jacinda Ardern, aucune nouvelle contamination n’a été enregistrée depuis 12 jours. Une bonne nouvelle qui lui permet de lever toutes les restrictions qui pesaient sur Auckland depuis le 11 août dernier. Comme le rapporte le New Zealand Herald, un nouveau cas a bien été détecté le 3 octobre, mais il s’agit d’un voyageur en provenance d’Angleterre et ayant transité par Hong Kong, qui a été placé en quarantaine.

Comme ce fut déjà le cas à la fin du mois mai dernier, la Nouvelle-Zélande a réussi une nouvelle fois à en finir avec cette épidémie qui donne pourtant tant de fil à retordre à de nombreux autres pays. Comment expliquer un tel succès ?

Une décision précoce

Le pays a fait le choix de miser très tôt sur une stratégie d’éradication, et ce malgré les risques. Une décision qui a payé. Dès le tout début du mois de février, et avant même que le moindre cas ne soit enregistré en Nouvelle-Zélande, les autorités ont mis en place toute une série de mesures, s’appuyant sur la science.

Le gouvernement a notamment décidé de mettre en place le plan “pandémie grippe” déjà existant, qui consiste à préparer les hôpitaux à accueillir plus de patients, en augmentant non seulement les capacités des services - notamment celui de réanimation - mais aussi en mobilisant du personnel, comme le rappelle The New Zealand Medical Journal. Même si le virus n’était pas encore présent sur l’île, les autorités savaient que son arrivée était inéluctable.

Elles ont tout de même tenté de la retarder avec des contrôles aux frontières. Mais le 26 février, un premier cas de Covid-19 a été détecté en Nouvelle-Zélande. À partir de la mi-mars, il est devenu clair que l’épidémie ne se limitait pas aux nouveaux arrivants sur le territoire ni aux seuls voyageurs, et qu’elle commençait à se répandre au sein de la communauté.

Stratégie d’atténuation ou stratégie d’éradication ?

La pays s’est alors retrouvé face à un choix crucial, résumé par The New Zealand Medical Journal : miser sur une stratégie d’atténuation, visant à éviter un pic de contaminations et à maintenir la courbe à un niveau correct, afin de garantir une bonne gestion sanitaire des patients. Ou miser sur une stratégie d’éradication, bien plus ambitieuse, mais aussi très risquée.

Cette deuxième option revenait à commencer par des mesures très fortes, au lieu de démarrer par des mesures plus proportionnelles à la menace de l’époque puis envisager, en cas d’échec, de prendre effectivement des mesures plus fortes.

Comme le rapporte The New Zealand Medical Journal, la stratégie de l’éradication présentait certains avantages par rapport à la stratégie de l’atténuation : si elle était mise en place suffisamment tôt, elle pouvait permettre de réduire le nombre de cas et de morts, mais devait aussi permettre un retour à la vie normale dès que l’éradication de la maladie aurait été effective, offrant ainsi des bénéfices sociaux et économiques non négligeables.

Mais la stratégie de l’éradication présentait aussi de gros risques : elle impliquait la mise en place immédiate d’un confinement, avec tout ce qu’il présente de conséquences économiques, notamment pour les plus démunis.

Trois axes de travail

Vers la mi-mars, la balance penchait clairement du côté de la stratégie de l’éradication, dévoile The New Zealand Medical Journal. À ce moment-là, le pays comptait seulement une dizaine de cas, mais il était clair que l’épidémie se répandait très vite.

Des mesures ont donc été prises en ce sens, reposant sur trois axes, énumère The New England Journal of Medicine. D’abord, pour retarder - puis ralentir - l’arrivée extérieure du virus, un contrôle continu aux frontières à été mis en place. Contrôle facilité par le fait que la Nouvelle-Zélande soit une île.

Ensuite, pour contrôler la contamination au sein de la population, le gouvernement a misé sur le confinement mais aussi, très tôt, sur le port du masque. Ainsi, le 25 mars, et alors que le nombre de cas avait atteint les 200, le pays est entré dans la phase 4 du niveau d’alerte, qui signifie la fermeture des établissements scolaires, des entreprises et commerces non essentiels, et l’appel à rester chez soi.

Le dernier axe repose sur le contrôle des cas, grâce à un système de repérage, de traçage et l’application stricte d’une quarantaine et d’un isolement pour les personnes contaminées et leurs proches.

Une réaction “fondée sur la science”

Cette réaction “rapide” du gouvernement, “fondée sur la science”, ainsi que la confiance de la population en sa Première ministre, ont permis le succès de la stratégie d’éradication, estime The New England Journal of Medicine.

Durant les cinq semaines de confinement, le nombre de nouveaux cas a très vite chuté. Fin avril, le pays est donc passé au stade 3, avec la réouverture de certains commerces non essentiels et le retour de la vente de nourriture à emporter, mais le maintient du télétravail et de la fermeture des établissements scolaires. Une phase observée pendant 15 jours.

Mi-mai, le pays est passé au niveau 2 d’alerte. Et enfin, le 8 juin, avec deux semaines d’avance, le pays est entré dans le stade 1, puisqu’aucun nouveau cas n’avait été enregistré depuis plus de deux semaines et que le pays ne comptait plus de cas actifs. Seules restrictions encore en cours : les frontières sont restées fermées et les voyageurs de retour en Nouvelle-Zélande doivent observer une quatorzaine. Un peu plus de cent jours après l’arrivée du tout premier cas, le pays a ainsi réussi à se débarrasser de l’épidémie. Une deuxième vague est cependant venue ternir ce succès, après trois mois de tranquillité.

Une stratégie payante une fois de plus

Le 11 août dernier, quatre cas de Covid-19 ont été détectés en Nouvelle-Zélande, au sein de la communauté - c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas de voyageurs revenant de l’étranger. Là encore, les décisions gouvernementales ont été aussi rapides que sévères : le soir même, Jacinda Ardern annonçait que le pays repassait au stade 2 et que Auckland et sa région (où les quatre cas avaient été identifiés) retournaient en phase 3, soit presque un reconfinement total puisqu’il implique la reprise du télétravail, la fermeture des établissements scolaires et l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes.

Cette nouvelle phase a duré trois semaines, jusqu’au début du mois de septembre. Et, depuis 12 jours, plus aucune nouvelle transmission n’a été détectée. Les seules nouveaux cas sont ceux de voyageurs. Une fois encore, la stratégie s’est avérée payante.

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