Covid-19 : qu’est-ce qui s’améliore, qu’est-ce qui inquiète encore ?

Certains indicateurs montrent un léger ralentissement de la progression de l'épidémie de coronavirus en France.
Certains indicateurs montrent un léger ralentissement de la progression de l'épidémie de coronavirus en France.

Quelques indicateurs semblent montrer que la progression de l’épidémie de Covid-19 commence légèrement à ralentir. Mais il est encore trop tôt pour tirer de réelles conclusions.

La deuxième vague du coronavirus commencerait-elle, enfin, à ralentir en France ? Après des semaines de progression à un rythme effréné, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé, ce dimanche 8 novembre dans l’émission Questions Politiques, un “frémissement”, une “forme de ralentissement” de l’avancée épidémique.

“Ça continue d’arriver, mais on a l’impression que la montée est en train, peut-être, de se tasser un tout petit peu”, a, de son côté, expliqué Karine Lacombe, membre du Conseil scientifique et cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine, sur Europe 1 ce lundi 9 novembre. Une “amorce de fléchissement” notamment constatée en Île-de-France, selon Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, invité de France Inter ce même jour.

Quelques indicateurs encourageants

Parmi les chiffres encourageants, le taux d’incidence - le nombre de contamination pour 100 000 habitants - est en baisse dans plusieurs grandes villes comme Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon, Strasbourg, Montpellier et Toulouse, selon Europe 1.

Si le taux de reproduction est toujours supérieur à 1 - signe que l’épidémie continue sa progression -, il est moins élevé que la semaine précédente, ce qui signifie qu’un léger ralentissement s’observe. Il est passé de 1,38 pour la semaine du 19 au 25 octobre à 1,30 pour la semaine du 26 octobre au 1er novembre, selon les derniers chiffres de Santé Publique France dévoilés le 5 novembre.

Par ailleurs le doublement du nombre des nouvelles hospitalisations - c’est-à-dire le laps de temps nécessaire pour que le chiffre passe du simple au double - commence à s’allonger. Il est passé de 13 à 17 jours entre la semaine du 19 au 25 octobre et celle du 26 octobre au 1er novembre. Le doublement du nombre de nouvelles admissions hebdomadaires en réanimation est passé de 14 à 17 jours sur le même laps de temps.

Des chiffres à confirmer

Quant aux nouvelles contaminations, le rythme effréné de ces dernières semaines semble très légèrement ralentir. Selon Le Parisien, près de 39 000 nouveaux cas ont été enregistrés en 24h dimanche, alors que les chiffres oscillaient entre 40 000 et 60 000 ces derniers jours. Sauf vendredi, ou un incident informatique a fait atteindre le pic de 86 800 nouveaux cas - il s’agissait en fait, vraisemblablement, de résultats arrivés en retard.

Mais attention, il est encore trop tôt pour que ces chiffres soient révélateurs d’une tendance, et ils demandent à être confirmés dans les prochains jours. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a toujours deux à trois semaines de délais entre les nouvelles contaminations et l’apparition des formes graves de la maladie. “Il y aura une augmentation des hospitalisations et des réanimations dans les prochains jours, puisque c’est le reflet de la situation épidémique d’avant le confinement”, a d’ailleurs rappelé Olivier Véran dans l’émission Questions Politiques.

Des hôpitaux déjà débordés

De nombreux indicateurs chiffrés restent mauvais. Les nouvelles hospitalisation et les décès continuent d’être en forte hausse. Selon Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP, le pic de cette deuxième vague n’est d’ailleurs pas encore atteint. “Il est encore devant nous, et ce ne sera pas la même chose dans toutes les régions”, a-t-il expliqué au micro de France Inter.

Selon les chiffres du dernier bulletin hebdomadaire de Santé Publique France, les décès des suites du coronavirus ont augmenté de 45% en une semaine, passant de 1 550 entre le 19 et le 25 octobre à 2 242 entre le 26 octobre et le 1er novembre. Les nouvelles hospitalisations liées au Covid-19 ont, quant à elles, augmenté de 46% sur cette même période.

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Ce dernier indicateur est inquiétant au vu de la situation actuelle des hôpitaux. De nombreux services de réanimation, aux quatre coins de la France, sont submergés. “On va être en difficulté si cela ne s’arrête pas”, tant en terme de matériel que de personnel, prévient ce 9 novembre le professeur Lionel Velly, anesthésiste réanimateur à l’hôpital de la Timone, sur France Info. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la mortalité liée au virus est actuellement plus élevée qu’à la pire période de la première vague.

Des dommages collatéraux

Une situation qui conduit à un effet secondaire dramatique : la perte de chance pour les patients atteints d’autres pathologies que le coronavirus. Depuis le 28 octobre, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a demandé à tous les hôpitaux du territoire de réactiver le plan blanc et de déprogrammer les opérations sauf ce qui relève “des soins urgents”. À Marseille, 70% des activités chirurgicales étaient déjà déprogrammées le 6 octobre. Ce chiffre s’élevait à 50% à Paris sur la même période, avec une progression attendue.

Or, repousser des opérations ou des traitements est problématique pour plusieurs pathologies, pouvant mener jusqu’à la perte de chance pour les patients.

Malgré les premiers signes d’un léger ralentissement, “les jours à venir seront très compliqués”, a résumé Martin Hirsch sur France Inter

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