Consignes de vote, majorité, Matignon... Ce qu'il faut retenir de notre soirée spéciale avec Attal, Tondelier et Bardella

Assurance-chômage, immigration, alliances... À quatre jours du second tour des élections législatives, les représentants des trois blocs ayant émergé lors du premier scrutin ont été interrogés sur BFMTV concernant leur programme et les sujets chauds de l'actualité politique. Se sont succédé sur notre antenne et pour une heure chacun Gabriel Attal (Ensemble), Marine Tondelier (Nouveau Front populaire) et Jordan Bardella (Rassemblement national).

· Gabriel Attal "regrette" qu'il n'y ait pas de débat avec Gabriel Bardella et Marine Tondelier

Le Premier ministre a dit regretter, au début de l’émission, qu’il ne s’agissait pas d’un “débat à trois", en s'attaquant alors à Jordan Bardella. "Monsieur Bardella n'a pas souhaité que ce débat ait lieu (...) Je suis toujours prêt à débattre", a assuré l'ancien porte-parole du gouvernement.

Devant l’impossibilité de monter un débat entre les représentants majeurs des trois blocs en présence pour le second tour des législatives, notre chaîne a proposé une soirée spéciale sous le format “Face à BFM” avec des interventions des trois leaders face à nos journalistes.

· Gabriel Attal "assume" la suspension de la réforme de l'assurance-chômage

La réforme de l'assurance-chômage attendue au 1er juillet n'a pas eu lieu, faute de publication du décret par le gouvernement. Le Premier ministre s’est justifié au cours de notre émission concernant cette décision.

"Je ne peux pas dire d'un côté que les Français nous ont envoyé un message clair au moment des élections européennes, y compris en nous demandant de gouverner différemment (...) et publier le lendemain du 1er tour un décret", a-t-il expliqué, avant d'ajouter: "On m'aurait reproché un passage en force."

Le représentant du gouvernement a ensuite assuré qu'il souhaitait "d'ici au 31 juillet", que des discussions aient lieu sur la réforme "avec les forces politiques élues au Parlement".

· Gabriel Attal "ne veut pas donner de consigne de vote" en cas de duel RN-LFI

Affirmant ne pas mettre de "signe égal" entre La France insoumise et le Rassemblement national, Gabriel Attal a répété à plusieurs reprises qu'il n’était pas là pour "donner des consignes de vote" aux Français qui se retrouveraient à choisir entre un candidat LFI et un candidat RN, lors du second tour. Il a toutefois martelé qu'"il ne faut pas une voix pour le Rassemblement national.”

"J'ai alerté en disant qu'il y a un risque d'une majorité absolue du Rassemblement nationale et de l'extrême droite, a-t-il précisé. J'ai détaillé tout ce qu'il y a dans leur programme qui serait terrible pour le pays et dont j'ai eu un mot d'ordre qui est de dire: il ne faut pas une voix qui irait au Rassemblement national."

· Marine Tondelier affirme que Jordan Bardella "ne souhaitait pas débattre" avec elle

La représentante écologiste du Nouveau Front populaire, Marine Tondelier, a dit regretter, dès le début de son intervention, que Jordan Bardella "ne souhaite pas débattre" avec elle.

"C’est un sujet parce qu’on est en démocratie. Je le vois se présenter comme un expert politique, se donner beaucoup de contenance, de consistance et de professionnalisme. Il se met en scène”, a-t-elle poursuivi. Avant de lancer: “Ça a été beaucoup raconté, il aurait été coaché par les meilleurs communicants du monde pour faire du media training. C’est Jean-Michel media training. Mais il aurait peur de débattre avec moi?”

Marine Tondelier a estimé que Jordan Bardella “ne tiendrait pas 24 heures” au poste de Premier ministre, étant donné qu’il posait “trop de conditions” et qu’il avait “peur de débattre”.

· Marine Tondelier regrette que le RN fasse des migrants un "ennemi idéal"

Marine Tondelier a confirmé que les travailleurs sans papiers et les étudiants étrangers seraient régularisés en cas de victoire du Nouveau Front populaire. Elle a, de fait, regretté que, depuis les élections européennes, l'extrême droite ait fait des migrants un "ennemi idéal". La femme politique a ciblé plus particulièrement le Rassemblement national qu'elle a accusé d'utiliser les migrants comme "paratonnerre de la haine humaine".

La cheffe de file écologiste a également partagé une anecdote récente pour illustrer ses propos. Elle a raconté avoir "croisé le regard" d'un jeune Afghan dimanche dernier place de la République à Paris. Un "jeune homme" dont elle avait croisé la route à Calais il y a quelques années. "Quand j'ai croisé son regard dimanche, j'ai eu honte d'être Française", explique-t-elle, assurant que ce "jeune Afghan qui a passé au péril de sa vie les frontières" est un photographe aujourd'hui.

"Toutes les personnes qui vous racontent des horreurs sur les migrants n’ont jamais mis les pieds dans un camp de réfugiés, n’ont jamais regardé dans les yeux ces personnes", a-t-elle conclu.

· Marine Tondelier Première ministre? L'intéressée répond que "ce n'est pas le sujet"

“Ce n’est pas le sujet, c’est un sujet de troisième tour”, a affirmé Marine Tondelier, interrogée sur le fait qu’elle pourrait devenir Première ministre.

Avant d’ajouter: “Je ne vais pas participer au défilé d’auto-candidatures auquel j’ai assisté, que j’ai trouvé très prématuré, assez indécent. [...] La priorité n’est ni les questions de personne, ni les courses de petits chevaux, c’est de battre Jordan Bardella. On trouvera toujours des solutions, des gens compétents, expérimentés, sincères, qui sauront apaiser le pays et qui feront consensus au sein du Front populaire. Il y en a plein, des hommes, des femmes, plein de gens très bien et ils ont tout mon soutien.”

· Pour Jordan Bardella, le second tour est un choix entre lui ou Jean-Luc Mélenchon

Jordan Bardella s’est justifié, dès le début de son intervention, concernant l’absence de débat sur notre chaîne. “Ce n’est pas que je ne voulais pas débattre, ça fait huit mois que je suis en campagne, je crois avoir participé à beaucoup de débats. Mais je pense que ce qui est important maintenant c’est qu’au-delà des polémiques et du brouillard dans lequel sont beaucoup de Français, j’ai envie de parler de leur quotidien, de la sécurité et de la santé”, a-t-il expliqué.

Avant d’affirmer que s’il voulait débattre seulement face à Gabriel Attal et Jean-Luc Mélenchon, c’est parce qu’ils sont les candidats déclarés, selon lui, au poste de Premier ministre. “Le choix dimanche est un choix entre Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ou Jordan Bardella Premier ministre”, a-t-il ajouté.

Si Jean-Luc Mélenchon a récemment dit sur France 2 qu’il se sentait “capable” d’être Premier ministre, il a néanmoins affirmé qu’il fallait qu’une “discussion” ait lieu, car se proposer “ne veut pas dire imposer”.

· "Mon gouvernement, je l'ai en tête": Jordan Bardella laisse transparaître son projet en cas d'arrivée à Matignon

Jordan Bardella a confirmé sur BFMTV avoir "en tête" la composition de son gouvernement.

Il a souligné que "des personnalités du Rassemblement national, des Républicains, de la droite" et de la "société civile" seraient appelés à servir.

Le patron du RN a précisé par ailleurs qu'Éric Ciotti, avec qui il a passé un accord, obtiendrait des fonctions ministérielles, sans préciser lesquelles.

· Jordan Bardella reconnaît des "erreurs de casting" parmi les candidats RN

Interrogé sur certaines candidatures problématiques au sein du Rassemblement national, Jordan Bardella a reconnu des "erreurs de casting", en chiffrant alors “quatre-cinq”. Plus tôt dans la soirée, sur France 2, il avait avancé le chiffre de “deux-trois profils” qui pouvaient “tenir des propos contraires à ce qu’[il] défen[d]”.

Le président du RN a affirmé que tous ceux qui tenaient des propos qui ne sont pas conformes seraient “mis à la porte".

Article original publié sur BFMTV.com