Colère des agriculteurs: 78% des Français comprennent les blocages

Le mouvement de colère des agriculteurs se poursuit. Parti notamment d'Occitanie, il s'est étendu partout en France avec des actions de mobilisation dans les quatre coins du territoire. Les manifestants demandent des réponses concrètes et rapides de l'exécutif concernant les charges financières et des normes environnementales jugées trop contraignantes.

L'émotion est d'autant plus vive que le monde agricole a été endeuillé ce mardi par la mort d'une agricultrice et de sa fille tuées en Ariège au niveau d'un blocage sur l'autoroute.

Selon une nouvelle enquête "L'Opinion en direct" menée par l'institut Elabe pour BFMTV et publiée ce mercredi 24 janvier, 78% des Français comprennent les blocages en cours et plus de la moitié ne les condamne pas.

Un niveau d'approbation très élevé

Cette mobilisation est vue très positivement par l'opinion publique puisque 87% l'approuvent, dont 50% la soutiennent.

Il s'agit d'un niveau d'approbation très élevé en comparaison de nombreuses mobilisations mesurées ces dernières années par Elabe pour BFMTV, supérieur à la première mesure du mouvement des "gilets jaunes" (73%, le 14 novembre 2018).

L'approbation de la mobilisation est largement majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats. Elle est particulièrement soutenue dans les petites agglomérations et dans les communes rurales (55% la soutiennent contre 34% dans l'agglomération parisienne) et politiquement chez les électeurs d'Éric Zemmour (81%), de Marine Le Pen (67%) et de Jean-Luc Mélenchon (58%).

Une bonne image des agriculteurs

De manière générale, plus de 9 Français sur 10 ont une bonne image des agriculteurs. Ils ont l'image d'un métier qu'on choisit d'exercer par passion (93%) et qui demande de vraies compétences et qualités (92%) mais qui est à forte pénibilité (94%), qui a des horaires de travail plus conséquents que la moyenne (93%) et qui est mal payé (92%).

La quasi-totalité des Français considère aussi qu'il s'agit d'un secteur essentiel, fiable, engagé et une fierté nationale aux yeux des Français mais un secteur en difficulté, fragilisé par le dérèglement climatique et la concurrence internationale. Pour un Français sur 2, il s'agit d'un secteur qui n'est pas bien considéré par la société.

De plus 7 Français sur 10 s'attendent à ce que cette mobilisation déclenche un mouvement social de grande ampleur.

Les normes et la concurrence pointées du doigt

Parmi les raisons de la colère des agriculteurs actuellement mobilisés, on trouve les règles européennes jugées trop contraignantes et trop coûteuses à respecter. Une revendication partagée par le reste de la population puisque 2 Français sur 3 estiment que les agriculteurs doivent respecter trop de normes et réglementations.

Ainsi, pour 3 sondés sur 4, l'Union européenne est un handicap pour les agriculteurs et seuls 27% la considèrent comme un atout. Cette critique est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats mais est encore davantage exprimée par les électeurs de Marine Le Pen (91%), de Valérie Pécresse (82%) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (68%) que par les électeurs d'Emmanuel Macron (54%).

En outre, les Français imputent la responsabilité des difficultés rencontrées par le secteur agricole à la concurrence des autres pays qui produisent moins cher et avec moins de normes, aux industriels de l'agro-alimentaire qui ne veulent pas payer au juste prix les produits agricoles et à la grande distribution qui fait trop de marge.

Ils sont nettement moins nombreux à pointer du doigt les écologistes qui critiquent certaines pratiques agricoles (18%), les consommateurs qui veulent toujours payer moins cher (18%) et les conséquences négatives du dérèglement climatique sur les récoltes (16%).

Défiance à l'égard des politiques

Il y a, parmi les sondés, une défiance généralisée à l'égard des responsables politiques pour répondre aux difficultés rencontrées par les agriculteurs. Aucune des principales personnalités de l'exécutif et des oppositions n'obtient la confiance d'un tiers des Français pour cela.

Gabriel Attal (32% lui font confiance) devance Jordan Bardella (29%), Marine Le Pen (28%), Marc Fesneau (27%), Emmanuel Macron (22%), les dirigeants d'EELV (21%), Fabien Roussel (21%), les dirigeants de LR (20%), les dirigeants du PS (18%), Jean-Luc Mélenchon (14%) et Éric Zemmour (13%).

Ce sondage Elabe montre d'ailleurs que les personnalités de gauche pâtissent d'un déficit de confiance dans leur propre camp, c'est-à-dire de leurs électeurs.

Un tiers prêt à payer plus cher

61% des Français estiment que produire en quantité suffisante pour couvrir les besoins alimentaires de l'ensemble de la population et réaliser la transition écologique sont deux objectifs conciliables. À contrario, 25% considèrent qu'il faudrait privilégier la production alimentaire en quantité suffisante et 13% la transition écologique.

Un tiers se dit d'ailleurs prêt à payer plus cher les produits alimentaires pour mieux rémunérer les agriculteurs mais plus de la moitié explique vouloir le faire mais ne pas pouvoir financièrement.

Article original publié sur BFMTV.com