Chef des armées "honorifique": Bayrou accuse Le Pen de mettre "en cause profondément la Constitution"

Le président du Modem François Bayrou a rappelé que la Constitution préservait "la démocratie: pouvoir vivre ensemble avec des opinions différentes et même divergentes et même opposées parce que nous avons une règle du jeu qui s'impose à tout le monde".

Une déclaration qui ne passe pas. À moins de quatre jours du premier tour des élections législatives, le président du Modem, François Bayrou, a estimé ce jeudi 27 juin que Marine Le Pen avait mis "en cause profondément la Constitution" en jugeant que le chef des armées n'était qu'"un titre honorifique" pour le président de la République.

"Si vous prétendez que celui qui nomme aux emplois civils et militaires de l'État, celui qui préside les conseils de défense, celui dont la Constitution dit en toutes lettres qu'il est le chef des armées, si vous prétendez que ce n'est pas vrai, que ce serait des titres pour faire joli, alors vous mettez en cause profondément la Constitution", a affirmé l'allié d'Emmanuel Macron sur Europe 1-Cnews, jugeant cette déclaration "extrêmement grave".

Il a rappelé que la Constitution préservait "la démocratie: pouvoir vivre ensemble avec des opinions différentes et même divergentes et même opposées parce que nous avons une règle du jeu qui s'impose à tout le monde".

Dans la foulée, Marine Le Pen a elle-même répondu a ces attaques via un message posté sur X.

"Monsieur Bayrou, qui a choisi l’outrance sur le tard, devrait se souvenir qu’en décembre 1999, le Premier ministre Lionel Jospin s’était opposé à la volonté du chef de l’État d’envoyer des troupes en Côte d’Ivoire au moment du putsch du général Guéï. La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution", a-t-elle écrit.

Mercredi, Marine Le Pen a assuré que le titre de chefs des armées était "honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse" en évoquant une possible cohabitation entre un Premier ministre RN Jordan Bardella et le président Emmanuel Macron.

"Jordan (Bardella) n'a pas l'intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l'Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes", a ajouté la patronne des députés RN dans un entretien au quotidien régional Le Télégramme.

Marine Le Pen a nuancé cette déclaration jeudi matin en évoquant sur X "le domaine réservé du président de la République" tout en reconnaissant, en même temps, des compétences au Premier ministre dans ces domaines sensibles que sont la politique étrangère et de la défense.

"Sans remettre en cause le domaine réservé du président de la République, en matière d'envoi de troupes à l'étranger, le Premier ministre a, par le contrôle budgétaire, le moyen de s'y opposer. Jordan Bardella était donc fondé à rappeler qu'il est opposé à l'envoi de militaires français en Ukraine", a-t-elle estimé.

"Si nous arrivons aux responsabilités, c'est pour appliquer une politique, ce n'est pas pour faire semblant, ce n'est pas pour occuper des places et des strapontins", a abondé jeudi sur BFMTV-RMC le député RN Sébastien Chenu, vice-président du parti d'extrême droite.

Il a rappelé les "lignes rouges" du RN: "pas d'armes à longue portée" pour l'Ukraine et aider Kiev financièrement "dans la mesure où financièrement, on peut continuer à l'aider".

Article original publié sur BFMTV.com