"C'est hyper violent pour nous" : stupeur des syndicats après l'appel du maire de Châteauroux à éviter les urgences de la ville

Pour de nombreux employés de l'établissement, la sortie de Gil Avérous est une remise en cause de leur travail quotidien et ne fait que déplacer le problème, les autres hôpitaux étant frappés par les mêmes maux que le leur.

"C'est hyper violent pour nous" : stupeur des syndicats après l'appel du maire de Châteauroux à éviter les urgences de la ville

Un constat partagé sur le fond, mais qui heurte sur sa forme. Dans un mail incendiaire daté du 7 mars 2024 destiné à Clara de Bort, directrice régionale de l’Agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire, Gil Avérous, maire de Châteauroux, tire le signal d'alarme quant à la situation de l'hôpital de sa ville.

À tel point que dans ce courrier, l'élu assure que les patients sont désormais dirigés vers d'autres établissements pour une meilleure prise en charge. "La réalité, c'est que quand les personnes se présentent aux urgences et qu'on leur dit qu'il y a 24 heures d'attente, ils disent: 'On va aller à Limoges, à Issoudun', qui sont plus proches et on aura peut-être un temps d’attente plus rapide", explique-t-il à BFMTV.

"Pas entendable"

Du côté des responsables syndicaux, on est estomaqués par une telle sortie du maire. Toujours auprès de notre antenne, Karine Jouhanneau, secrétaire du syndicat CGT à l'hôpital de Châteauroux l'assure: "c'est juste pas entendable."

"C'est hyper violent pour nous qui essayons de combattre pour sauver l’hôpital public", ajoute-t-il.

Également interrogée par France Bleu, cette dernière estime que l'idée d'envoyer les patients vers des services d'urgences d'autres villes n'est pas une bonne idée. "Inviter les patients à se faire soigner sur Limoges, ce n'est pas possible. Les CH ont tous les mêmes problèmes", dit-elle. Pour sa part, Isabelle Rivière évoque "des pertes de chance" de bien se faire soigner en cas de déplacements.

De son côté, Franck Blanc, brancardier et militant CGT, estime dommageable qu'une telle action de Gil Avérous soir nécessaire "pour que les choses changent, alors que les représentants du personnel alertent depuis plusieurs années sur le manque de lits."

"Je ne regrette pas du tout"

Reste que, la lettre du maire de Châteauroux semble bien avoir été suivie d'effets. Après une visite de membres de l'ARS du département dès le 11 mars, plusieurs mesures ont été prises en place afin d'assurer un meilleur accueil aux Castelroussins. Parmi elles, une fluidification du parcours des patients aux urgences. Autre solution trouvée, celle de l'appel de renforts en cas de trop grande affluence à l'hôpital.

"Je ne regrette pas du tout d’avoir mis les pieds dans le plat en prenant des termes durs et forts", conclut, de fait, Gil Avérous à notre antenne.

Article original publié sur BFMTV.com

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