"C'est dérisoire": Marine Le Pen évoque désormais une "trentaine de postes" interdits aux binationaux

Le chiffre rétrécit de semaine en semaine. Sur France inter ce mardi 2 juillet, Marine Le Pen a évoqué une liste "dérisoire" d'une "trentaine de postes" concernés par la mesure d'interdiction d'emplois "extrêmement sensibles" aux binationaux proposée par le Rassemblement national dans sa campagne pour les élections législatives.

Jeudi dernier, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, avait évoqué sur RMC-BFMTV "une liste des emplois, il y en peut-être 50, qui sont des emplois extrêmement sensibles de direction de services de renseignement, etc."

Ce mardi, Marine Le Pen a affirmé qu'il s'agissait d'un sujet "tout à fait microscopique". "La loi a vocation à évoluer et à être remise sur la table à chaque fois que le France se retrouve en conflit géopolitique avec un pays", a déclaré la députée réélue dès le premier tour dimanche dans le Pas-de-Calais.

"Aujourd'hui, nous sommes en conflit latent avec la Russie, il est évident qu'on ne va pas mettre à la tête de la commission de la sûreté nucléaire, par principe de précaution, un Franco-Russe", a-t-elle poursuivi.

Une proposition vivement critiquée

Cette proposition fait bondir la gauche et le camp présidentiel. "Le message que vous faites passer, c'est que quand on est binational, on est demi-national, on serait en fait pas des vrais Français et on ne serait pas digne de confiance pour occuper des postes à responsabilité", a déclaré le Premier ministre, Gabriel Attal, lors d'un débat face à Jordan Bardella mardi dernier.

Dans une tribune mardi au journal Le Monde, Mohamed Bouabdallah, diplomate de carrière et binational, dit vivre "comme une grande souffrance le fait que la loyauté des binationaux puisse être ainsi questionnée".

"Nous sommes des milliers de binationaux (...) à occuper des postes de premier plan dans l'appareil d'État, y compris sur des postes dits 'sensibles'", souligne-t-il. Selon lui, "le RN s'inscrit dans la droite ligne du régime raciste de Vichy (...) En 2024, ce ne sont plus les juifs (leur tour viendra), mais les arabes et les musulmans".

Le RN veut une majorité absolue

En janvier, le RN avait déposé une proposition de loi qui prévoyait la possibilité d'interdire l'accès à des emplois dans les administrations et entreprises publiques aux Français possédant une nationalité d'un autre État. "3,3 millions de Français pourraient demain se voir interdire l'accès à un emploi", selon les estimations de la CFDT.

Le RN est arrivé en tête du premier tour des législatives dimanche, avec plus de 10,6 millions de voix, soit 33,1% des suffrages, un niveau historique - hors second tour de la présidentielle de 2022. Le RN a déjà fait élire 39 députés, s'est qualifié dans 443 des 577 circonscriptions et est en tête dans 296 d'entre elles.

Avec 27,99%, la coalition de partis gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire a déjà 32 élus. Elle est arrivée devant le camp présidentiel (20,8% des suffrages). Depuis lundi, les désistements des candidats de gauche et macronistes se multiplient pour empêcher l'extrême droite d'obtenir la majorité absolue à l'issue du second tour ce dimanche.

Article original publié sur BFMTV.com