Le cannabis est désormais légal en Allemagne à partir de ce lundi 1er avril, mais pas n’importe comment

Des fleurs de chanvre coupées dans un magasin de cannabis (chanvre) à Aschheim, près de Munich en Allemagne, le 22 février 2024.
MICHAELA STACHE / AFP Des fleurs de chanvre coupées dans un magasin de cannabis (chanvre) à Aschheim, près de Munich en Allemagne, le 22 février 2024.

ALLEMAGNE - Projet phare - et controversé - de la coalition d’Olaf Scholz, la légalisation partielle du cannabis à des fins récréatives entre en vigueur ce lundi 1er avril en Allemagne.

Lors d’un vote au Bundestag le 23 février, le texte avait été adopté à 407 voix pour et 226 voix contre. Avec cette nouvelle loi, l’Allemagne se dote d’une des législations les plus libérales d’Europe, emboîtant le pas à Malte et au Luxembourg, qui ont légalisé le cannabis récréatif respectivement en 2021 et en 2023.

En Allemagne, l’accès légal à cette drogue n’en devient pas pour autant si simple. Le HuffPost fait le point ci-dessous sur tout ce que cette nouvelle loi implique.

• Ce qui est autorisé

Pour ce qui constitue la première étape de la réforme, la possession de 25 grammes de cannabis séché dans les lieux publics est autorisée pour les adultes. Tout comme la culture à domicile, jusqu’à trois plants par adulte et 50 grammes de cannabis séché. Avec une dose moyenne estimée à 0,3 gramme par joint, 25 grammes permettent d’en rouler environ 80.

• Ce qui n’est pas autorisé

Pas question néanmoins de fumer n’importe où : la consommation est interdite dans un rayon de 100 mètres autour des écoles, des crèches, des terrains de jeux et des installations sportives publiques. Et dans les zones piétonnes, elle est complètement prohibée entre 7 et 20 heures.

• Les « clubs cannabis », la deuxième étape

Il faudra attendre quelques mois pour pouvoir se procurer légalement cette drogue via des « clubs cannabis », associations à but non lucratif qui pourront être créées à compter du 1er juillet après un parcours administratif complexe. Basés en Allemagne, sous la responsabilité des autorités régionales, le nombre de leurs adhérents sera limité à 500.

Ils pourront distribuer au maximum 50 grammes par mois et par membre. Les adultes de moins de 21 ans auront droit à 30 grammes d’un cannabis dont la teneur en THC, une de ses molécules aux effets psychotropes, ne devra pas dépasser 10 %. L’adhésion à plusieurs associations à la fois sera interdite. Se réunir et consommer dans l’enceinte de ces « clubs » ne sera pas autorisé.

• Quid des touristes ?

À ce stade, le cannabis n’est pas vendu en Allemagne, donc il n’y a pas de magasin spécialisé comme il était envisagé dans une première mouture de la loi, ou de « coffee shops ». Pour y avoir accès légalement, il faut être résident depuis au moins six mois dans le pays et le cultiver soi-même ou via un club.

De quoi atténuer le risque d’un afflux « de touristes de la drogue » brandi par les détracteurs de la loi, en particulier les partis de l’opposition conservatrice CDU/CSU. Dans une deuxième étape, mais sans calendrier, le gouvernement prévoit d’expérimenter la vente dans des pharmacies ou des magasins sous licence d’État dans des régions « pilotes » à définir.

• Les craintes d’une banalisation de cette drogue

L’objectif du gouvernement formé de sociaux-démocrates, verts et libéraux - celui d’encadrer la consommation d’un cannabis de bonne qualité pour lutter plus efficacement contre les trafics - s’est heurté à la farouche opposition des conservateurs, qui ont mis en garde contre les risques pour la santé à légaliser, et de facto pour eux banaliser, cette drogue.

Beaucoup redoutent aussi une surcharge de travail pour la justice : en raison de l’amnistie prévue des délits liés au cannabis, des dizaines de milliers de jugements doivent être réexaminés. Friedrich Merz, le chef de la CDU en tête des sondages d’opinion actuellement, a déjà averti que si son parti revenait au pouvoir à l’issue des élections de 2025, il annulerait « immédiatement la loi ».

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