Cabaret, courses de Noël... Les soirées des maires "loin des soucis du quotidien" pendant leur congrès à Paris

Quelques jours de parenthèse. Les élus locaux se réunissent à Paris jusqu'à jeudi pour le 105ème Congrès des maires de France, avec une ambiance relativement lourde, entre hausse des agressions, lassitude et finances sous très haute pression. De quoi pousser les 10.000 maires qui font le voyage à relâcher la pression le soir.

"C'est sûr que les élus des petites communes ne viennent pas tous les jours dans la capitale. C'est l'occasion de passer de bons moments ensemble, un peu loin des soucis du quotidien", avance Jacques Drouhin, ex président sans étiquette de l'association des maires ruraux de Seine-et-Marne auprès de BFMTV.com.

"Tout simplement un bon moment"

Au menu de ces quelques jours: des ateliers entre édiles pour échanger sur les bonnes pratiques locales, des rencontres avec les ministres et des échanges pour trouver du soutien. Selon le ministère de l'Intérieur, les agressions notamment verbales envers les élus devraient augmenter de 15% en 2023 après une hausse de 32% l'an dernier.

Sans oublier la détente le soir. Bateaux-mouches, pièces de théâtre, visite de Paris de nuit en gyropode... Les exemples de sorties pour les élus en soirée sont légion et à la discrétion de chaque branche locale de l'AMF.

"La fédération du BTP des Hauts-de-France nous invite chaque année à une soirée cabaret. Ce n'est pas du lobbying, on ne parle jamais des projets en cours dans nos communes. C'est tout simplement un bon moment", explique Christophe Dietrich, maire (LR) de Laigneville, une commune de l'Oise.

Une soirée au Crazy Horse

Au risque d'un mélange des genres potentiellement hasardeux d'un point de vue judiciaire? La Cour de cassation rappelle ainsi qu'un conflit d'intérêt renvoie à "toute situation d'interférence entre un intérêt public et un intérêt privé qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l'exercice indépendant, impartial et objectif d'une fonction".

"Je ne doute pas qu'un maire qui va dans des événements payés par des grosses entreprises le fait avec honnêteté. Mais attention, ça peut se retourner contre vous le jour où vous négociez un marché public avec quelqu'un qui vous a invité", remarque un élu d'Île -de-France.

Au-delà des soirées payées par des entreprises privées, le symbole même de maires qui prennent du bon temps passe parfois très mal. L'an dernier, l'association des maires du Var avait organisé une soirée au Crazy Horse à tarif préférentiel.

La place, dans ce lieu qui accueille des spectacles de danseuses dénudées, n'avait ainsi coûté aux maires que 50 euros sur leurs deniers personnels contre plusieurs centaines d'euros habituellement.

Des visites qui dépendent du "style des élus"

De quoi faire mauvais genre alors qu'en pleine explosion des factures d'électricité, un maire de Saône-et-Loire avait refusé de payer la facture d'électricité de son école primaire ou restreint l'éclairage public comme à Bordeaux. Révélée par Nice-Matin, la sortie avait été finalement annulée à la dernière minute.

Visiblement soucieux d'éviter les polémiques, un salarié d'une association d'élus défend "des visites qui se sont de moins en moins et qui dépendent des fédérations et du style des maires qui les composent".

Même son de cloche pour d'autres édiles qui, sans nier l'existence de telles pratiques, évoquent plutôt leur rareté.

"À chaque fois que j'ai organisé quelque chose, c'était autour d'une bière dans un pub, de façon très simple, et on a toujours parlé de nos bonnes pratiques. Les maires ne viennent pas à Paris pour faire la fête", assure ainsi Driss Ettazaoui, élu (Modem) de l'Eure et vice-président de Villes et Banlieues de France.

"Une bulle de joie"

Le diagnostic est partagé par Gil Bernardi, le maire (LR) du Lavadou dans le Var pour qui "les maires sont toujours très concentrés quand ils viennent" au congrès. Sans forcément empêcher les moment de détente.

"C'est vrai que le mercredi, après deux jours de congrès, souvent, on fait une petite pause l'après-midi et on va faire des courses de Noël", sourit ainsi un élu d'une petite commune de l'Aube qui décrit ces quelques jours à Paris "comme une bouffée d'oxygène, une bulle de joie".

"Franchement, les débats d'ouverture du congrès me font dire qu'on a bien le droit de prendre un peu de temps pour nous", avance encore ce maire d'un village près de Troyes.

Rendez-vous à l'Élysée

Lors du grand débat organisé lundi par l'AMF pour ouvrir le congrès, plusieurs maires victimes de violences se sont succédés à la tribune pour témoigner de ce qu'ils ont vécu. La nouvelle maire de Saint-Brévin, Dorothée Pacaud, a ainsi pris la parole, quelques mois à peine après avoir remplacé l'ancien édile qui avait vu sa maison incendiée après l'ouverture d'un centre d'accueil de migrants.

Emmanuel Macron qui ne vient pas cette année au congrès, après une absence déjà remarquée l'an dernier, reçoit à nouveau plusieurs centaines de maires à l'Élysée ce mercredi soir comme il a pris l'habitude de le faire.

Article original publié sur BFMTV.com