L'absence de discours de Macron devant le Congrès des maires fâche certains élus locaux

Emmanuel Macron au Congrès des maires le 18 novembre 2021 - LUDOVIC MARIN/AFP
Emmanuel Macron au Congrès des maires le 18 novembre 2021 - LUDOVIC MARIN/AFP

Une partition qui évolue. Emmanuel Macron a fait le choix de ne pas s'exprimer ce mercredi après-midi devant le Congrès des maires, réunis à la Porte de Versailles à Paris. À la place, le président préfère visiter les allées du Salon des maires qui réunit plusieurs centaines d'exposants professionnels, avant de recevoir 1000 maires autour d'un cocktail. Au regret de certains d'entre eux.

"On mélange un peu tout", regrette Christophe Rouillon, vice-président de l'Association des maires (AMF) auprès de BFMTV.com.

"C'est un peu étonnant de se rendre sur des stands de merchandising qui nous vendent des objets au lieu de venir débattre avec nous", estime le maire socialiste de Coulaines (Sarthe). "Si ce n'était jamais arrivé, il y a bien une raison."

L'Élysée défend "un contact plus direct"

L'un des collaborateurs de l'institution va, lui, beaucoup plus loin: "C'est presque un bras d'honneur que d'aller voir des entreprises et pas les élus."

"C’est un choix politique différent qui permet d’avoir un contact bien plus direct et plus fort" avec les maires, en rupture avec l’exercice "un peu formel et sans échange" du discours, défend l'Élysée.

Il faut dire que l'exécutif a gardé un mauvais souvenir du premier rendez-vous d'Emmanuel Macron au Congrès des maires, quand, quelques mois après son élection en 2017, le chef de l'État avait été sifflé.

"Je m’engage à une chose si vous l’acceptez, c’est venir chaque année rendre compte des engagements que je viens de prendre parce que c’est cela l’esprit de responsabilité dans la République", avait alors lancé Emmanuel Macron pour apaiser les élus locaux.

Une relation toujours compliquée

L'année suivante, il sèche cependant le rendez-vous et organise à la place une réception à l'Élysée, un format qu'il adopte à nouveau ce mercredi soir. Le geste avait à l'époque fortement déplu aux élus locaux, tendant encore un peu plus une relation déjà compliquée. Depuis, l'atmosphère s'est apaisée, après leur très forte sollicitation par le gouvernement pendant la crise des gilets jaunes puis pendant le Covid-19.

Deux griefs continuent cependant d'assombrir la relation entre le président et les maires: un exécutif jugé trop centralisateur - malgré la nomination de plusieurs figures locales au gouvernement comme Christophe Béchu, ancien maire d'Angers et Caroline Cayeux, ex-édile de Beauvais - et une remise à plat de la fiscalité locale.

Borne au Congrès jeudi

Le président s'exprimera ce mercredi soir à nouveau devant un millier de maires ce réunis à l'Élysée. "Je regrette toujours un peu qu'il ne s'exprime pas devant les 36.000 édiles", juge Yvan Lubaneski, le vice-président des maires ruraux de France.

"Symboliquement, c'est assez différent de prendre la parole à domicile ou sur notre terrain", estime le maire divers gauche des Molières (Essonne). "Mais nous aurons un échange et c'est ça que nous retiendrons."

Le président devrait mettre en avant l'ouverture d'ici fin décembre de 2600 maisons France Services,qui cherchent à maintenir les services publics dans les territoires, ou la création de 35 sous-préfectures supplémentaires, dont six dès cette année.

La Première ministre Élisabeth Borne sera de son côté présente ce jeudi devant le Congrès des maires et devrait chercher à rassurer les élus confrontés à l'explosion des dépenses énergétiques.

Article original publié sur BFMTV.com