« Au Royaume-Uni comme en France, la population a la sensation d’être dirigée par une élite prospère et globalisée »

Début juillet, les Français, qui ont déjà voté aux européennes le 9 juin, retourneront aux urnes pour élire leurs députés. Tout comme les Britanniques de l'autre côté de la Manche.  - Credit:Alain Robert/Sipa
Début juillet, les Français, qui ont déjà voté aux européennes le 9 juin, retourneront aux urnes pour élire leurs députés. Tout comme les Britanniques de l'autre côté de la Manche. - Credit:Alain Robert/Sipa

Professeur de politique européenne au King's College de Londres et directeur du centre de réflexion UK in a Changing Europe, un think tank dédié à l'étude du Brexit, Anand Menon commente les résultats des récentes élections européennes vus de Londres. Il observe des similitudes frappantes entre la situation politique au Royaume-Uni et en France, mais aussi plusieurs différences de taille.

Le Point : En 2016, le Royaume-Uni décidait de quitter l'Union européenne avec fracas. Aujourd'hui, à l'approche des élections britanniques du 4 juillet, le parti populiste Reform UK grimpe dans les sondages. Faut-il y voir un parallèle avec le succès du Rassemblement national lors des élections européennes en France ?

Anand Menon : Ce qui relie ces événements, c'est un sentiment de déconnexion entre les gouvernants et les gouvernés. La population a la sensation que le pays est dirigé par une élite prospère et globalisée qui ne représente pas ses intérêts et ne lui ressemble pas. Plus on s'éloigne de la capitale – et des centres de pouvoir – et plus cette notion s'exprime avec force. À cela s'ajoute l'impression de faire partie des laissés-pour-compte sur le plan économique. La crise financière de 2008, le Covid et la forte inflation de ces dernières années ont remis en cause toutes les certitudes, notamment sur le front de la croissance.

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