Affaire Mila : "excuses" chez Quotidien, propos sur l'islam, liens avec l'extrême droite... Qui est la jeune femme au coeur des débats ?

Invitée de la matinale BFMTV, la jeune femme était de retour sur le premier plan médiatique ce lundi matin. Une fois de plus, ses propos n'ont pas manqué de faire réagir.

Mila, en janvier 2022 à Paris (Photo by JOEL SAGET / AFP)
Mila, en janvier 2022 à Paris (Photo by JOEL SAGET / AFP)

Quatre ans après avoir fait les gros titres des médias et divisé la classe politique en 2020, Mila est de retour au premier plan. La jeune femme était invitée sur BFMTV ce lundi pour évoquer les cas de harcèlement au collège et de violences à l'école qui ont fait la Une ces derniers jours, l'affaire Mila étant l'une des plus emblématiques des cas de harcèlements.

Début 2021, Mila avait reçu plus de 50 000 messages de haine. "Jamais un mineur n’a été victime d’une telle viralité. À l’époque, l’activité autour de Mila dépassait le nombre de messages ordinairement échangés lors d’un événement comme la Coupe du monde de football", expliquait la présidente de l’association de protection des mineurs sur Internet e-Enfance.

Une vidéo dans laquelle elle tient des propos violents envers l'islam

L'affaire Mila débute en janvier 2020, Mila, âgée de 16 ans, publie sur Instagram une vidéo éphémère censée disparaître en 24 heures, une story, dans laquelle elle insulte l'islam, quelques instants après avoir reçu des insultes lesbophobes et misogynes d'un internaute se référant à Allah et dont elle avait refusé les avances lors d'une vidéo en direct.

Dans cette vidéo censée être éphémère, Mila, qui compte environ 9 000 abonnés, tient des propos très crus envers l'islam. "Je déteste la religion. […] Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde. […] J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Il y a encore des gens qui vont s’exciter, j’en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le tr** du c*l. Merci, au revoir", dit-elle.

Des internautes déchirés entre "#JeSuisMila" puis "#JesuispasMila"

Sauf que la vidéo, censée être éphémère, est enregistrée par des internautes et largement diffusée, atteignant plusieurs millions de vues. Mila reçoit de nombreuses insultes, des menaces et est même la cible d'appels au meurtre. Son nom de famille, son adresse et le lycée où elle est scolarisée sont notamment diffusés sur Internet. Conséquence : deux jours plus tard, elle est déscolarisée et vit enfermée chez ses parents et bénéficie d'une protection policière.

Le cas de la jeune femme divise alors une partie de la société. Sur Twitter, les internautes se divisent entre les mots clés "#JeSuisMila" puis "#JesuispasMila", entrainant des dizaines de milliers de messages. Selon un sondage IFOP mené trois semaines plus tard, Mila est alors soutenue par 53 % des Français, le soutien étant plus marqué dans les milieux socio-économiques élevés.

11 personnes condamnées pour harcèlement

Deux enquêtes sont ouvertes par la justice : une contre Mila pour incitation à la haine raciale et rapidement classée sans suite, et l'autre concernant le harcèlement et les menaces de mort dont elle a fait l'objet. 13 personnes seront jugées en juin 2021, et 11 condamnées à 4 ou 6 mois de prison.

L'affaire Mila devient rapidement politique. La Garde des Sceaux Nicole Belloubet déclare sur Europe 1 : "Dans une démocratie, la menace de mort est inacceptable (...). L'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave, mais ça n'a pas à voir avec la menace de mort".

L'extrême droite la soutien ouvertement

L'extrême droite soutient ouvertement la jeune fille, comme en témoignent les différents messages de Marine Le Pen.

Le 12 février, soit moins d'un mois après le début de l'affaire, Emmanuel Macron réaffirme "le droit au blasphème" et à "critiquer les religions". Il indique aussi que "dans ce débat, on a perdu de vue que Mila est une adolescente".

"Ce que j’ai fait, c’est du blasphème

Mila s'exprime dans quelques médias : quatre jours après l'affaire, elle confie à Libération, au sujet de ses propos sur l'islam et des menaces qu'elle reçoit : "Contrairement à eux, je n’ai insulté personne, ni menacé, ni appelé à la violence envers qui que ce soit. Ce que j’ai fait, c’est du blasphème, c’est une critique générale des religions, et rien d’autre".

Elle passe également dans l'émission Quotidien, sa seule apparition télévisée lors de la polémique. Pendant son interview, Mila a présenté ses excuses aux personnes qu'elle a pu "blesser. Je n'ai jamais voulu viser des êtres humains". Cependant, elle revendique son droit au blasphème : "J'ai voulu parler d'une religion, dire ce que j'en pensais", assume-t-elle.

Des "excuses" à Quotidien

Elle a également précisé que ses propos auraient pu cibler "n’importe quelle autre religion". "Il y a une différence entre une religion et des personnes. Ce qui ne font pas la différence sont débiles. (...) Je ne regrette absolument pas mes propos, c’était vraiment ma pensée, mais je m’excuse, un petit peu, pour les personnes que j’ai pu blesser et qui pratiquent leur religion en paix".

Des propos sur lesquels elle revient donc quatre ans plus tard sur BFMTV : "On m'a demandé de le dire avant de passer sur ce plateau là. C'est un briefing qu'on m'a fait : 'quand tu vas arriver tu vas regarder Yann Barthès droit dans les yeux tu vas lui dire mot pour mot 'je suis un petit peu désolée pour les personnes que j'ai pu offenser'' mais je ne suis pas désolée, je n’ai jamais été désolée, d’ailleurs j’ai récidivé sur les réseaux. Je n’en ai jamais eu rien à faire, j’ai recommencé", a-t-elle insisté ce lundi matin.

Sur certains médias, comme Le Figaro dans un premier temps (depuis mis à jour) ou TPMP lundi soir, les propos de la jeune femme ont été interprétés comme une demande d'excuses émanant de l'émission Quotidien.

Face au malentendu, l'émission de Yann Barthès a tenu à mettre les choses au clair, lundi 8 avril. "Le 'on' dont parle Mila sur BFM, ("le briefing qu'on m'a fait", NDLR) ce n'était pas nous, sa parole était libre sur ce plateau", a affirmé Julien Bellver lors de sa chronique.

Une pression de l'entourage d'Emmanuel Macron pour présenter des excuses ?

Dans un entretien diffusé la veille par le média d'extrême droite Boulevard Voltaire, Mila affirme que "beaucoup de personnes autour d'Emmanuel Macron beaucoup de chez les Républicains" ont exercé une pression pour qu'elle présente ses excuses sur Quotidien.

Suite à cette première affaire et à ces excuses, Mila a récidivé en novembre 2020, sur Tiktok cette fois-ci. Dans une vidéo, elle lance, au sujet de l'islam "surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son tr** du c*l je les ai toujours pas sortis", en écho aux propos de sa première vidéo. Une vidéo qui lui vaut de nouveau nombreux messages d'insultes.

Discrète dans les médias depuis, elle se distingue en publiant un essai, Je suis le prix de votre liberté, chez Grasset en 2021. Sur son compte X, peu actif entre 2020 et 2023, elle partage depuis 1 an de nombreux contenus publiés par des personnalités d'extrême droite comme Alice Cordier, du collectif féministe d'extrême droite Nemesis, ou des publications d'élus RN comme Jordan Bardella.