Affaire Jubillar : pourquoi les nouvelles investigations ordonnées n'ont pas encore commencé

Début février, la cour d'appel de Toulouse a ordonné un supplément d'information sur de nouveaux éléments. La défense a déposé un recours contre les juges d'instruction à qui ont été confiées ces nouvelles investigations.

Pourquoi les auditions qui ont suffisamment intrigué la justice pour relancer l'enquête sur la mort de Delphine Jubillar n'ont-elles toujours pas débouché sur des investigations supplémentaires? Alors qu'un supplément d'information a été ordonné début février par la cour d'appel de Toulouse, ces nouvelles investigations sont désormais suspendues à une nouvelle décision judiciaire qui doit intervenir dans les prochaines semaines.

Le premier président du tribunal judiciaire de Toulouse a été saisi d'une requête des avocats de Cédric Jubillar. Ils dénoncent le fait que les nouvelles investigations qui doivent être dirigées, à savoir des auditions de témoins, le soient par les deux juges d'instruction saisis depuis le début de l'enquête, et qui ont ordonné le renvoi devant la cour d'assises de leur client.

Nouveaux actes d'enquête

Au mois de novembre dernier, les deux magistrats en charge de l'information judiciaire ont estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments à charge pour faire juger par une cour d'assises Cédric Jubillar pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Mais le 12 janvier, le parquet général de Toulouse a demandé un supplément d'information, intrigué par deux nouveaux éléments, apparus après le renvoi aux assises.

Il s'agit d'abord d'un échange téléphonique enregistré entre un détenu de 33 ans, qui a été incarcéré dans la même prison que Cédric Jubillar, et sa mère, le 22 novembre dernier. Un homme, ayant contacté les gendarmes à plusieurs reprises pour évoquer la disparition d'une pelleteuse sur un chantier à proximité du domicile des Jubillar, doit également être entendu. Tout comme un médium assurant avoir des éléments sur le lieu où pourrait se trouver le corps de Delphine Jubillar.

Les avocats de Cédric Jubillar, qui plaident l'innocence de leur client depuis le début de cette affaire, ont déposé plusieurs recours. Un contre l'ordonnance de mise en accusation qui n'a pas été examiné en raison de ce supplément d'information. Et un autre contre la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse qui a souhaité que ces nouvelles investigations soient dirigées par les deux juges d'instruction du dossier.

"On n'a plus confiance"

Or la défense estime que ces deux magistrates instruisent à charge. Les avocats ont induit le 13 février un recours parce qu'ils "n'acceptent pas qu'ils soient dirigés par deux magistrats qui ont d'ores et déjà écrit que Jubillar était coupable", comme l'a expliqué Me Alexandre Martin. Dans le même ordre d'idée, ils ont également déposé une requête en récusation auprès du premier président de la cour d'appel de Toulouse, qui dispose d'un mois pour se prononcer.

"Nous, on n'a plus confiance, on ne veut pas que ça soit les mêmes juges qui soient saisis", a insisté Me Martin.

C'est désormais au premier président du tribunal judiciaire de Toulouse de trancher. Il peut choisir soit de confier tout de même ces investigations aux deux mêmes juges, soit de les confier à un ou plusieurs autre(s) juge(s) d'instruction, soit de les confier directement à la chambre de l'instruction. Il a jusqu'à la mi-mars pour rendre une décision.

Article original publié sur BFMTV.com

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