Affaire Jubillar: la chambre d'instruction a décidé de rouvrir l'enquête, de nouvelles auditions à venir

INFO BFMTV. La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse a rendu sa décision, ce jeudi 8 février, sur la demande de supplément d'information formulée par le parquet général en janvier dernier.

Quatre mois après la fin de l'instruction sur la disparition de Delphine Jubillar, les investigations vont reprendre. Mi-janvier, alors que Cédric Jubillar se dirigeait tout droit vers la cour d'assises pour le meurtre de sa compagne, le parquet général de Toulouse a demandé un supplément d'information, intrigué par trois nouveaux éléments, une conversation téléphonique d'un ancien codétenu, le témoignage d'un homme et celui d'un medium.

C'est chose faite, ce jeudi 8 janvier. La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse a décidé de suivre ces réquisitions, a appris BFMTV auprès de l'avocat de Cédric Jubillar, ouvrant donc la voie dans les semaines qui viennent à de nouvelles auditions, "estimant que les actes demandés présentent un intérêt".

Les deux juges d'instruction, initialement en charge du dossier, ont été à nouveau saisis pour procéder à ces nouveaux actes d'enquêtes, qui devraient être réalisés d'ici le mois d'avril.

"C’est une décision qui va dans le sens de ce que nous disons depuis le début que nous allons vers un naufrage judiciaire", déplore sur BFMTV Me Emmanuelle Franck, l'un des avocats de Cédric Jubillar.

Cette décision fait suite à l'audience de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse, le 18 janvier dernier. Initialement prévue pour examiner l'appel, formulé par les avocats de Cédric Jubillar, sur l'ordonnance de son renvoi aux assises, elle a finalement été consacrée à la demande de supplément d'information, déposée par le parquet général.

Pas de corps, d'aveux ou de scène de crime

Cédric Jubillar, peintre-plaquiste de 36 ans, est mis en examen dans le cadre de la disparition de sa compagne, Delphine Jubilla. Cette infirmière de 33 ans a disparu de sa maison de Cagnac-les-Mines (Tarn), où elle vit avec son mari et leurs deux enfants, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. À cette époque, le couple était en instance de divorce. Mis en examen pour "meurtre aggravé", en l'espèce homicide violent par conjoint, Cédric Jubillar est incarcéré, en détention provisoire à la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse, depuis le 18 juin 2021.

Malgré l'absence de corps, d'aveu, de témoin ou de scène de crime, la justice a clos l'enquête, mi-octobre 2023, et a signé l'ordonnance de mise en accusation de Cédric Jubillar, renvoyé devant la cour d'assises du Tarn. Mais les avocats du peintre-plaquiste, qui a toujours clamé son innocence, ont immédiatement fait appel de cette décision. Un recours qui devait donc être examiné le 18 janvier.

Mais le 12 janvier, le parquet général de Toulouse a demandé un supplément d'information, intrigué par deux nouveaux éléments, apparus après le renvoi aux assises.

Des éléments après la clôture de l'enquête

D'abord, un échange téléphonique enregistré entre un détenu de 33 ans, qui a été incarcéré dans la même prison que Cédric Jubillar, et sa mère, le 22 novembre dernier. Cette dernière lui apprend que le mari Cédric Jubillar devrait être jugé pour le meurtre de son épouse.

- "Mais il n'y a pas de preuves, pas de preuves... Et Sofiane, et Sébastien et Mathieu, ils les connaissent pas!", s'étonne le détenu, comme l'a confirmé une source proche du dossier à BFMTV. - "Ah! s'ils savaient...", répond la mère dans un léger rictus.

Selon les informations de BFMTV, deux personnes - Sofiane et Sébastien - auxquelles le détenu fait allusion sont des prénoms connus du dossier. L'un d'eux a d'ailleurs été soupçonné un temps d'avoir prêté son véhicule à Cédric Jubillar pour déplacer le corps de sa femme. Faute d'éléments incriminants, la piste avait été totalement refermée. Le parquet souhaite que le détenu en question et sa mère soient entendus par les enquêteurs.

D'autre part, un homme de la région a joint les gendarmes à plusieurs reprises, expliquant avoir des informations sur l'affaire Jubillar. Il évoque la disparition d'une pelleteuse sur un chantier à proximité du domicile du couple à Cagnac-les-Mines. Enfin, c'est le témoignage d'un medium qui intrigue la justice. Ce dernier assure avoir des éléments sur le lieu où pourrait se trouver le corps de Delphine Jubillar. Des témoins que le parquet général veut voir auditionner.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Supplément d’information dans l’affaire Jubillar : Philippe Pressecq, avocat de l’une des cousines de Delphine Jubillar, redoute "une Star Academisation des témoins"