Renvoi aux assises, demande de supplément d'information: où en est l'enquête dans l'affaire Jubillar?

Cédric Jubillar se dirigeait tout droit vers la cour d'assises pour le meurtre de sa compagne, Delphine Jubillar. Mais le parquet général de Toulouse a demandé un supplément d'information, intrigué par deux nouveaux éléments, une conversation téléphonique d'un ancien codétenu et le témoignage d'un homme.

Initialement prévue pour examiner l'appel, formulé par les avocats de Cédric Jubillar, sur l'ordonnance de son renvoi aux assises, l'audience de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Toulouse de ce jeudi 18 janvier a finalement été consacrée à la demande de supplément d'information, déposée par le parquet général.

Pourquoi Cédric Jubillar est-il renvoyé aux assises ?

L'histoire débute dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19. Delphine Jubillar, une infirmière âgée de 33 ans, disparaît de sa maison de Cagnac-les-Mines (Tarn), où elle vit avec son mari, Cédric Jubillar, un peintre-plaquiste de 36 ans, et leurs deux enfants. À l'époque, le couple est en instance de divorce.

Six mois plus tard, le 18 juin 2021, Cédric Jubillar est mis en examen pour "meurtre aggravé", en l'espèce homicide violent par conjoint et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.

Un peu moins de trois ans après la disparition de Delphine Jubillar, la justice a clos l'enquête, mi-octobre 2023, malgré l'absence de corps, d'aveu, de témoin ou de scène de crime. Le 21 novembre, les deux juges en charge du dossier ont signé l'ordonnance de mise en accusation de Cédric Jubillar. En d'autres termes, ils ont estimé qu'il existait des "charges suffisantes" pour renvoyer le mari de Delphine Jubillar devant la cour d'assises du Tarn. Les magistrats ont également estimé que des "investigations minutieuses et exhaustives (...) ont permis (...) d'exclure l'ensemble des autres hypothèses".

Dans la foulée, les avocats de Cédric ont annoncé faire appel de cette décision. La chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse devait donc examiner, ce jeudi 18 janvier, le recours formulé par les avocats du peintre-plaquiste.

Mais il y a quelques jours, le 12 janvier, le parquet général de Toulouse a demandé un supplément d'information dans ce dossier. Selon les informations de BFMTV, deux nouveaux éléments, apparus après le renvoi aux assises intriguent le parquet, qui souhaite qu'ils soient approfondis. En d'autres termes, le parquet voudrait que l'enquête soit prolongée avant un éventuel procès.

Quels sont ces deux nouveaux éléments?

Durant cette audience, ce jeudi matin, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse a donc examiné pendant deux heures la demande de supplément d'information du parquet général de Toulouse.

Selon les informations de BFMTV, si ces nouveaux éléments n'arrivent que maintenant, c'est qu'ils ont été portés à la connaissance du parquet le 19 et le 20 décembre, soit après la clôture de l'instruction en octobre.

Le premier élément est un échange téléphonique, enregistré entre un détenu de la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et sa mère, le 22 novembre dernier. Au cours de cet échange téléphonique, l'homme âgé de 33 ans, qui a été incarcéré dans la même prison que Cédric Jubillar, évoque l'affaire pendant une dizaine de secondes. Sa mère lui apprend que le mari Cédric Jubillar devrait être jugé pour le meurtre de son épouse.

- "Mais il n'y a pas de preuves, pas de preuves... Et Sofiane, et Sébastien et Mathieu, ils les connaissent pas!", s'étonne le détenu, comme l'a confirmé une source proche du dossier à BFMTV. - "Ah! s'ils savaient...", répond la mère dans un léger rictus.

Selon les informations de BFMTV, deux personnes -Sofiane et Sébastien- auxquelles le détenu fait allusion sont des prénoms connus du dossier. Mais à ce stade, on ne sait pas encore s'il s'agit des mêmes personnes. Le parquet souhaite que le détenu en question et sa mère soient entendus par les enquêteurs.

Le second élément qui intrigue le parquet, c'est le témoignage d'un homme de la région, qui a joint les gendarmes à plusieurs reprises. Il explique avoir des informations sur l'affaire Jubillar et souhaite leur en faire part. Il estime notamment que le corps de Delphine pourrait se trouver les fondations d'une maison voisine.

Le parquet général aimerait aussi que cet homme soit auditionné, a appris BFMTV d'une source judiciaire.

La chambre de l'instruction a-t-elle rendu sa décision ?

La décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse sur la demande de supplément d'information du parquet général sera rendue le 8 février, a appris BFMTV de sources concordantes, ce jeudi.

Si elle accepte, les juges d'instruction devraient entendre les protagonistes, notamment le détenu, sa mère et l'homme qui a contacté les gendarmes. Les différentes parties pourront ensuite demander des actes complémentaires, comme une confrontation entre Cédric Jubillar et le détenu, par exemple. Autant de procédures qui retardent donc un éventuel procès.

Par ailleurs, une nouvelle audience aura lieu plus tard sur l'appel sur l'ordonnance de mise en accusation, formulé par les avocats de Cédric Jubillar qui contestent son renvoi devant les assises.

Article original publié sur BFMTV.com