Élections britanniques: Keir Starmer, l'avocat qui a permis aux travaillistes de retrouver le pouvoir

Il est l'homme du renouveau de la gauche britannique. En remportant largement les élections législatives du jeudi 4 juillet, Keir Starmer, 61 ans, redonne le pouvoir au parti travailliste après 14 années de gouvernements conservateurs.

"Notre tâche n'est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l'unité de notre pays, un renouveau national", a-t-il déclaré dans un discours prononcé alors que son parti venait de s'assurer une majorité absolue dans le futur Parlement.

"Le changement débute maintenant", a-t-il martelé, sans toutefois promettre que "cela sera facile".

Depuis quatre ans, cet avocat au style austère a redressé une formation sévèrement battue aux dernières élections de 2019 et minée par les accusations d'antisémitisme visant son ex-leader Jeremy Corbyn.

· Des origines modestes

Né le 2 septembre 1962, Keir Rodney Starmer - son prénom rend hommage au fondateur du Labour, Keir Hardie - a grandi dans une petite maison de la périphérie de Londres avec un frère et deux sœurs.

Son père était ouvrier outilleur. Sa mère, atteinte d'une grave et rare maladie articulaire, était infirmière. Des origines modestes qu'il aime rappeler.

"Je sais ce que c'est que d'être gêné de ramener ses amis à la maison parce que la moquette est élimée et les fenêtres fissurées", a-t-il insisté lors de la présentation de son programme mi-juin.

· Une entrée tardive en politique

Après des études de droit à Leeds puis Oxford, Keir Starmer entame une carrière d'avocat. Spécialiste des droits humains, il combat la peine de mort dans les Caraïbes et bataille contre McDonald's dans la très médiatique affaire McLibel.

Keir Starmer travaille ensuite en Irlande du Nord où il participe en tant que conseiller aux droits de l'Homme à la reconstruction des services de police après les Troubles, les trois décennies du conflit nord-irlandais qui a fait plus de 3.500 morts.

En 2008, il devient procureur à la tête du prestigieux service des poursuites de la Couronne (CPS), un mandat qui lui vaut d'être anobli en 2014 par la reine Elizabeth II - même s'il utilise rarement son titre de "Sir".

Il est élu député travailliste d'une circonscription du nord de Londres en 2015 à l'âge de 52 ans, avant d'être réélu en 2017 puis 2019.

· Nouveau visage pour le parti travailliste

En 2016, Keir Starmer fait campagne contre la sortie du Royaume-Uni de l'UE avant de devenir secrétaire d'État au Brexit dans le "cabinet fantôme" de l'opposition travailliste.

Après la défaite historique du parti aux élections générales de 2019, il est élu à sa tête du Labour. Keir Starmer entreprend de tourner la page de l'ex-leader Jeremy Corbyn, accusé d'avoir couvert l'antisémitisme qui montait au sein de son parti. Implacable sur le sujet, Keir Starmer suspend en 2020 son prédécesseur après un rapport accablant critiquant sa gestion de l'antisémitisme dans les rangs de la formation.

Sous l'égide de son nouveau chef de file, le Labour opère un net recentrage, notamment sur les questions économiques, quitte à froisser la base militante. Sans état d'âme pour ceux qui refusent de rentrer dans le rang, Keir Starmer est accusé de "purges" par son aile gauche.

· Un programme sans excès

Perçu comme sérieux et compétent dans les enquêtes d'opinion, Keir Starmer a mené une campagne sans éclat ni annonce spectaculaire, en surfant sur la forte impopularité des conservateurs et du Premier ministre Rishi Sunak.

Sur le plan économique, son programme affiche une orientation "pro-entreprises", un soutien aux investissements, et surtout une prudence budgétaire à même de rassurer les marchés. Il promet de "reconstruire" l'économie britannique, sans hausse d'impôts.

Sa feuille de route comprend également un renforcement du système de santé et de la lutte contre l'évasion fiscale. Pour alléger les factures d'énergie des Britanniques, il propose la création d'une société publique de production d'énergie propre et une taxe sur les géants du pétrole et du gaz.

Keir Starmer tient également un discours ferme sur l'immigration illégale, promettant de créer "un commandement chargé de la sécurité des frontières" et d'"utiliser les pouvoirs de lutte contre le terrorisme pour démanteler les gangs de bateaux criminels". Il s'oppose toutefois à la loi controversée qui expulse des demandeurs d'asile vers le Rwanda.

Article original publié sur BFMTV.com