À Gaza, la faim à un niveau jamais vu, l’ONU alerte sur l’arrivée imminente de la famine

Un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 mars 2024.
MOHAMMED ABED / AFP Un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 mars 2024.

GAZA - Il y a plus que jamais urgence à Gaza. Un habitant sur deux dans l’enclave palestinienne connaît une situation alimentaire catastrophique, en particulier dans le nord où la famine sévira d’ici le mois de mai en l’absence de mesures « urgentes ».

Plus de 1,1 million de Gazaouis sont confrontés à « une situation de faim catastrophique », proche de la famine, « le nombre le plus élevé jamais enregistré » par l’ONU, qui se base sur le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié ce lundi 18 mars.

Dans le dernier rapport IPC publié en décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) considéraient la famine comme « probable » d’ici la fin mai dans le nord de la bande de Gaza. Elles estiment désormais qu’elle y surviendra « à n’importe quel moment entre maintenant et mai » si rien n’est fait pour l’empêcher.

Le constat est particulièrement critique pour les habitants du nord de la bande de Gaza. « Sans changements dans l’accès à l’aide humanitaire, la famine arrive », prévient la directrice générale adjointe de la FAO, Berth Bechdol, dans un entretien à l’AFP. « Il est possible qu’elle sévisse déjà dans le Nord, mais nous n’avons toujours pas été en mesure de le vérifier », faute d’accès aux territoires concernés, relève-t-elle.

Les critères de l’IPC pour déclarer une famine ne sont pas techniquement remplis mais d’ores et déjà « des habitants de Gaza meurent de faim », s’alarme la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain, dans un communiqué. Le PAM estime que dans le nord du territoire, un enfant sur trois souffre de malnutrition et « la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans progresse à un rythme record ».

Par ailleurs, le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a déclaré à des journalistes au Caire avoir « prévu d’aller à Rafah » via le poste-frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, ce lundi, mais avoir été « informé que (son) entrée n’était pas autorisée ». Sur X, il a précisé que « les autorités israéliennes » lui avaient « refusé » l’entrée à Gaza. Contactées par l’AFP, les autorités israéliennes ont refusé de commenter.

Il faudrait faire entrer à Gaza « au moins 300 camions par jour »

Les destructions sont massives dans la bande de Gaza et l’aide humanitaire y entre au compte-gouttes. Selon l’ONG Oxfam, 2 874 camions sont entrés dans le territoire en février, soit « seulement 20 % de l’aide quotidienne » qui y pénétrait avant le 7 octobre.

Il existe toujours, selon le PAM, « une fenêtre étroite » pour empêcher la famine. Pour cela, « nous avons besoin d’un accès immédiat et sans restrictions au nord. Si nous attendons que la famine soit déclarée, il sera trop tard, des milliers de personnes supplémentaires auront trouvé la mort », selon Cindy McCain.

Un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » rapide permettrait « de faire entrer suffisamment de nourriture, de médicaments et d’eau potable » dans les zones pour éviter une famine, abonde Berth Bechdol, mais un arrêt des hostilités « ne semble pas probable dans les jours ou semaines à venir ».

Selon le PAM, pour assurer les besoins alimentaires de base, il faudrait faire entrer à Gaza « au moins 300 camions par jour », particulièrement dans le Nord, où il n’a pu acheminer que neuf convois d’aide depuis le début de l’année. Les derniers 18 camions d’aide alimentaire ont été livrés dimanche soir à la ville de Gaza.

Pour tenter d’acheminer davantage d’aide, des parachutages de nourriture ont été effectués et la communauté internationale a entrepris de livrer des vivres par la mer.

Mais ce couloir humanitaire maritime ouvert depuis Chypre, le pays de l’Union européenne le plus proche de la bande de Gaza, ne change pas la donne, selon Berth Bechdol. Tant les parachutages que les livraisons par la mer « sont plus symboliques qu’une véritable panacée », souligne-t-elle.

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