Violences sexuelles dans les armées: l'ex militaire victime d'agressions Manon Dubois salue l'annonce d'une mission d'inspection

Manon Dubois, une ancienne militaire, dit avoir été victime d'agressions sexuelles quand elle était dans la marine nationale, ce qui a lancé un mouvement de prises de parole sur le sujet. Elle réagit ce dimanche 14 avril au lancement d'une mission d'inspection du gouvernement annoncée vendredi.

Une annonce qu'elle espère salutaire. Manon Dubois, ancienne militaire qui a pris la parole en février dernier pour dénoncer les agressions sexuelles dont elle a été victime dans la marine nationale et l'impunité de ses agresseurs, a réagi pour la première fois ce dimanche 14 avril à France Info à l'annonce d'une prochaine mission d'inspection du gouvernement sur cette question.

"C'est à la fois une satisfaction, mais aussi un petit pincement parce que je me dis qu'il a fallu qu'on en arrive là pour que des choses se passent", a-t-elle déclaré.

"Évidemment, j'aurais aimé ça pour moi. Justement, cela va permettre qu'il n'y ait plus ça à l'avenir et qu'ils appliquent réellement cette sanction", a-t-elle encore estimé. "Mieux vaut tard que jamais".

Les militaires suspendus en cas de suspicion

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé vendredi dans une tribune publiée dans Le Monde le lancement d'une mission d'inspection sur les violences sexuelles dans les armées.

Cette mission, qui rendra son rapport fin mai, doit permettre d'améliorer la prise en charge de la victime, analyser le traitement disciplinaire et la cohérence des sanctions contre les agresseurs et renforcer les mesures de prévention. Elle prévoit notamment la suspension systématique du mis en cause "chaque fois qu'il existe une suspicion de viol ou d'agression sexuelle présentant un caractère suffisant de vraisemblance".

"Le fait que (le ministère des Armées) dise qu'il n'y a pas besoin de récidive, qu'il y a réellement une tolérance zéro, c'est ce qu'il fallait faire dès le début", réagit ce dimanche Manon Dubois.

Pour l'ancienne militaire âgée de 23 ans, "il y a des choses à ne pas faire, comme mener des enquêtes avec seulement des personnes issues de l'armée".

167 signalements en 2023

Plusieurs médias, dont le Courrier de l'Ouest, avaient évoqué l'histoire de cette ancienne militaire qui avait été victime à l'âge de 17 ans d'agressions sexuelles sur un navire de la marine française. Son cas avait notamment été soulevé auprès du ministère des Armées par la députée Laetitia Saint-Paul, militaire et députée Renaissance du Maine-et-Loire. Depuis, d'autres ont pris la parole sur ce sujet, au point que certains médias ont parlé d'un "MeToo des armées".

"J'ai juste l'impression d'avoir aidé les victimes à prendre la parole, d'avoir aidé à ce qu'il n'y ait plus ça pour les autres", estime de son côté Manon Dubois qui ne se considère pas comme un "symbole".

En 2023, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie des armées et 59 traités par la cellule Thémis, soit un total de 226 cas qui ont fait l'objet de l'ouverture d'un dossier.

Selon le ministère, les armées françaises comptent 16,5% de femmes dans leurs rangs (34.142 personnels).

Article original publié sur BFMTV.com