Violences entre supporters: et maintenant, on fait quoi?

Comment mettre fin aux incidents autour des matchs de football en France? "La question ne trouvera jamais de réponse car il n'y a aucune volonté de toutes les parties", prévient un directeur de la sécurité d'un grand club de Ligue 1. Ce dernier assume: "Certains clubs ne déploient aucun moyen pour lutter contre les emmerdeurs du dimanche, c'est désolant."

Comme pour tous les incidents depuis plusieurs saisons, le schéma a été le même ce week-end pour la finale de Coupe de France OL-PSG. La DNLH prévient, le préfet publie ses arrêtés, les incidents éclatent et toutes les parties réagissent pour condamner les événements. Mais à aucun moment, des mesures fortes ne sont décrétées, que ça soit du côté des autorités, des clubs, de la LFP ou de la Fédération.

Certains responsables politiques et plusieurs personnes impliquées sur le dispositif de samedi soir n'ont en outre que très peu goûté aux deux communiqués publiés par les clubs après les incidents.

Des supporters problématiques toujours dans les stades

Plus de 24 heures après les incidents sur l'autoroute A1, le temps de la justice s'ouvre. L'enquête va mettre plusieurs mois avant d'arriver à une vision d'ensemble concernant l'affrontement entre les Lyonnais et les Parisiens. Et pendant ce temps, les supporters qui ont participé à ce déchainement de violence vont retrouver les tribunes des stades. Certains seront même présents à l'Euro en Allemagne dans quelques semaines. Pourtant, sur plusieurs vidéos disponibles, des personnes qui participent aux violences sont parfaitement reconnaissables, et donc identifiables par les clubs.

Certains parlent d'interdire ces personnes de stade de manière commerciale (ICS)...encore faut-il que ces incidents se déroulent à l'intérieur des enceintes sportives. Sur la voie publique, le club n'a aucun pouvoir. Dans les faits, cette pratique des ICS est très peu appliquée par les équipes françaises et facilement contournée par les supporters. "Ça mérite une petite équipe de stadiers à l'entrée des stades pour éviter le contournement de la sanction, il faut aussi connaître son public, connaître les visages des éléments perturbateurs, mais si un club se donne les moyens, c'est parfaitement possible d'appliquer les interdictions commerciales de stade", embraye un ancien policier spécialisé sur ces questions.

La ministre pourrait prendre de "nouvelles initiatives"

L'individualisation des sanctions est d'ailleurs la priorité de la ministre des Sports. Amélie Oudéa-Castéra a toujours défendu cette philosophie, elle est appuyée sur cette question par les associations de supporters. Le chef de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), Thibaut Delaunay, avait aussi confié lors de son interview accordée à RMC Sport en mars que "l'individualisation de la peine est la meilleure des réponses". Tout en rappelant qu'il fallait aussi "impliquer les clubs, qui doivent s'emparer de cette question". La France compte un peu plus de 300 interdits de stade, ce qui est très peu comparé à nos voisins européens. Mais outre les sanctions individuelles, quelles autres mesures peuvent être déployées sur ce sujet? De nombreuses questions restent en suspens.

Les travaux sur ce sujet des violences sont toujours en cours avec les autres ministres concernés par la question, explique-t-on du côté du ministère des Sports. Dans les prochaines semaines, la ministre des Sports pourrait prendre de "nouvelles initiatives" afin "d'appuyer le travail en cours des services compétents et renforcer la lutte contre ces situations inadmissible", poursuit-on au ministère. Tout en rappelant que ces situations se sont "raréfiées" depuis le moratoire décrété par Amélie Oudéa-Castéra à la fin de l'année 2023. Dans un colloque organisé au Sénat, "AOC" avait promis son "initiative d'ampleur" pour la fin de la saison, normalement au mois de juin.

Le déplacement de la violence à l'extérieur des stades, inquiète aussi grandement les autorités. Depuis plusieurs mois, le dialogue a aussi été renoué avec force lors de l'Instance nationale du supportérisme. Du dialogue, il en faudra pour aller plus loin dans cette quête d'apaisement dans les tribunes de Ligue 1 et de Ligue 2. Il y a du travail, beaucoup de travail.

Article original publié sur RMC Sport