Une ville sous l’objectif de ses photographes

Très en retard sur ses rivales asiatiques, Hong Kong n’a longtemps eu ni musée dédié à la photographie ni Mois de la photo. En dehors d’expositions temporaires, on ne pouvait avoir accès aux œuvres des grands photographes hongkongais. Quand on a une telle richesse de photographes, un musée aurait pourtant été très facile à réaliser en sollicitant photographes et collectionneurs privés, et en rassemblant la collection du Heritage Museum – dans un ancien bâtiment historique classé, par exemple, dont le gouvernement ne savait que faire.

Les choses ont heureusement changé : le Musée M +, dans le nouveau quartier de West Kowloon, inclut la photographie dans ses collections. Quelques passionnés avaient auparavant tenté de remédier à cette carence en publiant des ouvrages sur la photographie contemporaine. En 2005, Simon Go avait fait un essai avec Hong Kong photographers (Goho), un petit coffret regroupant quatre photographes. Par la suite, l’éditeur Asiaone a lancé sous ce même intitulé de “Hong Kong Photographers” une collection de douze monographies. Destinée à un public international, chacune était accompagnée d’un texte en anglais signé par un critique d’art. Une petite maison d’édition téméraire et dynamique, MCCM, a également publié quelques ouvrages de photographies commentées par des essais en chinois et anglais.

“So Hing Keung, The Wandering Photographer”, par Oscar Ho

C’est ainsi que le critique d’art Oscar Ho intitule son essai sur So Hing Kong, né en 1959 à Hong Kong. En première partie de cette monographie, il rappelle la composition de la société hongkongaise, faite de vagues successives d’immigrants en quête d’une identité propre, et toutes les questions et les attitudes engendrées par la rétrocession à la Chine, donnant une analyse instructive et intéressante.

C’est sur ce terrain que travaille So Hing Kong en explorant les zones grises entre la Chine et Hong Kong. Dans les années 1980 et 1990, il part à la recherche de l’autre, la Chine, des images de détails colorés, parfois satiriques et ironiques représentant ce pays en mutation, comme un Mao perché au-dessus d’une terre gelée ou une statue de la liberté oubliée aux bras brisés. So a également réalisé sur la Chine du Sud, dans la campagne de Chaozhou, une série de beaux portraits intimes de gens ordinaires, simples et honnêtes qui, face à l’objectif, posent pour lui sans recherche d’effet, sur leur lieu de vie, montrant une Chine rurale aux valeurs traditionnelles toujours existante.

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