"Je ne demandais qu'à grandir tranquille" : la tribune d'Isabelle Carré contre les violences faites aux femmes

L'actrice et écrivaine a pris la parole dans les colonnes du magazine "Elle" ce mercredi pour dénoncer le sexisme et les violences faites aux femmes, dans le sillage de l'affaire Gérard Depardieu.

Une prise de parole capitale. Dans la lignée de l'affaire Depardieu, Isabelle Carré s'est exprimée dans les colonnes du magazine hebdomadaire Elle: l'actrice et écrivaine dénonce, dans l'édition datée du jeudi 21 décembre, le sexisme et les violences faites aux femmes.

Dans ce texte poignant, baptisé "Je ne demandais qu'à grandir tranquille", Isabelle Carré revient d'abord sur les différentes agressions qu'elle a subies tout au long de sa vie. À commencer par la première, à l'âge de 11 ans, lorsqu'un inconnu faisant mine de l'arrêter dans la rue pour lui demander un renseignement finit par lui toucher la poitrine et commenter: "Ça pousse hein fillette, ça pousse!".

"Comportement pas acceptable, même sous prétexte de gauloiseries"

À travers son témoignage, Isabelle Carré rebondit également, sans le nommer, sur l'affaire Gérard Depardieu, visé par plusieurs plaintes pour viols et agressions sexuelles, et défendu par de nombreuses personnalités du cinéma dans une tribune publiée lundi dans Le Figaro.

Outre les plaintes des actrices Charlotte Arnould et Hélène Darras, l'acteur a provoqué une véritable indignation au début du mois après la diffusion d'un reportage de Complément d'enquête sur France 2 dans lequel il multiplie les propos misogynes, obscènes et insultants à l'encontre de femmes et d'une petite fille.

"N'est-ce pas étonnant qu'il faille attendre cinquante ans pour signifier à un acteur que son comportement avec les assistantes, les habilleuses, ses partenaires n'est pas acceptable, même sous prétexte de gauloiseries?", affirme-t-elle.

"Qu'il faille attendre Annie Ernaux avec Mémoire de fille, puis Le Consentement de Vanessa Springora pour s'interroger sur la notion de consentement? Qu'il faille encore Camille Kouchner pour découvrir que l'inceste concerne un Français sur dix?", poursuit Isabelle Carré.

La "solitude" des victimes

Si elle souligne une légère avancée du monde du cinéma, avec la présence désormais sur certains tournages de référents harcèlement, Isabelle Carré affirme toutefois que la "solitude" des femmes victimes de violences sexuelles persiste "malgré les livres de Vanessa Springora ou de Lola Lafon, malgré les posts #MeToo".

"Moins de 10% (des femmes victimes de violences sexuelles) portent plainte et moins de 1% des viols déclarés par des majeures ont fait l'objet d'une condamnation", rappelle-t-elle. "Quand je lis ces chiffres, aucun doute possible, les adolescentes continueront d'adopter nos pauvres tactiques: avoir ses clés dans la main pour ouvrir la porte d'entrée plus vite, jouer aux folles, faire semblant de téléphoner, semblant de connaître cette passagère dans le métro..."

Et de conclure: "Une campagne nationale lancée en 2023 disait: 'Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine...' (...) Pour 2024 et les années à venir, je suggère une formule plus volontaire, débarrassée de tout suspense: 'Le sexisme, on sait très bien comment ça commence, et il est grand temps que ça se termine!'"

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - L'année où Depardieu est tombé de son piédestal