Gérard Depardieu: plaintes, témoignages... Quelles sont les accusations visant l'acteur?

Une "chasse à l'homme"? Depuis cinq ans et les premières accusations prononcées à son encontre, Gérard Depardieu, aujourd'hui âgé de 74 ans, est mis en examen par la justice française pour "viol" et "agression sexuelle". Une plainte, puis deux et désormais une troisième a été déposée, cette fois-ci en Espagne. D'autres femmes ont pris la parole pour dénoncer, a minima, l'impunité dont a toujours joui le monstre sacré du cinéma.

Gérard Depardieu nie catégoriquement toutes ces accusations. "Jamais au grand jamais je n’ai abusé d'une femme, confiait-il en octobre dernier au Figaro. Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère." Reconnaissant avoir été toute sa "vie", "provoquant, débordant, parfois grossier", "au tribunal médiatique, au lynchage qui m'a été réservé, je n'ai que ma parole à opposer".

· Trois plaintes et une mise en examen

Le 27 août 2018, en toute discrétion, Charlotte Arnould, jeune comédienne de 28 ans, se présente à la gendarmerie de Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône. Elle porte plainte contre Gérard Depardieu, ami de son père. Elle l'accuse de l'avoir violée à deux reprises, les 7 et 13 août de la même année, au domicile parisien de l'acteur où elle s'était rendue pour lui demander des conseils.

Après neuf mois d'investigation, sa plainte est classée sans suite, le parquet de Paris estimant que l'infraction n'a pas pu être caractérisée. Mais Charlotte Arnoud redépose plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile.

Un juge d'instruction est nommé et en décembre 2020, estimant qu'il existe des indices graves et concordants, il met en examen Gérard Depardieu pour "viol" et "agression sexuelle". L'instruction est toujours en cours.

Depuis le 10 septembre, l'acteur est visé par une deuxième plainte. La comédienne Hélène Darras dénonce des faits d'agression sexuelle lors du tournage d'un film en 2007. Ces faits, qui sont toujours à l'étude par le parquet de Paris, pourraient être prescrits, impliquant le classement de la procédure. "Je m'en fous", a réagi la comédienne précisant avoir voulu donner de la crédibilité à son témoignage paru dans la presse en lui apportant une connotation judiciaire.

Ruth Baza dit elle avoir effacé de sa mémoire cet événement traumatique. Cette auteure et journaliste espagnole dénonce un viol commis lors d'une interview de l'acteur dans les locaux de l’ancienne société de production Roissy Films, en France, le 12 octobre 1995.

Elle évoque "une intrusion sans aucun consentement, à aucun moment" qui l’aurait "paralysée". Ruth Baza, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu en Espagne, dit avoir eu un déclic en découvrant des témoignages d'autres femmes dans la presse.

· Des premières accusations en 2019

C'est la première accusatrice publique de Gérard Depardieu. En 2019, Emmanuelle Debever publie un message sur Facebook dans lequel elle évoque le tournage du film Danton en 1982. "Le monstre sacré s'était permis bien des choses durant ce tournage... Profitant de l'intimité à l'intérieur d'un carrosse. Glissant sa grosse patte sous mes jupons pour soi-disant mieux me sentir. Moi, ne me laissant pas faire", écrivait-elle notamment.

Selon plusieurs internautes, Emmanuelle Debever avait porté plainte avant que la procédure ne soit classée sans suite.

Le 7 décembre dernier, Emmanuel Debever s'est suicidée. Au regard des accusations portées contre Gérard Depardieu, une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte, a indiqué le parquet de Paris, pour "rechercher les circonstances ayant pu conduire à ce décès".

· 14 femmes prennent la parole en 2023

Elles sont actrices, figurantes, maquilleuses ou encore techniciennes. Toutes dépeignent un mode opératoire similaire utilisé par Gérard Depardieu sur les plateaux de tournage entre 2004 et 2022. 13 femmes ont témoigné auprès de Mediapart, qui a publié une longue enquête en avril dernier, évoquant des gestes ou des propos sexuels inappropriés et non consentis.

Main sous les robes, attouchements sur les parties intimes, propos outrageants, le tout dans une ambiance hyper sexualisée, ces femmes dénoncent aussi l'absence de réaction des équipes sur le tournage. Souvent, elles entendaient pour simple condamnation: "Oh c'est Gérard...".

En juillet, France Inter avait donné la parole à une autre femme, technicienne qui a croisé la route de Gérard Depardieu sur le plateau de tournage d'un téléfilm en 2015. Au début, elle explique avoir subi "des remarques lourdes et vulgaire sur le physique", puis des propositions pour avoir rapports sexuels "même rémunérés" et des attouchements sexuels comme "des mains baladeuses sur les fesses, à l'entrejambe".

Un jour, alors que la jeune femme est contrainte de rester dans la chambre de Gérard Depardieu, ce dernier "baisse son pantalon" et lui "montre son sexe". La technicienne prend la fuite avant qu'il ne la rattrape dans le couloir. "Il m'a rattrapée dans le couloir et bloquée contre le mur. Son ventre bloquait tout donc il n'a rien pu faire", confiait alors la jeune femme.

· Une accusatrice belge prend la parole

C'est la dernière femme à avoir pris la parole publiquement pour accuser Gérard Depardieu. L'actrice belge Brit Van Hoof a confié à SudInfo le 17 décembre dernier avoir été agressée sexuellement par l'acteur en 2014 alors qu'il était l'invité d'honneur du Ramdam festival, à Tournai en Belgique, auquel participait la trentenaire.

"Alors qu’il était là, assis derrière nous en pleine standing ovation du public et devant les photographes, j’ai senti une grosse main palper mes fesses", a-t-elle raconté, expliquant s'être demandé si tout était "réel", "n'osant réagir".

· Des propos obscènes et vulgaires filmés

C'est une longue enquête qui agite depuis sa diffusion. Le 7 décembre "Complément d'enquête" a révélé une séquence impliquant Gérard Depardieu filmée lors d'un voyage en Corée du Nord en 2018 à l'occasion des 70 ans du régime de Pyongyang.

On y voit pendant trois minutes l'acteur tenir des propos obscènes, vulgaires, sordides. "C'est des grosses salopes", lance-t-il à propos des femmes pratiquant l'équitation. Il sexualise également une fillette de 10 ans. Des suites judiciaires en France semble difficiles à imaginer, les faits, s'ils étaient caractérisés comme un outrage sexiste, sont prescrits.

Article original publié sur BFMTV.com