Treize femmes accusent Gérard Depardieu de violences sexuelles

Un dossier accablant. Mediapart a publié ce mercredi une longue enquête dans laquelle treize femmes accusent Gérard Depardieu de gestes ou de propos sexuels inappropriés et non consentis subis sur des plateaux de tournage entre 2004 et 2022.

Elles sont actrices, figurantes, maquilleuses ou encore techniciennes. Toutes dépeignent un mode opératoire similaire de la part de l'acteur de 74 ans. Si aucune n'a porté plainte, trois ont apporté leur témoignage à la justice, notamment pour appuyer celui de Charlotte Arnould, qui a porté plainte pour viols et agressions sexuelles en 2018.

"Oh, c'est Gérard..."

En 2014, Lyla*, 24 ans, est figurante sur un tournage. Sur le plateau, "sans prévenir, Gérard Depardieu a mis sa main sous ma robe, j'ai senti ses doigts essayer de se faufiler pour atteindre ma culotte", raconte-t-elle à Mediapart. Elle cherche à le repousser "mais il a continué, il est devenu agressif, il a essayé d'écarter ma culotte et de me doigter".

"Il y avait tellement de témoins oculaires, y compris le réalisateur, qui était juste devant nous. Personne n'a rien dit. Même quand je me suis plainte et que je me faisais crier dessus", dénonce-t-elle.

Effectivement, l'assistante costumière du tournage dit avoir perçu "un malaise que tout le monde voyait". Lyla se plaint à la production mais les réponses "sont du style: 'oh c'est Gérard, il est un peu taquin'". Plusieurs personnes l'auraient même dissuadée de porter plainte. Finalement, la scène jouée a été remodelée pour qu'elle ne soit plus à côté du célèbre acteur.

Des propos obscènes

Cet scénario ressemble à beaucoup d'autres relatés dans l'enquête de Mediapart. Les femmes témoignent d'un mode opératoire qui se répète. Une comédienne sur le tournage du film "La Môme" explique: "Ça commence au départ par un truc goguenard, sympathique. Puis il fait des grimaces salaces avec sa langue, des gestes obscènes, tient des propos toujours de l’ordre de 'ta chatte', 'tu mouilles', 'je vais te lécher la chatte', 'enlève ton Tampax'".

"Et d'un coup, il arrive par-derrière et me tripote, sans demander mon avis…", ajoute-t-elle.

Sur les tournages, Gérard Depardieu instaurerait une ambiance sexualisée et malaisante en tenant de manière permanente des propos sexuels crus ou en posant des questions intimes ou sexuelles aux femmes. Plusieurs récits parlent également de "bruits de porc en rut", de "grognements", de "coups de langue" et de "reniflements".

Attouchements sexuels

Au-delà de ce climat, le comédien irait encore bien plus loin avec certaines femmes. Plusieurs affirment avoir subi une main dans leur culotte, à leur entrejambe, à leurs fesses ou sur leur poitrine.

Par la voix de ses avocats, Gérard Depardieu "dément formellement l'ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale".

Selon Médiapart, il se décrit en gentleman aimant "faire la cour", "opposé à toute forme de violence, qu'elle soit verbale, physique ou psychologique" et "extrêmement pudique" sur les questions sexuelles.

Absence de réaction de la production

À travers ces témoignages, ce qui ressort particulièrement est l'attitude qu'auraient eue les personnes présentes sur ces tournages face au comportement de l'acteur et face aux accusations de certaines femmes.

Sur le tournage de la série "Marseille", en 2015, Sarah Brooks, 20 ans à l'époque, dit avoir subi des propos déplacés de la part de Gérard Depardieu. Par la suite, elle explique qu'il lui aurait mis la main dans son short.

"Il y a Gégé qui met sa main dans mon short", crie-t-elle alors sur le plateau, ce à quoi l'acteur répond: "Bah quoi, je pensais que tu voulais réussir dans le cinéma?". Selon la jeune femme, tout le monde s'est esclaffé.

"Des adultes ont laissé un acteur me tripoter les seins devant tout le monde", dénonce dans le même sens la comédienne et scénariste Alysse Hallali.

En 2009, âgée de 17 ans, elle raconte avoir subi des attouchements par Gérard Depardieu sur un tournage. Elle essaye alors de se dégager puis "cherche du regard un soutien sur le plateau", en vain.

Mis en examen

C'est cette asymétrie entre de jeunes femmes, souvent précaires et voulant réussir dans le milieu, et ce comédien extrêmement connu qui empêche dans la plupart des cas les victimes de porter plainte, Mediapart évoquant le sentiment que leur parole pèserait peu et qu'elles ne seraient pas soutenues.

Sur les vingt réalisateurs et producteurs sollicités par le média en ligne, neuf n'ont pas répondu et onze affirment n'avoir rien vu ou rien su.

Gérard Depardieu est déjà mis en examen pour "viols" et "agressions sexuelles" qu'il aurait commis à l'été 2018 sur la jeune comédienne et fille d'amis de longue date Charlotte Arnould. Il conteste les faits.

Article original publié sur BFMTV.com