Ukraine: 17 morts dans une frappe russe sur une grande ville du nord

Des sauveteurs déblayent les décombres d'un bâtiment détruit à la suite d'une attaque de missile russe à Tcherniguiv, en Ukraine, le 17 avril 2024 (Sergiy BUTKO)
Des sauveteurs déblayent les décombres d'un bâtiment détruit à la suite d'une attaque de missile russe à Tcherniguiv, en Ukraine, le 17 avril 2024 (Sergiy BUTKO)

Au moins 17 personnes ont été tuées et plus de 60 blessées dans une triple frappe russe mercredi à Tcherniguiv, grande ville du nord de l'Ukraine, et le président Volodymyr Zelensky a mis en cause une nouvelle fois le manque d'aide de l'Occident.

"Selon les dernières informations, 17 personnes sont mortes dont deux qui sont décédées à l'hôpital", a indiqué le service d'Etat ukrainien des Situations d'urgence.

"Soixante autres personnes dont trois enfants ont été blessées", a-t-il ajouté, précisant que les travaux de sauvetage se poursuivaient.

Selon les autorités, "des infrastructures sociales, une institution d'éducation, un hôpital" et seize immeubles résidentiels ont été endommagés. Sur des images officielles, on pouvait voir des mares de sang sur les lieux du drame.

Olga Samoïlenko, une habitante, a raconté à l'AFP comment elle s'était réfugiée avec ses enfants dans le couloir de leur immeuble pour se protéger, lorsque le premier missile a explosé.

"Nos voisins étaient déjà là. Nous avons commencé à crier pour que tout le monde se mette à terre. C'est ce qu'ils ont fait. Il y a eu deux autres explosions. Nous avons alors couru jusqu'au parking", a raconté cette femme de 33 ans.

Des journalistes de l'AFP sur place ont vu un corps en train d'être extrait des décombres ainsi que le bâtiment le plus touché, un hôtel de huit étages, dont des parties sont complètement détruites.

De nombreuses ambulances et des camions de pompiers étaient visibles sur les lieux, ainsi que des tentes montées par la police et les sauveteurs. Des voitures garées près de l'épicentre avaient le pare-brise détruit.

Le président Zelensky a souligné que l'Ukraine n'avait pas assez de défenses aériennes pour empêcher cette attaque, sans doute la plus meurtrière contre cette ville historique située à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec le Bélarus, allié de la Russie, et à une centaine de kilomètres au nord du Kiev.

"Cela ne serait pas arrivé si l'Ukraine avait reçu suffisamment d'équipements de défense antiaérienne et si la détermination du monde à résister à la terreur russe avait été suffisante", a martelé le dirigeant ukrainien sur Telegram.

Car la Russie bombarde quotidiennement des villes ukrainiennes à l'aide de missiles et drones explosifs, notamment ses infrastructures énergétiques.

- Frustration ukrainienne -

Face à une aide occidentale, en particulier américaine, qui s'essouffle, l'Ukraine est confrontée à un manque croissant de moyens pour intercepter ces engins.

Elle exhorte désespérément ses partenaires à lui livrer davantage d'armements et de systèmes de défense antiaérienne.

La réticence des alliés a particulièrement frustré Kiev après une attaque aérienne iranienne massive contre Israël ce week-end, repoussée avec succès notamment grâce au soutien militaire occidental, alors qu'une enveloppe cruciale d'aide américaine à l'Ukraine est bloquée depuis des mois au Congrès américain.

"Il y a trois jours, au Moyen-Orient, nous avons vu à quoi ressemble une protection fiable des vies humaines contre les missiles", a écrit amèrement sur Facebook le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba mercredi.

A Tcherniguiv, trois explosions se sont produites à 09H03 locales (07H03 GMT) quasiment dans le centre-ville, selon les autorités locales.

Cette ville, une des plus anciennes d'Ukraine, fondée il y a plus de 1.000 ans, comptait environ 300.000 habitants avant l'invasion russe en février 2024. Elle avait été lourdement bombardée par l'armée russe au début de cette offensive et une partie de la région avait été occupée pendant plusieurs semaines.

- Base russe attaquée en Crimée -

Côté russe, des blogueurs militaires et médias ont pour leur part fait état d'une frappe ukrainienne dans la nuit de mardi à mercredi sur la base militaire russe de Djankoï, dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par Moscou en 2014.

Des vidéos présumées de l'attaque, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent d'impressionnantes explosions au milieu de la nuit.

Selon le compte Telegram Rybar, proche de l'armée russe et suivi par plus d'un million de personnes, 12 missiles tactiques ATACMS livrés à Kiev par les Etats-Unis pourraient avoir touché cette cible, endommageant des équipements et un bâtiment.

Kiev et Moscou n'ont pour l'heure pas commenté officiellement.

Enfin, fournissant une nouvelle estimation a minima des pertes russes, le site russe indépendant Mediazona et le service russe de la BBC ont dit avoir identifié nommément, à partir d'informations publiques, plus de 50.000 soldats russes tués depuis le début il y a deux ans de l'invasion de l'Ukraine.

La partie russe ne communique pas ses pertes. De son côté, le président ukrainien a admis en février la mort de 31.000 militaires.

bur-ant/led/lpt