Triangulaire, circonscription, mode de scrutin: on vous explique le lexique des élections législatives

Les 30 juin et 7 juillet prochains, les quelque 49 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes pour élire leurs 577 députés au sein de l’Assemblée nationale. Pour autant, cette campagne est également l’occasion de voir fleurir un jargon propre à ces élections législatives, au sein duquel il n’est pas toujours aisé de comprendre les tenants et les aboutissants. Petit tour d’horizon du vocabulaire de ces élections.

Circonscription

Une circonscription correspond à une division du territoire au sein de laquelle un député est élu. Elles sont au nombre de 577 en France, chaque circonscription élisant un député. De manière obligatoire, chaque département français possède au moins une circonscription, et aucune d’entre elles ne se situe à cheval sur 2 départements.

Chaque circonscription française regroupe en moyenne 120 000 habitants, un chiffre qui cache cependant des très fortes disparités. La moins peuplée d’entre elles correspond à la circonscription unique de Saint-Pierre-et-Miquelon (environ 6000 habitants), et la plus peuplée, la 5e circonscription de Loire-Atlantique (167 000 habitants).

Scrutin uninominal majoritaire

Pour ces élections législatives, le mode de scrutin est un vote uninominal majoritaire à deux tours. Uninominal car un seul candidat est élu au sein d’une circonscription, et majoritaire, car c’est bel et bien le candidat qui a recueilli la majorité des suffrages qui siégera.

Pour être élu au 1er tour, un candidat doit recueillir plus de 50 % des suffrages exprimés (hors vote blanc et nul), représentant au minimum 25 % des inscrits. Si aucun candidat n’atteint ce seuil, un 2e tour est organisé avec les candidats ayant obtenu le suffrage de plus de 12.5 % des inscrits.

Duels, triangulaires, quadrangulaires

Selon l’importance de la participation, différentes configurations sont susceptibles de se présenter au sein du 2nd tour : un duel qui oppose 2 candidats, une triangulaire qui oppose 3 candidats, ou encore beaucoup plus rare, une quadrangulaire qui oppose quant à elle 4 candidats. En effet, pour se qualifier au soir du 1er tour, les différents candidats doivent recueillir au moins 12.5 % du suffrage des inscrits de leur circonscription.

Par exemple, si la participation est de 50 % au sein d’un territoire, le seuil de qualification au 2nd tour est de 25 %. En revanche, si la participation est de 65 %, telle qu’estimée aujourd’hui, le seuil de qualification s’abaisse autour de 18 %, rendant plus aisée la qualification au 2nd tour. Ainsi, plus la participation est importante, plus la probabilité d’avoir des configurations où 3 ou 4 candidats s’affrontent est probable.

Au cours des dernières élections législatives de 2022, la participation avait été historiquement faible, atteignant seulement 47.21 % du corps électoral. Par conséquent, le nombre d’affrontements entre 3 candidats a été lui aussi très bas, puisque seulement 8 circonscriptions ont vu 3 opposants s’affronter au 2nd tour.

Cette année, le nombre de triangulaires pourrait atteindre des niveaux historiques (le record étant de 79 en 1997) pour deux raisons : d’une part, une hausse de près de 20 points de la participation, d’autre part, un nombre historiquement faible de candidats (en moyenne 6 par circonscription) qui rend de facto moins probable, une dissémination des voix.

Groupe parlementaire

Une fois les 577 députés élus, ceux-ci auront la charge de rejoindre un groupe parlementaire ou de siéger auprès des non-inscrits. Selon l’article 19 du règlement de l’Assemblée nationale, chaque groupe doit être composé d’au minimum 15 députés pour se constituer.

Dès lors ce seuil atteint, chaque groupe dispose d’un temps de parole en hémicycle, proportionnel à son nombre de représentants. De la même manière, leur représentation est proportionnelle au sein de chaque commission parlementaire, avec des droits spécifiques accordés aux partis d’opposition. Ainsi, la présidence de la si stratégique commission des finances, se doit systématiquement de revenir à un représentant du principal parti d’opposition, et ce, depuis 2007. De 2022 à 2024, c’est l’insoumis Éric Coquerel, qui en était le président.

En outre, à partir de 58 députés (soit 10 % du nombre de parlementaires), un groupe dispose de la possibilité de déposer une motion de censure afin de renverser le gouvernement, qui doit quant à elle recueillir 289 voix pour être adoptée.

Cohabitation

Cette situation particulière se présente lorsque le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale et le Président de la République sont de tendance politique opposée. Ce dernier se voit alors contraint de nommer un chef du gouvernement de ce groupe majoritaire pour éviter la paralysie institutionnelle.

Non explicitement prévue par la Constitution de 1958, cette possibilité s’est présentée à 3 reprises sous la Ve République : Mitterrand-Chirac (1986-1988), Mitterrand-Balladur (1993-1995) et Chirac-Jospin (1997-2002). A la suite de ces élections, Emmanuel Macron pourrait se voir imposer une 4e cohabitation si le Rassemblement National ou le Nouveau Front Populaire obtenaient une majorité absolue à l’Assemblée.

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