Suppression de l'Éducation nationale, "fariboles du retour de l'autorité" : quand Belloubet tenait des propos très loin de ceux d'Attal

Spécialiste des questions éducatives, l'ex-garde des Sceaux Nicole Belloubet est devenue ministre de l'Éducation nationale. Mais plusieurs de ses déclarations passées montrent qu'elle n'a pas toujours été d'accord avec la politique actuellement menée par le gouvernement en matière d'école.

Des petites phrases qui pourraient compliquer son atterrisage. L'ex garde des Sceaux Nicolas Belloubet, désormais ministre de l'Éducation nationale, a multiplié ces dernières années les sorties sur les questions éducatives. Avec des prises de parole parfois très loin de la feuille de route tracée par Gabriel Attal pour l'école.

•"Supprimer le ministère de l'Éducation nationale ? Une provocation"

En 2016, alors membre du Conseil constitutionnel, celle qui a été rectrice dans les années 2000 se fend d'une longue note auprès de la Fondation Seligman. Son travail n'y va pas par quatre chemins en s'intitulant: "supprimer le ministère de l'Éducation nationale ?", avec en sous-note indiqué "à l'évidence, il s'agit d'une provocation mais une provocation source de réflexion".

Si le titre se veut ironique, il prend une autre résonance avec l'arrivée de Nicole Belloubet rue de Grenelle. Dans cette note, on y trouve l'ébauche d'une feuille de route ministérielle dans laquelle elle veut notamment "moderniser les supports" de cours "avec les possibilités offertes par le numérique" ou "mieux considérer financièrement" les professeurs. Ces mesures ont déjà été annoncées par Gabriel Attal.

Elle tance cependant dans ce texte "les inégalités du système éducatif", évoquant ceux qui "fuient le service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé".

De quoi faire grincer des dents sa prédécesseuse Amélie Oudéa-Castéra, engluée dans des polémiques liées à la scolarisation de ses enfants dans le privé.

"Les fariboles de la restauration de l'autorité ou le port de la blouse"

Mais cette note contient également un positionnement loin de ceux développés par Gabriel Attal. Nicole Belloubet ironise ainsi sur "les fariboles de la restauration de l'autorité ou le port de la blouse".

Problème: Emmanuel Macron comme Gabriel Attal ont vanté à plusieurs reprises l'expérimentation du port de l'uniforme dans 100 établissements dès cette année avant une éventuelle généralisation de la mesure d'ici 2026 en cas de résultats concluants.

Même topo sur la question de l'autorité. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre avait affiché la semaine dernière un visage de fermeté.

"Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter", avait lancé le locataire de Matignon à la tribune de l'Assemblée nationale.

"L'atteinte à la liberté de conscience" dans l'affaire Mila

En janvier 2020, une adolescente Mila est harcelée et menacée de mort pour des propos tenus sur l'islam après des insultes visant sa sexualité sur les réseaux sociaux. L'affaire prend rapidement des proportions nationales.

Garde des Sceaux à l'époque, Nicole Belloubet juge alors qu'une "insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave". La ministre de la Justice nuance cependant ses propos en assurant que "dans une démocratie, la menace de mort est inacceptable. Cela vient rompre avec le respect que l'on doit à l'autre".

Le recadrage ne tarde pas. Emmanuel Macron juge ainsi que "la loi est claire" en la matière: "Nous avons le droit au blasphème, à critiquer, à caricaturer les religions."

Farouche défenseur de la laïcité à l'école, Gabriel Attal a défendu l'interdiction de l'abaya lors de la dernière rentrée scolaire. Il a également appelé à "une vraie libération des signalements des atteintes" à la laïcité.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Remaniement: les premières réactions à la nomination de Nicole Belloubet au ministère de l'Éducation nationale