Quand Nicole Belloubet envisageait "pour provoquer" de "supprimer le ministère de l'Éducation nationale"

L'ancienne garde des Sceaux succède à Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle. En octobre 2016, alors qu'elle était membre du Conseil constitutionnel, l'ancienne rectrice des académies de Limoges et de Toulouse publiait un article s'interrogeant sur le bien-fondé d'une suppression de l'Éducation nationale.

"Supprimer le ministère de l’Éducation nationale? À l’évidence, il s’agit d’une provocation, mais une provocation source de réflexion!" En octobre 2016, Nicole Belloubet, nommée ce jeudi 8 février ministre de l'Éducation nationale, publiait un article, dans lequel cette ancienne rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005, livrait sa vision de l'école.

L'ex-garde des Sceaux des gouvernements Édouard Philippe estimait alors que "les inégalités que le système éducatif français ne sait pas corriger sont de plus en plus criantes", et que "les contempteurs de la situation actuelle sont obligés de se saisir de prétextes "ou de fuir le service public pour rejoindre l’entre-soi des classes homogènes dans l’enseignement privé".

Une phrase qui résonne étrangement avec l'actualité récente de sa prédécésseure rue de Grenelle, Amélie Oudéa-Castéra, engluée dans des polémiques concernant la scolarisation de ses enfants.

L'uniforme, une "faribole"

Dans cet article, exhumé par Marianne, Nicole Belloubet, à l'époque membre du Conseil constitutionnel, fustige "les fariboles sur la restauration de l’autorité ou le port de la blouse" - alors que le gouvernement Attal expérimente le retour du port de l'uniforme -, et plaide pour "sortir du cadre rigide du cours magistral, laisser du temps et de l’autonomie aux jeunes, ménager le droit à l’erreur dans les processus d’apprentissages, moderniser les supports en considérant les possibilités offertes par le numérique au prisme de leur intérêt pédagogique".

Nicole Belloubet appelait également à une meilleure rémunération des enseignants, qui "doivent être considérés comme des cadres dans leur statut". "Cela suppose qu’ils soient impliqués, responsables et soutenus", écrivait-elle, ainsi que "mieux formés pour faire face à la diversité des situations qu’ils doivent prendre en charge".

"Je resterai loyale à Emmanuel Macron"

Enfin, l'ancienne rectrice estimait que le pouvoir des collectivités locales devait être renforcé pour "aller vers une décentralisation territoriale et fonctionnelle effective".

"Indispensable, ce n’est donc pas la décentralisation seule qui fera la réussite de l’élève mais un contexte d’ensemble. Alors n’ayons pas peur: osons une culture pédagogique renforcée et une décentralisation effective!", concluait-elle l'article.

Celle qui prend ses fonctions ce vendredi 9 février, avec la passation de pouvoirs dans la matinée avec Amélie Oudéa-Castera, affirmait encore récemment à la Dépêche du midi: "Tant que le président de la République sera là, je resterai loyale à Emmanuel Macron". Tout en assurant: "Ce qui ne veut pas dire que j'approuve tout ce qui est fait".

Interrogé sur France 2 jeudi soir à propos de ces déclarations, le Premier ministre Gabriel Attal a estimé qu'"on peut avoir pris des positions par le passé et avoir évolué". "La première condition pour mes ministres, c'est d'être totalement alignés", a-t-il ajouté. Nicole Belloubet "saura porter cette feuille de route (du gouvernement) au ministère de l'Éducation nationale".

Article original publié sur BFMTV.com

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