Dans le sud du Liban, des déplacés retournent chez eux pour l'Aïd

Des proches se recueillent sur les tombes de combattants du Hezbolla lors de l'Aïd al-Adha, dans la ville de Naqoura, dans le sud du Liban, le 17 juin 2024 (Mahmoud ZAYYAT)
Des proches se recueillent sur les tombes de combattants du Hezbolla lors de l'Aïd al-Adha, dans la ville de Naqoura, dans le sud du Liban, le 17 juin 2024 (Mahmoud ZAYYAT)

"L'Aïd al-Adha c'est complètement différent cette année", déplore Rabab Yazbek, déplacée par les affrontements entre Israël et le Hezbollah libanais à la frontière entre les deux pays. Elle est revenue lundi dans sa ville du sud du Liban pour cette grande fête musulmane après une autorisation des autorités.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, le puissant Hezbollah pro-iranien échange régulièrement des tirs avec l'armée israélienne, en soutien à son allié palestinien.

Plus de huit mois de violences ont fait au moins 473 morts au Liban, dont une majorité de combattants du mouvement islamiste libanais et 92 civils, selon un décompte de l'AFP. Côté israélien, au moins 15 soldats et 11 civils ont été tués, selon Israël. De part et d'autre de la frontière, des dizaines de milliers d'habitants ont été déplacés.

Après l'annonce des autorités locales au Liban d'une brève possibilité de retour dans certaines localités du sud du pays à l'occasion de l'Aïd, plusieurs personnes s'y sont recueillies, notamment à Naqoura, ville côtière limitrophe d'Israël.

La municipalité de Naqoura a indiqué qu'elle s'était coordonnée avec l'armée libanaise pour que les habitants puissent se rendre au cimetière et à la mosquée pendant deux heures pour l'Aïd qui a débuté lundi pour de nombreux musulmans chiites du Liban.

D'après un journaliste de l'AFP, des femmes en tchadors noirs se sont consolées mutuellement devant plusieurs sépultures, embellies de fleurs et de grandes photographies des disparus, parmi lesquels des combattants du Hezbollah.

Chaque famille a perdu quelqu'un, qu'il s'agisse "d'un cousin, d'un ami ou d'un voisin", a affirmé Mme Yazbek, une enseignante de 44 ans, dans le cimetière de Naqoura, assurant à l'AFP que deux personnes à qui elle a enseigné avaient été tuées.

- Décombres -

Des drapeaux jaunes du Hezbollah et verts de son allié, le mouvement Amal, étaient disposés dans le cimetière situé à deux pas du quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

L'armée coordonne ses activités avec la Finul, qui communique avec Israël dans le cadre des efforts déployés pour rétablir le calme.

A Naqoura, un panneau affichant "merci pour votre visite" gisait le long de l'autoroute. Non loin de là, une photo de famille reposait par terre, entourée de débris d'un bâtiment détruit, la vitre du cadre brisée. Ailleurs, une petite voiture rose d'enfant traînait parmi les décombres.

Rawand Yazbek, 50 ans, inspecte son magasin de vêtements, dont la devanture en verre a été détruite mais dont la porte est encore intacte.

"Mille fois merci à Dieu", a-t-elle lâché, reconnaissante que le reste de son magasin, "rempli de marchandises", ait été jusqu'à présent épargné.

- "Lâches" -

Le Hezbollah a intensifié ses attaques contre le nord d'Israël la semaine dernière, après la mort d'un de ses commandants dans une frappe israélienne.

L'agence de presse officielle libanaise Ani a fait état de bombardements israéliens dans le sud du pays au cours du weekend, ainsi que d'une frappe meurtrière lundi. Le Hezbollah a déclaré plus tard qu'un de ses combattants avait été tué.

Les hostilités entre les deux parties ont entraîné le déplacement de plus de 95.000 personnes au Liban, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

A l'instar d'autres habitants qui soutiennent le Hezbollah et Amal, le chef de la municipalité de Naqoura, Abbas Awada, a qualifié de "lâches" les attaques menées contre la ville.

La semaine dernière, une frappe imputée à Israël a tué un employé de la compagnie publique des eaux de la région.

Hassan Ezzedine, député du Hezbollah, qui a assisté à la prière à la mosquée de Naqoura, estime que l'affluence est un message: "Cette terre est la nôtre, nous ne la quitterons pas".

Et d'ajouter: "Nous soutenons cette résistance (le Hezbollah) car c'est elle qui nous protège, c'est elle qui nous défend".

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