Euro 2024: "Ils ont ça en eux", pourquoi il ne faut pas s’inquiéter de l’inefficacité de l’attaque française

Un total de 69 tirs tentés (quatrième de la compétition) pour trois buts inscrits mais aucun dans le jeu. L’équipe de France aborde son quart de finale de l’Euro 2024 face au Portugal, ce vendredi (21h), avec un sérieux déficit d’efficacité. Les deux buts contre leur camp (de l’Autrichien Maximilian Wöber et du Belge Jan Vertonghen) et le penalty de Kylian Mbappé (25 ans) disent tout de cette incroyable déveine des attaquants français. Ils ont pourtant eu des munitions mais Mbappé (troisième joueur au nombre de tirs tentés à l’Euro, 15) a raté son face à face contre l’Autriche (1-0) avant les deux immanquables d’Antoine Griezmann contre les Pays-Bas (0-0), puis le gros déchet face au but contre la Pologne (1-1).

"Il faut continuer à oser"

Ce fut encore laborieux face à la Belgique (1-0) avant le but de la libération sur une frappe ratée de Randal Kolo Muani. Aurélien Tchouaméni a tenté mais Didier Deschamps a regretté de voir ses joueurs "trop forcer" leurs frappes.

Un manque de légèreté et le signe d’une confiance en berne? Non, selon Denis Troch, coach en optimisation de performance. "La prise de risques est nécessaire et essentielle pour obtenir une réussite hors norme", explique-t-il. "Frapper fort, tenter des choses, user et abuser de certaines choses, ça fait partie de la panoplie du joueur de haut-niveau. Qu’ils tentent et qu’ils ratent, c’est tout à fait normal. Il faut continuer à oser, c’est ce qui permet de donner la possibilité de rendre normales et récurrentes les prises de risques."

L’ancien adjoint d’Arthur Jorge au PSG (1991-1994) reconverti comme préparateur mental ne s’inquiète pas pour les attaquants français. Il voit dans ces échecs une simple montée en puissance vers l’objectif ultime: le titre. "Cet Euro a généré pas mal de surprises, on voit que les équipes cotées ont du mal à s’imposer alors les équipes, en particulier la France, se méfient et ne veulent absolument pas prendre de risque. Il faut impérativement se lâcher à un moment donné et ils ne voulaient certainement pas le faire trop tôt et dépenser trop d’énergie."

Le cap des poules et celui des huitièmes passé, le moment est venu pour les Bleus. "La confiance est en eux, ils l’ont", insiste-t-il. "Depuis des années, ils ont su surmonter ces problématiques de réussite et de non réussite. Ils ont ça en eux, il suffit simplement de faire un focus sur l’essentiel qui est maintenant d’aller chercher le titre. Maintenant, je pense que cette équipe de France a les moyens d’aller rechercher la confiance, cette sérénité, l’audace, la prise de risque pour obtenir le meilleur des résultats possibles."

"Plus on en parle, plus on va ancrer cette possibilité de ne pas marquer"

Il balaie l’idée de joueurs impactés par leur actualité lourde en club comme cela peut-être le cas pour Kylian Mbappé mais aussi pour Randal Kolo Muani ou Ousmane Dembélé, pas franchement à l’aise face au but avec le PSG. Les critiques extérieures – s’il ne faut pas les occulter – ne sont pas non plus un frein. Pour Denis Troch, retrouver le chemin des filets créera un cercle vertueux. Mais pas quels moyens y parvenir? "Plus on se rapproche de la finale, moins il faut parler, plus il faut agir et aller dans la prise de risque, c’est essentiel", conseille-t-il. "Il faut faire un focus et ne pas se poser des questions existentielles qui pourraient déstabiliser ou donner la possibilité à l’équipe de tergiverser. Il est nécessaire d’aller au plus juste, au plus simple et refaire exactement ce qu’ils ont déjà fait dans leur carrière, en équipe de France pour récupérer des repères."

"Il faut dire très peu de mots mais des comportements et des attitudes qu’il faut avoir sur le terrain qui va donner la confiance à l’équipe mais aussi au monde extérieur."

Avant la Belgique, "capitaine Mbappé" avait invité ses partenaires à ne pas ressasser ces occasions gâchées: "il ne faut pas que ça reste dans la tête des gars". Denis Troch abonde. "C’est logique mais plus on en parle, plus on va ancrer cette possibilité de ne pas marquer", explique-t-il. "Aucun des joueurs français ne sait pas marquer. Je ne m’inquiète pas. La chose essentielle est qu’ils arrivent à créer rapidement ce déclic qui va permettre à ce que tout le monde puisse croire en cette équipe de France."

Et cela ne passe pas forcément par l’augmentation du nombre de frappes à l’entraînement. "En général, on ne focalise pas sur les problématiques de l’instant, on a déjà travaillé sur tout ce qui est technique, stratégie, tactique et mental donc, ils sont à même de pouvoir résoudre cette problématique sans être obligés de se mettre à trois mètres du but et essayer de perforer les filets", conclut Denis Troch. "Marquer des buts, faire des passes décisives, gagner un match, ils l’ont déjà fait. C’est se rassurer avec tout ce qu’ils ont déjà fait précédemment. C’est ce que j’appelle les objectifs de réalisation pour tendre vers des objectifs de résultats où ils sont obligés de gagner. Mais ça, ils l’ont intégré toute leur carrière."

Article original publié sur RMC Sport