Espagne-Allemagne: comment, face à la presse, Luis de la Fuente est devenu l’anti Luis Enrique

Avec Luis de la Fuente, pas de live sur Twitch ni de prises de bec à chaque conférence de presse. Le sélectionneur de la Roja, qui dirige probablement aujourd'hui le match le plus important de sa carrière d’entraîneur (Espagne–Allemagne, 18h, quart de finale de l’Euro), est l’anti Luis Enrique. L’actuel coach du Paris Saint-Germain l’assume et le démontre régulièrement: il n’aime pas les journalistes. Il était même devenu, lors de ses années sur le banc de la sélection espagnole, le "protagonista" numéro 1 de la Roja, celui qui attire la lumière et dont on parle le plus.

Les temps ont changé. Le style de jeu a évolué, et le style - tout court - de Luis de la Fuente face aux journalistes est radicalement à l’opposé de celui de son prédécesseur.

Un déjeuner avec la presse pendant l’Euro

L’ancien formateur connaît personnellement de nombreux journalistes qui suivent la Roja et n’hésite pas, par exemple, à les appeler par leur prénom quand il leur répond. Une certaine proximité s’est installée, avec beaucoup de respect et de bonhommie. De la Fuente n’aime pas le conflit ni les phrases choc.

Comme le veut une tradition opérée par la Fédération espagnole, Luis de la Fuente a réuni récemment les journalistes, au camp de base de la Roja, pour un déjeuner amical et une prise de parole, dans laquelle le sélectionneur a rappelé en substance qu’il avait besoin de cette bonne relation avec les médias et qu’un respect mutuel était précieux et nécessaire.

"Il comprend le rôle des médias, la relation est saine"

"La relation est saine, naturelle, proche", confirme et apprécie Miguel Angel Toribio, reporter chez Radio Marca. "Il est resté le même et le poste de sélectionneur des A ne lui est pas monté à la tête. La seule différence est qu'il lisait beaucoup plus la presse avant et écoutait beaucoup les médias. Mais pour son bien-être mental, il a dû prendre du recul car cela peut affecter quand on est directement concerné. Il y a eu parfois des conférences de presse assez peu évidentes, mais il comprend le rôle des journalistes et vice versa donc les rapports sont cordiaux".

Luis de la Fuente: "L'impression que je donne à l'extérieur ne m’intéresse pas"

Luis De la Fuente a toujours su soigner sa communication et peser ses mots, notamment dans la période de crise que la Fédération espagnole a connu avec les affaires concernant l'ex-président Luis Rubiales.

Questionné sur la reconnaissance des supporters et des médias envers lui, à la veille d’un quart de finale de l’Euro et alors que l’Espagne séduit par son jeu et ses résultats, Luis de la Fuente a promis qu’il n’avait jamais changé: "Helena (Helena Condis, de la Cadena Cope, qui posait la question, NDLR), je suis le même qu'il y a un mois. La perception des gens a peut-être évolué, mais je m'occupe de ce que je maîtrise, avec mon staff technique qui fait un travail formidable et on suit notre chemin. L'impression que je donne à l'extérieur ne m’intéresse pas, croyez-moi. Je suis le même qu'il y a un mois ou un an".

Les journalistes ne sont plus les ennemis de la sélection

La vérité la plus importante restera toujours celle du terrain, mais cette ambiance pleine de sérénité et cette bonne relation avec les médias peuvent-elles influer sur les bons résultats de la sélection? Toribio, le reporter de Radio Marca, qui suit également le Real Madrid, en est persuadé.

"Cela influe énormément", estime-t-il. "Luis Enrique nous présentait comme l’ennemi de la sélection. Cela créait une certaine tension chez les joueurs, voire même de la paranoïa. Prenons aussi l’exemple de coachs comme Zidane ou Ancelotti, au Real Madrid: ils sont toujours restés tranquilles et naturels avec nous… Et ils ont gagné cinq fois la Ligue des champions. Mourinho, lui, créait de la crispation, et à l’heure de la vérité, l’état d’esprit n’était pas au rendez-vous. Trop de nerfs, de sentiment de revanche, de rage, c’est n’est pas bon. En ce moment, les joueurs viennent jouer au foot, profiter, sans peur de perdre, et sans ce surplus de tension".

Les joueurs peuvent compter sur Luis de la Fuente. Parfois adepte de la langue de bois, il n’a forcé sa nature qu’une seule fois pendant cet Euro, en répétant qu’il avait selon lui "la meilleure équipe et les meilleurs joueurs". Juste une manière de défendre son groupe, sa mission première devant la presse. Au risque de paraitre prétentieux, ce qui n’est pas du tout son genre.

Article original publié sur RMC Sport